Chapitre 13

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Inspire ...

Rentre la tête ...

Expire ...

Et recommence ...

Voilà trente minutes que j'enchaîne les longueurs et mes poumons commencent à me brûler. Je tousse une fois. Deux fois. Trois fois. Et me retrouve à devoir arrêter ma séance. Si j'effrayais déjà le personnel de piscine, désormais ils me regardent comme si j'allai mourir devant eux. Je lève les yeux au ciel. Même si mon cas s'aggravait, la greffe de poumon serait toujours une solution.

Je sors avec difficulté de l'eau et je marche parmi les bassins et les autres nageurs. Certains m'ont vus tousser et me jètent des regards noirs mais je les ignore et continue ma route la tête haute. Je ne veux plus perdre mon temps à me préoccuper de personne qui ne me connaissent même pas. Un mois. Un mois s'est écoulé depuis j'ai pour la dernière fois parlé à Caleb. En un mois on peut énormément changer ...

Soudain, je m'arrête net. Exactement au même endroit que il y a trois mois, je le vois assis sur les gradins à me regarder passer. Je le vois se lever, prendre son sac et descendre une à une les marches pour me rejoindre. Mais je ne veux pas le voir moi. Alors accélérant le pas, je rentre dans les douches féminines et démarre le jet d'eau. Je l'entends crier mon prénom.

Que fait il là ?

Je pensais avoir été claire avec lui lorsque je lui avais dis que je ne voulais plus lui parler ou même le voir. J'avais tout fait pour être la plus froide et distante possible.

J'ai l'impression de vivre une peine de coeur.

Pot de glace entre les mains, couverture chaude et film larmoyant, je suis aussi déprimée que si on venait de me larguer. Et il n'y a pas une grande différence avec ce qui vient de se passer. Dans les deux cas, on est abandonné, seul. Je passe l'entièreté du film à regretter tous les moments passés avec Caleb, toutes les fois où je lui ai souris, toutes les fois où j'avais l'impression de l'avoir retrouvé. Car j'ai été suffisamment naïve de croire qu'il avait changé.

Soudain, alors que j'essuie une énième larme, ma mère rentre dans ma chambre et s'assoie près de moi. Je pose ma tête sur son épaule. Elle ne dit rien et se contente de me caresser les cheveux. Elle ne me demande même pas de lui expliquer ce qui se passe, elle me console juste.

- Si tu veux, je parlerai à la mère Caleb ... ça m'étonnerai que elle approuve son comportement.

Je la regarde ébahie. Mais ... comment sait elle ?

- Ne me regarde pas comme ça. Je te connais suffisamment pour savoir que si tu pleures c'est parce que Caleb a recommencé avec ses mauvaises habitudes. Alors si tu veux, je parlerai à sa mère.

Un sourire faible se dessine sur mon visage.

- Merci maman ... Mais je pense ça va aller ... Je lui ai dis que je ne voulais plus jamais lui parler

Elle me regarde un instant et finit par me dire

- Je respecte ton choix mais tu sais très bien que tu ne peux pas vivre dans la rancoeur.

Interloquée, je me lève et plante mes yeux dans les siens.

- Maman ... Ça fais un ans qu'il participe aux moqueries que je reçois chaque jours. Comment voulais tu que je réagisse cette fois ? Tu voulais je lui pardonne pour la millième fois pour qu'il recommence deux jours plus tard ? Je ne peux pas continuer à fermer les yeux sur son comportement !

Elle me fixe ahuri, dépose un bisous sur le front et me dit d'une voix douce

- Tu as raison. Tu as eu la bonne réaction. Je suis fière de toi ...

Ne me quitte pas [ Terminé ] ( ancienne version )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant