La Coloc : Sexe et autres problèmes de colocation !

Août.

Août.

En fait, j'ai poussé la porte de l'appartement APRES l'entretien.

Avant cela, pour l'entretien « d'admission » à la colocation, Eleanor, Taj et Nikki m'ont donné rendez-vous dans un pub, le Mc Donnelly's, un mercredi en fin d'après-midi. En entrant, j'aperçois Eleanor en train de commander au comptoir qui me fait signe de me diriger vers l'arrière du bar : je retrouve Taj et Nikki, en train de discuter. Elles sirotent un thé glacé et se lèvent pour me faire une bise en me voyant.

« Salut Dimitri ! me fait Eleanor qui arrive derrière moi.

Elle passe sa main autour de ma taille pour se glisser derrière la table, et me fait elle aussi la bise au passage. Elle poursuit :

Bon, nous avons discuté toutes les trois : puisqu'aucune de nous n'a d'objection à ce que tu intègres la coloc, on a pensé passer directement à l'étape suivante et utiliser cet entretien pour faire plus ample connaissance !

-Ok ! Super. »

Je suis rassuré. Enfin une bonne nouvelle. Je me replace mieux sur ma chaise et involontairement, je frôle un pied sous la table.

« -Nous allons procéder à un petit questionnaire, avec des questions complètement pêlemêles ! Renchérit Eleanor. Une sorte de questionnaire de Proust, tu es d'accord ? »

Je fais oui de la tête et j'ajoute :

« -Je peux commander une bière avant ? »

Quelques minutes après, la bière à peine posée sur la table, Eleanor se lance dans la première question :

« Bien ! Alors...présente-toi : prénom, âge, ville d'origine, occupation ?

-Je m'appelle Dimitri, j'ai 24 ans, je suis étudiant en histoire de l'art. Je suis originaire d'un peu partout : on a beaucoup déménagé avec mes parents quand j'étais petit. Mais j'ai vécu principalement en France, quelques années en Belgique et un an aux Etats-Unis.

-Et même pas à Londres ! Ajoute Eleanor. C'est sa sœur qui est venue en jeune fille au pair une année là-bas...Hum ok, maintenant peux-tu nous dire ce que tu apprécies le plus chez tes amis ? »

Je sens un pied qui me heurte sous la table. Je me repositionne de façon à être loin de leurs jambes.

« -Ce que j'apprécie le plus chez des amis, c'est de pouvoir se dire les choses, être naturel avec eux...ou avec elles ! »

Eleanor me fait un grand sourire. Je prends une gorgée de bière. Un pied me caresse la jambe sous la table. Cette fois-ci, il n'y a aucun doute, je m'étais placé trop loin de leurs jambes pour que ce soit un accident : on me fait du pied !

« -Le pays où tu désirerais vivre ?

-Je ne sais pas s'il y a un pays où je préfèrerais vivre spécifiquement, mais j'ai déjà voyagé dans une vingtaine de pays en Europe, dont la République Tchèque (je regarde Taj et Nikki en disant cela) et ce qui me ferait rester dans un pays, c'est avant tout la chaleur humaine des habitants...et le degré de liberté bien-sûr ! »

Encore une grosse caresse sous la table. Le pied remonte le long de ma jambe, sans chaussure. Je regarde les trois filles en souriant poliment, mais aucune ne me fait un signe particulier. Je ne sais pas laquelle des trois joue avec moi. Taj prend la parole :

« -Ce que tu voudrais être ? »

Le pied frôle mon entre-jambe. Je reprends, perturbé, je le masque avec difficulté :

« -Euh...hum... j'aimerais être journaliste dans le domaine de l'art, écrire des articles sur de nouveaux artistes, commenter des expositions,...Mais j'aimerais surtout d'abord être moi-même dans toute ma vie, ne jamais si possible être obligé de rentrer dans un rôle qui ne me ressemble pas ! »

Taj acquiesce. Elle poursuit :

« -Et ton peintre préféré ?

-C'est Matisse. A la fois moderne et maintenant ancien, des idées avant-gardistes, l'envie d'expérimenter et de découvrir des univers encore inconnus, de briser les conventions, de simplifier les perceptions et les rapports...ooh ! »

Le pied sous la table se frotte contre mon sexe. Je n'ai pas pu m'empêcher de lâcher un petit cri étouffé. Nikki, qui n'était pas intervenue jusque-là, prend la parole :

« -Etat d'esprit actuel ? »

Elle sourit : et si c'était elle ?

« -Euuuh...Perturbé...Enfin, surpris...et excité...euh enthousiasmé de participer à un entretien si original et détendu ! »

Je commence à avoir une érection sous la table. Je n'ose pas stopper l'entretien et demander à l'une des trois d'arrêter. De toute façon, je saurai facilement de qui il s'agit à l'issue de l'entretien : la fille qui fait ça a retiré sa chaussure, je sens ses doigts de pied, elle devra la remettre à un moment. Eleanor reprend la main :

« -Le don de la nature que tu voudrais avoir ?

-La volonté, et des séductions.

-C'est-à-dire ?

-Et bien, je veux dire, avoir la capacité de séduire instantanément...Et pas forcément que les femmes, les gens de manière générale, pour être toujours bien reçu, pour toujours bien débuter dans mes rapports avec les autres, avoir plus de chance dans la vie...

-La qualité que tu préfères chez une femme ? interrompt Nikki.

-Rooh, Nikki ! dit Eleanor en souriant.

-Bah quoi, c'est dans le questionnaire de Proust !

Nikki a raison, c'est effectivement dans le questionnaire tel qu'il a été posé à Proust, je le sais, je l'ai vu en histoire de l'art. Elle a de la culture, ça me plait.

-Euh, et bien...J'aime les femmes indépendantes, qui aiment essayer, réussir et se tromper, qui n'ont pas peur de rencontrer des échecs parfois, pour découvrir de nouveaux horizons, encore plus intéressants, plus excitants ! Mais j'aime les femmes douces, bienveillantes, câlines et qui aiment...

-Rrrrrr... fait Nikki en imitant un chat, ça devient sexy !

-Oui pardon, je vais un peu loin, je...

-Bon, je pense qu'on a fini ! Coupe Eleanor. Merci Dimitri ! C'est super d'avoir joué le jeu. On t'a fait beaucoup parler. »

Elle laisse un blanc.

« ...Je t'annonce officiellement que, si mes amies colocataires sont d'accord...

Elle regarde Taj et Nikki qui font déjà oui de la tête.

...Tu fais officiellement partie de la coloc !! Bienvenue ! »

Taj et Nikki applaudissent en sifflant. Eleanor reprend :

Je te propose de continuer notre discussion à l'appart, mais cette fois, c'est nous qui allons aussi parler parce que l'interrogatoire, c'est fini hein ! »

On rit tous les quatre.

« -Allons-y ! » Je récupère ma petite veste sur le dossier de la chaise et la place d'un air détaché sur mon entrejambe pour masquer mon début d'érection qui est totalement inappropriée dans ce contexte. Je me dépêche de me lever et je me dirige vers la porte du pub. Au moment de sortir, Eleanor m'interpelle :

« -Attends-nous ! »

Les trois filles remettent leurs chaussures.