25 - FIN

156 18 53
                                    

Je rassemble le peu de courage que j'ai et quitte l'étreinte de Charlie pour aller à la poubelle. Les si jolies roses jaunes qu'il m'a offertes n'ont pas bougé. Quel gâchis.

J'en prends une pas trop abimée et retourne vers Charlie pour la lui tendre. Dommage qu'il n'y ait plus d'épines sur la tige.

Le brun m'interroge du regard, un sourire incertain sur les lèvres.

J'insiste et lui fourre la fleur dans la figure. Il la prend finalement pour l'empêcher de lui rentrer dans l'œil.

— Pauline ?

Lire l'incompréhension sur son visage me fait presque de la peine. Je doute le temps d'une seconde avant de refouler ma compassion.

— C'est fini.

— Fini ?

— Oui, nous deux.

L'annonce lui arrache un haussement de sourcil. Il entrouvre la bouche, la referme, la réouvre mais aucun son n'en sort. Après un interminable instant de flottement, il brise le silence :

— Ça serait triste de rompre alors qu'on s'entend bien.

— Tu trouves qu'on s'entend bien ?

— Pas toi ?

— Je sais pas... Pas vraiment.

— Dommage.

— Ce qui est dommage c'est de me faire croire que tu tiens à moi, alors que tu fais que t'amuser.

Un autre blanc s'impose avant qu'il ne réponde.

— Si c'est ce que tu penses.

Il ne prend même pas la peine de se défendre ou de me raisonner.

Charlie m'observe longuement, puis son regard neutre, indéchiffrable, laisse place à son éternel sourire en coin. Sur le moment, je n'ai qu'une envie : envoyer mon poing dans son visage si parfait.

— Comme tu veux, ma Poupouille, lâche-t-il quittant mon lit. Par contre, si tu décides que c'est terminé, c'est pas la peine de revenir me harceler dans deux jours.

— J'ai pas l'intention de revenir.

— T'es sûre ?

— Oui.

Un bref son méprisant s'échappe d'entre ses lèvres.

— C'est ce que vous dites toutes, à chaque fois. Et ça finit toujours en larmes en bas de chez moi.

— Tu verras.

L'air peu convaincu, il hausse les épaules de manière désinvolte.

— Oui, on verra, sourit-il, quand tu réaliseras que t'es seule au monde sans moi.

Sans plus tarder, il se dirige vers la porte d'entrée, l'ouvre puis se retourne juste avant de franchir le seuil.

— T'imagines pas à quel point tu me brises le cœur, ma Poupouille.

Il me salue d'un bisou, et la porte de mon 11m² se referme sur son maudit sourire.

Je réussis à compter jusqu'à vingt et un avant de fondre en larmes.

***

La semaine suivant notre rupture, j'ai attendu chaque jour, chaque heure, que Charlie m'appelle. Ça n'est jamais arrivé.

Je mentirais en disant ne pas être blessée qu'il n'ait pas essayé au moins une fois.

Pendant longtemps, j'ai eu la phobie de le croiser dans le bus ou dans la rue, mais nous habitons des quartiers éloignés et ne fréquentons pas vraiment les mêmes endroits. Et vu mon nombre limité de sortie, tomber sur lui par hasard relèverait d'une réelle malchance. Surtout dans une ville aussi grande que la nôtre.

Douce aigreurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant