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Pour rattraper son absence de la semaine dernière, notre prof décide de placer son TD de droit social mardi, de 18 h 30 à 20 h.

Ma classe a râlé toute la journée, et sans surprise, la moitié des étudiants ne sont pas présents le moment venu. Le reste continue de se lamenter en chuchotant, et notre professeur se fait assassiner de regards noirs pendant le cours entier. L'avantage de cette animosité ambiante, c'est qu'il ne se permet pas d'interroger les élèves non volontaires pour corriger les cas pratiques que nous devions préparer. Heureusement, Alexandra est là pour lui tenir compagnie et participer à chaque occasion.

Dès que la petite aiguille de l'horloge accrochée au mur s'aligne en face du huit, tout le monde range ses affaires, avant même que le prof n'annonce la fin du cours. Vaincu, il rassemble ses documents et nous souhaite une bonne soirée.

La déléguée autoproclamée de notre groupe nous retient encore quelques minutes pour nous informer d'une fête à venir, et je dois presser le pas pour ne pas rater le bus de 20 h 17 de la ligne C13. Quand j'atteins l'arrêt, un garçon de ma classe aux cheveux bouclés me suit de près.

Alors que nous ne nous sommes adressé que deux mots depuis le début de l'année, il engage la conversation avec moi. Gênée, je peine à lui répondre par autre chose que des « oui », « c'est clair » ou des grognements.

Quand le bus arrive, je vais m'installer au fond, dans le carré de quatre places, et mon nouveau camarade vient s'assoir en face de moi afin de poursuivre notre discussion sur le prof qui a osé nous retenir tard. Malgré mon manque de débit, Cheveux bouclés parvient à éviter les blancs.

À l'approche du stade d'athlétisme, je décroche, et il est impossible à mon esprit de ne pas s'égarer vers Charlie, à qui je n'ai pensé que vingt fois aujourd'hui. Puis le bus freine, s'arrête. Mon cœur s'affole quand je l'aperçois passer les portes à l'avant, et je frôle la syncope lorsqu'il s'installe juste à côté de mon nouveau camarade.

— Ça sera sympa la soirée d'Amélie au Boston, jeudi, poursuit ce dernier. Tu viendras ?

Je m'oblige à ne pas poser mes yeux sur Charlie, mais c'est plus fort que moi. Par chance, les siens sont rivés sur son portable.

— Pauline ?

Mon regard se recentre sur Cheveux bouclés.

— Ah, euh... Oui, peut-être... Si Alex vient aussi.

Déjà que je n'étais pas forcément à l'aise au début, je le suis encore moins depuis que le trop beau brun est là, et me concentrer devient plus compliqué.

— Ouais, ça serait cool de voir Alex, elle a l'air sympa. Il parait que c'est une vraie tête et qu'elle a cartonné aux exams, lance Cheveux bouclés, la voix pleine d'admiration.

— Ah, oui...

— Tu la connais depuis longtemps ?

— Depuis la rentrée.

— Et tu sais si elle a un copain, par hasard ?

— Euh... Oui... Oui, elle en a un.

À la mine déçue qu'affiche mon nouveau camarade, je réalise que je viens de briser tous ses espoirs. À partir de ce moment-là, il cesse de me parler. Lorsque le bus freine devant son arrêt, il se lève pour rejoindre les portes de sortie après m'avoir à peine saluée.

Suite à quoi Charlie quitte soudain sa place pour prendre celle à côté de moi.

Le corps raide comme la justice, je relève les yeux vers lui lentement, jusqu'à apercevoir son sourire en coin.

Douce aigreurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant