Au Gré Du Hasard ( Boyslove)

Chapitre 3 - St Stephen Green Park.

Lorsque je descends après douche et petit déjeuner, comme la veille, Rowan m'attend à la réception.

— Bonjour prêt pour une nouvelle journée ?

— Absolument, qu'allons-nous découvrir aujourd'hui ?

— Visite du Stephen Green Park, on y mangera puis l'après-midi, on ira à la Guinness Storehouse.

— La maison de la bière.

— Exactement, c'est un lieu emblématique de Dublin.

— Oui, je l'attendais avec impatience. C'est un endroit incontournable de votre pays, j'ai envie den apprendre plus et peut-être d'y goûter si possible.

— Ça le sera. Je vais chercher le pique-nique préparé par notre cuisinier et nous pourrons partir.

— Ça me va.

Je ne patiente même pas cinq minutes qu'il revient déjà, un panier à la main.

— Me voilà prêt.

Nous nous mettons en route sans plus tarder et nous marchons une bonne vingtaine de minutes pour arriver au parc. Situé au cur de la ville, il offre une bouffée de fraîcheur, loin de l'agitation des rues.

Rowan m'explique que nous pouvons accéder au site par quatre entrées différentes, une à chaque coin. Par celle qu'on emprunte, on tombe directement sur une première statue. Derrière elle, de fines colonnes de pierres s'érigent, comme pour faire ressortir l'oeuvre.

— Nous voici devant une création réalisée par Edward Delaney, un sculpteur irlandais dont vous voyez ici les travaux les plus connus. Je dis « les », car une autre se trouve derrière le mur de roches. Celle-ci représente Théobald Wolf Tone, un homme politique. Il souhaitait la séparation de l'Angleterre et de l'Irlande, et pensait que pour libérer son pays des Anglais, une rébellion armée l'amènerait à ses fins. Un mouvement comme la Révolution française. Il partit en France et sans expérience militaires, parvint à devenir adjudant général. Il convainc le peuple français dune attaque en terres irlandaises. Ce nest qu'après trois tentatives qu'il réussit à exécuter son plan, mais les Britanniques ont remporté la victoire. Théobald, lui fut reconnu et condamné à mort par pendaison. Par égard pour son uniforme français, il voulait finir fusillé, mais on le lui refusa. Alors il décida de mettre fin à ses jours, mais il n'y parvient pas et agonisa une semaine avant de s'éteindre à l'âge de 35 ans.

— C'est une sacrée vie qu'il a eue, c'est horrible, mais il avait lair combatif et courageux. Je n'aurais pas aimé vivre en ces temps-là.

— Oui, moi non plus. Passons à la prochaine sculpture.

J'effectue à peine deux pas et découvre une autre oeuvre. Contrairement à la précédente, qui reproduisait assez distinctement l'apparence de l'individu, celle-ci est très abstraite. Plusieurs silhouettes de forme humaine se dessinent, mais sans visages, et pour deux sans têtes. Les corps frêles semblent peiner à tenir debout. L'un est même avachi sur le sol.

— Cette sculpture met en scène une ère sombre, la grande famine. Cette création un peu particulière reste très expressive. On peut y distinguer l'extrême maigreur des personnages et la détresse du peuple.

— Que s'est-il passé ?

— En 1845, un champignon parasite appelé Mildiou s'est propagé sur les cultures de pommes de terre. Ce tubercule était et demeure toujours un produit très consommé. Ça a provoqué une pénurie alimentaire dans un pays déjà dans la misère. En cette période, les Britanniques ont en plus de ça, bien enfoncé le peuple. Ils étaient propriétaires des terres, alors les paysans irlandais qui ne pouvaient plus payer l'impôt étaient mis à la rue avec leur famille. Et tandis que la nourriture manquait, les vivres étaient exportés chez eux.