La réponse - 1

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Illustration par huanGH64

La chance, c'est quand l'opportunité frappe à votre porte, et que vous répondez.
- Anonyme

Je suis complètement taré, pensa Drago alors même qu'il serrait ses bras encore plus fort autour du corps nu d'Harry Potter. 

Au début, il s'ennuyait seulement, mais il était encore sain d'esprit. Quelqu'un devait s'occuper du feu, alors il fallait qu'il reste réveillé, et il n'y avait pas grand-chose à faire pour se distraire. Fixer les paupières closes de Potter n'était pas franchement palpitant, et il avait fallu que Drago trouve autre chose pour passer le temps. Il était allé inspecter les diverses potions dans l'autre pièce. Il avait flâné entre les étagères, essayant de trouver quelque chose d'utile ou intéressant. À la fin, il avait bu une potion Bonnumeur, pas parce qu'il pensait que ça le mettrait effectivement de bonne humeur, mais parce qu'il avait soif et que ça avait le goût du jus de Citrouille. Il se sentit un peu mieux après l'avoir bue.

Il revint au côté de Potter avec un baume blanc qui scintillait et un tissu doux. Il avait un soudain désir de soigner le moindre bleu et la moindre coupure dont Potter avait souffert ; l'ennui et la Bonnumeur étaient clairement responsables. Drago appliqua le baume sur les bleus qu'il avait à la mâchoire, sur une coupure à la joue là où une branche l'avait giflé pendant qu'ils marchaient à travers la forêt, sur la bosse à l'arrière de son crâne là où il avait dû heurter le sol en tombant, et même sur ses lèvres gercées qui guérirent instantanément au contact du baume. 

Il était en train de nettoyer le sang et le reste de baume du visage de Potter quand quelque chose d'horrible arriva. Ça commença lentement – de la chair de poule apparut sur la peau de Potter, s'étendant sur ses bras et sa poitrine, et puis il commença à trembler. Drago retira rapidement la cape de sous sa tête et en enveloppa son corps tremblant. 

Ça n'aida pas le moins du monde. Bientôt, les frissons de Potter s'intensifièrent. Ses paupières frémirent et ses lèvres s'entrouvrirent pour laisser échapper des gémissements douloureux. Drago pouvait entendre ses dents claquer. On aurait presque dit qu'il avait une sorte d'attaque. 

Drago jeta quelques bûches supplémentaires dans le feu et ensuite s'allongea carrément sur Potter, maintenant son corps tremblant fermement enroulé dans la couverture et la cape. Son état ne fit qu'empirer. 

Il apparut à Drago que les tremblements étaient peut-être une bonne chose. Ça pouvait vouloir dire que le sort avait relâché son emprise sur Potter et qu'il était sorti de sa catalepsie ; il était suffisamment réveillé pour finalement sentir le froid qui étreignait son corps. Mais ce n'était pas vraiment réconfortant de se dire que Potter ne mourrait pas à cause du sort, s'il mourait d'hypothermie à la place. D'une façon ou d'une autre, il mourrait, et Drago ne pouvait pas lui donner une potion pour le réchauffer. Aucune des potions qu'il aurait pu utiliser pour contrer l'hypothermie ne ferait bon ménage avec les potions qu'il lui avait déjà données. Il lui en avait déjà fait prendre trop. 

Malheureusement, ou heureusement, selon comment on prenait les choses, son cerveau refusait de se taire à propos des merveilles de la chaleur corporelle. L'idée avait été là, traîtreusement enterrée dans un coin de son esprit dès le premier instant où il s'était demandé comment il pourrait apporter un peu de chaleur à Potter. Les minutes passaient et les frissons de Potter ne donnaient pas l'impression de vouloir diminuer. Drago ne pouvait juste plus supporter de le regarder trembler comme ça. 

Maudissant son cerveau, Potter, et Slughorn pour faire bonne mesure, parce que rien de tout ceci ne serait arrivé s'il ne les avait pas envoyés dans la forêt, Drago se déshabilla et s'allongea à côté de Potter, se collant de tout son corps contre sa carcasse glacée et tremblante. Il dut serrer les dents pour ne pas crier ; la peau gelée de Potter menaçait de l'emporter dans une mort glaciale. Mais sachant que cela n'arriverait pas, Drago appuya sa poitrine contre le dos de Potter et le frictionna partout où il parvenait à l'atteindre. 

Les tentatives de Drago pour réchauffer Potter en s'allongeant à côté de lui, complètement nu, n'étaient pas la preuve de sa folie, cependant. Il lui fallait fournir de la chaleur à Potter et ses actions étaient parfaitement raisonnables, et en plus, cela fonctionnait. Cependant, après que le corps de Potter se soit réchauffé et qu'il se soit tourné pour enfouir sa tête ensommeillée dans le creux du cou de Drago, celui-ci ne fit pas de tentative pour se lever. Au contraire, il entoura Potter de ses bras et l'attira plus près de lui et, pour rendre les choses encore pires, les doigts de sa main gauche insistaient pour jouer avec les cheveux emmêlés de Potter et refusaient d'arrêter de caresser compulsivement les douces mèches noires. 

Mais cela non plus n'était pas une preuve de sa démence. Il pouvait facilement rationaliser ce comportement. Ils étaient perdus au milieu d'une forêt, blessés et gelés, et Potter avait failli mourir ; son soudain besoin de le câliner était sûrement une réaction prévisible à un traumatisme sérieux. C'était parfaitement naturel. 

La chose qui avait convaincu Drago qu'il était complètement malade était le fait que lorsque Potter s'était retourné et blotti contre Drago, le corps de Drago avait eu une réaction très inappropriée – et perturbante. Il ne pouvait pas vraiment en rendre le traumatisme responsable. Ce qui faisait que Drago était plus fou encore était le fait que même après que Potter ait émis quelques marmonnements discrets et ait commencé à s'agiter comme s'il allait s'éveiller d'une minute à l'autre, Drago n'avait rien fait pour s'extraire de son étreinte et cacher sa nudité et son érection grandissante. Il se mettait en toute connaissance de cause dans une situation embarrassante – qui savait quelle réaction Potter aurait en se réveillant dans les bras d'un Drago nu et excité ? Cependant, la part démente de son cerveau lui intimait de garder Potter dans ses bras pour aussi longtemps que possible et de s'inquiéter des conséquences plus tard. 

Jour de chance - HPDMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant