Prompt : J'étais celui qui avait tout.
***
(Bellamy)
Si l'amour se résumait à faire l'amour, je serais amoureux de Gina. Je couche avec elle et c'est bon et simple. Je ne pense à rien en faisant ça, j'ai la tête vide, le plaisir est ailleurs. C'est plutôt après que je pense. Que je me fais des films en couleurs, trois dimensions, éclairage et son. Quand elle prend doucement ma main, quand elle embrasse mon front, quand ses gestes sont tendres, quand elle me touche délicatement. Ça soit signifier quelque chose pour elle, ça ne signifie rien pour moi, rien de ce qu'elle aimerait en tout cas. Parce que quand elle fait ça, je ne la vois pas elle. Je le vois lui. Je vois ses yeux me transpercer jusqu'à l'âme, je vois ses lèvres pâles et fines se poser sur ma joue, mon cou, mon front, j'imagine ses doigts toucher mes doigts (et je l'imagine d'autant plus que j'ai tenu sa main dans la mienne), et ça me fait mal parce que c'est interdit, parce que je ne peux pas lui faire ça. Peu importe à quel point j'aurais envie de l'embrasser, je sais aussi à quel point c'est mal de ma part. Il pense le vouloir, mais il n'a que quatorze ans, rien ne dit que je ne l'ai pas manipulé pour ça, que je ne suis pas responsable des sentiments qu'il peut éprouver pour moi. Est-ce qu'il en éprouve vraiment d'ailleurs ?
Peut-être qu'il a juste envie de savoir, d'essayer de séduire un adulte comme on décroche un trophée. Enfin non, je ne pense pas, ce serait plus simple si c'était ça.
Ce serait plus simple si je n'avais pas l'impression d'être la pire personne de cette planète.
Gina embrasse doucement ma bouche, et je me demande quel goût aurait ses baisers, si ses lèvres sont chaudes ou froides, et ça me bouffe parce que j'ai pas le droit, ni de l'embrasser, ni d'y penser. Jamais.
Par hasard je l'entends rire avec son ami, mon cœur se retourne.
Par hasard nos yeux se croisent, et c'est comme si le monde disparaissait entièrement.
Par hasard, il me sourit et je me dis qu'il sait que je l'aime aussi. Bien sûr qu'il le sait. Mais ça ne change rien du tout. Jamais.
xxx
(Emori)
Je vais savoir qui c'est. Peu importe, je m'arrangerai pour raisonner John. Pour qu'il me revienne. Parce que depuis le début il est à moi et s'il n'est pas avec moi, il ne sera avec personne. Mais je sais qu'il se trompe, c'est tout. Je pense qu'on l'a manipulé, et qu'il est en danger, je pense que le mieux c'est que je prenne soin de lui, sinon il va se perdre complètement. J'étais celle qui avait tout, et je sais que je l'ai encore. Ce n'est pas possible autrement.
Je ne sais pas où il l'a rencontré, mais je sais que John ne sort pas beaucoup parce qu'il doit s'occuper de Jasper. Alors je n'ai qu'à aller aux endroits où il va. Le collège. Devant l'école primaire. Chez lui ou chez Jasper. Dans le parc des fois.
Je le retrouve devant l'école, il soupire :
- Qu'est-ce que tu fais là Emori ? J'ai promis à Jasper que tu ne viendrais plus.
- Je ne viens pas pour voir Jasper, dis-je.
- Pourquoi alors ?
Je ne réponds pas et je regarde autour de moi. Il doit être là, celui que John aime. Un type de vingt ans, plutôt canon (selon John Mbege, il l'a pas vu mais ce sont les paroles de John), devant les écoles y a surtout des mamans, des types y en a pas beaucoup, surtout des jeunes, canons. Alors je le repère assez vite et je le reconnais, c'était ce beau gosse avec lequel j'avais taquiné John, avec lequel j'avais essayé de le rendre jaloux pour m'assurer de son amour pour moi. Ça ne peut pas être lui. Je me trompe sans doute. Je cherche autre chose, c'est peut-être ailleurs que John le rencontre. Mais alors que je doute, je surprends les yeux de John se diriger vers le type canon, le chercher du regard, le fixer un instant, jusqu'à ce que l'autre type le regarde à son tour, jusqu'à ce qu'ils s'échangent le regard le plus pitoyable que je n'ai jamais vu.
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Devant l'école
FanfictionBellamy a vingt ans, il emmène tous les matins sa sœur à l'école, et va la rechercher. Cette année il croise des yeux bleus et un regard assassin devant l'école. Un gamin du nom de Murphy qui joue au baby sitter. Bellamy voudrait bien l'oublier, ne...