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HAWA LA MANIPULATRICE: EPISODE 36

Les Anciens promirent de bien examiner notre requête et de nous communiquer leur décision le
lendemain. Mais je pouvais deviner la réponse rien qu'à leur regard. N'empêche, j'invoquerai ce soir
encore le Seigneur pour qu'il puisse faire fléchir leurs cœurs en notre faveur.

Comme je m'y attendais, la décision des Anciens fut en notre faveur. Bingo ! Nous avons gagné. Ouf!
Je l'ai échappé bel. Merci Seigneur. Nous avons eu raison de cette tradition qui interdisait ce que la
religion et la loi n'avaient pas prohibé. Les Anciens aussi sont des êtres humains. Ils ont compris que
si Dieu ne l'avait pas proscrit, les hommes ne devaient pas le faire non plus. Certes, les traditions
contiennent toute l'expérience acquise par les générations anciennes et permettent à une communauté
de manifester sa particularité. Mais, il ne sert à rien de suivre ou de laisser demeurer des traditions
qui freinent la marche du progrès et qui provoquent le malheur des gens.
Les Anciens ont reconnu que les traditions sont le fondement de notre communauté et sont très
importantes. Toutefois, certaines d'entre elles ne correspondent plus au mode de vie actuel. Il faut
donc les abandonner afin d'aller de l'avant car les traditions doivent être pour le bien de l'homme et
non le contraire.
Nous étions très contents. La tradition a des avantages, comme l'appartenance à un milieu et je
trouve qu'on peut les transmettre et même les perpétuer sans pour autant être figé. La tradition c'est
le lien entre nous et notre passé. Mais on peut aller de l'avant en se souvenant du passé. Nous
pouvons retenir les leçons ancestrales tout en étant en mesure de proposer des solutions nouvelles à
des problèmes nouveaux. Les traditions qui portent préjudice doivent disparaître, parce que s'il y a du
bon dans le passé, il y a aussi du mauvais car elle a failli me faire perdre l'amour de ma vie.
Après ce moment de stress et d'amertume, la joie illumina à nouveau mon visage.
Quelles grâces de Dieu! J’ai une mère vertueuse, une soeur en or et un frère qui me comprend. Mes
deux amis les plus chers sont des anges. Et pour couronner le tout je vais me marier avec le seul
homme que j'aime et vivre dans le luxe. Mes deux beaux- pères sont très gentils et ma belle-mère et ma belle soeur malgré tout, m'aiment bien. La vie est vraiment belle. Dieu est grand et bon. Mon prénom Hawa
signifie Sauve-moi mon Dieu. Il m'a effectivement sauvé des griffes de la mort alors que je ne le
méritais pas. Depuis ma sortie de l'hôpital, la prière est devenue ma boussole et je pars chaque jour prier pour rendre grâce à Dieu.
Après le verdict prononcé par le chef du village, tout le monde nous félicitait Mohamed et moi. Je me
suis battue pour sauver notre amour sans faire du mal à personne. Pas de mauvais coup monté, pas
de trahison, pas de mensonge. Je me sens fière. Le père de haby, très content me prit dans ses
bras et me dit.
- Bravo Hawa. Tu viens d'entrer dans l'histoire de notre village. Par ta détermination et ton courage,
tu as réussi à inverser le cours des choses. Ma chère future belle- fille, je ne regrette pas d'avoir
payé tes études car tu es ingénieuse. Finalement, je suis content que ce soit toi, la femme de mon
fils. Tu es très intelligente et tu sauras conseiller Mohamed lorsqu'il prendra en main mes affaires.
Mon beau - père a raison. Souvent, nous n'osons pas les choses pensant qu'elles sont difficiles.
Nous devons nous motiver et affronter nos obstacles. Il ne faudrait pas que nous nous imposons des
limites car Dieu est illimité et c'est lui notre force. Il suffit de prendre courage, d'oser et on s'aperçoit
que ce n'est pas si difficile qu'on le pensait. Le courage mène à la réussite.
De retour du village, Mohamed et moi ne tardions pas à amorcer les préparatifs de notre mariage.
Je fus dotée dix jours avant le mariage. La dot est une vieille tradition africaine qui est toujours
pratiquée comme c’était le cas il y a des siècles. Ça au moins j'approuve. Plus qu'un préalable, la
dot est d'une importance capitale dans certaines familles qui la préfèrent même au mariage civil. Ce
qui rend la dot si importante en Afrique, c'est quel est synonyme de l'union de deux familles. Mais
malheureusement, certains hommes voient à travers ce geste, les femmes comme des marchandises
qu'ils ont achetées en les traitant avec mépris.
Je me mariai avec mon Mohamed le deuxième samedi du mois de septembre. Le père de haby se
chargea de tout jusqu'à la maison où nous allons habiter après le mariage. Il était tout fier d'avoir un
fils. J'étais élégamment habillée dans ma robe blanche. Je méritais de porter cette couleur étant
encore pure. En effet, le blanc représente la virginité et l'innocence.
Mohamed était habillé d'un costume italien couleur grise de la marque Morato. Un nœud de papillon
ornait son cou.
La cérémonie s'est bien déroulée de même que la réception offerte aux invités dans un hôtel
splendide de nôtre ville.
Au cours de la réception, je remarquai Sékou et Halima la soeur de Mohamed qui se lançaient des regards
complices. Je n'eus pas grand mal à comprendre d'où venait ce rapprochement. Ils se sont sûrement
remarqués à la fête donnée chez moi le jour de ma sortie d'hôpital.
Je soufflai à l'oreille de Mohamed.
- regarde avec qui ta soeur danse et comment ils sont collés. Mohamed sourit et répondit.
- Ma soeur m'en a parlé. Sékou lui fait une cour assidue. Si le sauveur de ma femme désire entrer
dans ma famille, je ne dirai pas non.
Je souris à ces propos. En me sauvant, Sékou a peut-être trouvé sa future femme. Halima est une jeune
fille pieuse, polie et vierge. Un bienfait n'est donc jamais perdu.
- Au fait Mohamed tu sais que je ne connais même pas ce que Sékou fait comme métier. ?
- c'est un ingénieur agronome. Il aime la terre et son père est un riche propriétaire terrien, selon ce
qu'halima m'a dit de lui. Je souhaite juste que ça fonctionne entre eux car j'apprécie énormément
Sékou.
- moi de même, je n'oublierai jamais son geste. Si je suis encore vivante, c'est grâce à lui.
La fête battait encore son plein quand nous nous retirons car nous avons un vol à prendre dans la
soirée pour notre lune de miel. Le père de haby choisi pour nous Venise, la capitale de l'amour.
Je dis discrètement au revoir à ma famille, mes beaux – parents, à Haby et Ousmane. Qui a dit que de
vrais amis n'existent plus ? Ils sont justes rares comme le diamant. Ce sont des personnes comme
l'ex -hawa que j'ai été qui pullulent dans le monde. Il faut juste être prudent et demander à Dieu le
discernement. Il faut également éviter de tout révéler sur soi. L'amitié des gens bien comme haby et
Ousmane nous rend meilleurs. Elle survit aux moments de brouille et nos véritables amis sont ceux qui
nous disent la vérité et éclaire notre conscience.
Je rêvais de l'occident et voilà qu'aujourd’hui, tout naturellement je m'y rends. Nous atterrissons
après huit heures de vol et nous nous rendons dans l'hôtel réservé pour nous. Nous étions si fatigués
que nous nous accordons un bon sommeil. A notre réveil, nous prenons notre bain, allons au
restaurant, puis effectuons une balade en amoureux pour mieux découvrir l'hôtel dans lequel nous
allons passer neuf jours.
La journée passa rapidement, puis vint le soir. Je devais alors assumer mon premier devoir conjugal.
J'avais rêvé de ce moment depuis longtemps mais le sentant proche, je pris peur.

A suivre.....

HAWA LA MANIPULATRICE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant