- S A M E D I -
- Prends la prochaine sortie, murmure M en baissant le son de la musique.
Je fronce les sourcils, je connais cet endroit, j'en suis certain.
- On va à la mer ? je demande surpris.
Il sourit et hoche la tête.
- Bingo.
Je sors de l'autoroute le ventre noué.
Que cherche-t-il en nous ramenant là ?
- J'avais envie de la revoir encore une fois, explique-t-il avant que je ne lui pose la question.
Nous arrivons près de la route qui longe la cote et il se penche pour observer les vagues qui se jettent contre les rochers en contrebas.
- Tu aurais dû choisir un autre jour, il ne fait pas très beau.
Il secoue la tête.
- Non, il fallait que ce soit aujourd'hui.
Je soupire, quelle tête de mule.
- J'aurai pris une veste si j'avais su.
Il rigole.
- Quelle chochotte je te jure. Ça te rappelle rien ? Il y a deux ans, on est venus ici. C'était la première fois qu'on faisait un truc rien qu'à deux.
Je ne réponds pas.
Bien sûr que je m'en souviens, comment aurai je pu oublier ce moment ?
C'est donc pour ça qu'il a revêtu ce fameux t-shirt.
Nous arrivons près de l'endroit où nous nous étions installés à l'époque, près de l'embouchure de je ne sais plus quel cours d'eau à coté d'une plage de galets et il me fait signe de me garer.
Il ouvre la portière et après avoir défait sa ceinture, saute dehors avec vivacité.
- Bordel ça fait du bien de bouger un peu ! s'exclame-t-il avec un grand sourire.
Il part en direction de la digue et je me dépêche de sortir et de fermer ma caisse avant de le suivre.
Je le rejoins à grandes enjambées et nous marchons un moment sans parler. Je l'observe discrètement pendant qu'il contemple la mer avec un air heureux qui m'a énormément manqué ces derniers mois.
- J'adore la mer, souffle-t-il pendant qu'une bourrasque de vent nous fouette le visage.
- Ouais, moi je la préfère avec du soleil et dix degrés en plus, je marmonne en grelottant.
Il lève les yeux au ciel.
- T'es plus costaud que moi mais aussi sacrément plus douillet hein ?
Je ne sais pas m'empêcher de sourire.
- Apparemment.
Il pose une main chaude sur mon bras puis la glisse doucement jusqu'à ce qu'elle atteigne ma paume.
Je m'arrête de marcher et encre mon regard dans le sien.
Il s'arrête également et ses yeux paraissent me demander une permission que je donne immédiatement malgré moi.
Tandis que les battements de mon cœur s'accélèrent, j'entremêle mes doigts aux siens et détourne les yeux après avoir vu un léger sourire se dessiner sur ses lèvres.
Dire que je ne comprends pas pourquoi je fais ça serait un pur mensonge.
Il m'a tellement manqué ces derniers mois que je n'arrive pas à écouter ma raison. Je sais que cette journée est vraiment étrange, je ne comprends pas pourquoi après une absence de six mois, il s'est tout à coup planté devant ma porte pour me demander de passer une journée avec lui mais je ne sais pas m'empêcher d'avoir envie de me rapprocher de lui. J'ai tant rêvé qu'il revienne que maintenait, j'ai envie de m'accrocher comme un désespéré à l'idée qu'il puisse rester.
Nous nous installons sur une petite passerelle au dessus de l'embouchure et observons le cours d'eau se jeter dans la mer jaune.
Tandis que je me penche, il fait semblant de me pousser et je pousse le cri le moins viril au monde tandis que je sens ses mains s'agripper à ma taille pour m'éviter le saut de l'ange.
- T'es con, je grogne sans m'empêcher de rire sous l'adrénaline.
Alors que je ne m'y attends pas, ses deux bras m'entourent et il pose son front contre mon dos.
- Je suis vraiment trop con ouais, murmure-t-il en me serrant davantage contre lui et à cause du vent je ne suis pas sûr d'avoir bien entendu.
Je profite de cette étreinte un moment avant de me tourner vers lui et de prendre ses mains dans les miennes.
- Je vais peut être gâcher le moment mais... qu'est ce que tu voulais dire par le fait que tu ne détestes plus ta mère ?
Il papillonne un moment des yeux puis se mordille la lèvre avant de faire la moue.
- Je suppose que je te dois une explication, soupire-t-il.
Je hausse les épaules et secoue la tête.
- Tu ne me dois rien mais je serai heureux que tu acceptes de m'en parler.
Il parait surpris par ma remarque et la pression de sa main sur la mienne se fait plus forte.
- C'était il y a un ou deux mois, j'étais occupé à réviser pour mes exams quand ma mère a débarqué devant mon studio avec toutes ses affaires. Mon père et elle venaient apparemment de se séparer et ça lui a fait une sorte d'électrochoc. Elle a pris un vol du Mexique vers Séoul dans la journée. Elle m'a dit qu'elle était désolée, que c'était une mère affreuse et qu'elle s'en voulait pour toute la peine que mon père et elle m'ont causé. Elle s'est installée dans un petit hôtel et nous nous sommes vu presque chaque jour pour parler. Je ne sais pas ce qui s'est passé dans sa tête, si ce n'est qu'un bref moment d'accalmie avant qu'elle ne pète à nouveau une case mais en tout cas, ça m'a vraiment fait beaucoup de bien de pouvoir m'expliquer et mettre des mots sur toute la colère que je ressentais envers elle.
Je lui souris et avant même d'y avoir réfléchi, je l'amène contre moi avant de poser mon visage près de son cou.
- Je suis heureux pour toi, que tu aies enfin pu t'apaiser.
Il acquiesce et me rend mon étreinte.
Je rigole quand je le sens frissonner contre moi.
- Tu vois qu'il fait pas si bon que ça ! je m'exclame avant de me détacher de lui.
Il hausse les épaules.
- C'est une question de mental, si on se dit qu'il fait chaud normalement on devrait se réchauffer.
Je hausse un sourcil.
- C'est ma mère la psy ou toi ? je m'esclaffe.
- Je suis pas sûr que les psy s'occupent de ce genre de choses mais on s'en fout, rigole-t-il avec moi tandis que nous recommençons à avancer.
Tout naturellement, comme avant, sa main vient se loger au creux de la mienne et je ne sais pas m'empêcher de sourire.
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Yesterday Today Tommorow
RomanceSix mois après leur rupture, M débarque chez K pour lui demander de passer une journée avec lui. Toutes les questions restées alors en suspend après leur séparation refont surface. Prendre la route ensemble leur permettra t-il de trouver les répon...