La foi - 3

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Dès qu'elle eut disparu, Drago attrapa l'assiette et se jeta sur les biscuits. Il se sentit mieux une fois que l'assiette fut vide, et qu'il eut rejoué dans sa tête la réponse de Potter à propos de qui les avait attaqués. Il avait été si sûr que c'était lui, il était difficile d'accepter la possibilité qu'il soit innocent. Enfin, il n'était pas totalement innocent ; il avait profité de Potter pendant qu'il délirait. La culpabilité refusait de le quitter. 

« J'ai eu tort bien souvent dans ma vie, dit l'un des portraits. »

Drago n'avait pas besoin de regarder pour savoir qui c'était.

« Mais je suis heureux de ne pas m'être trompé sur vous, Mr Malefoy. Vous n'êtes pas, et ne serez jamais, un meurtrier. »

À contrecœur, Drago releva la tête vers Dumbledore. 

« Il est toujours possible que ce soit moi qui l'ai attaqué, protesta-t-il.


— La gravité du maléfice me dit que ce n'est pas vous. Une personne capable d'une magie aussi noire se serait simplement enfuie, n'aurait jamais mentionné l'incident, et aurait espéré que Harry meure – précisément ce que Mr Nott a fait. L'idée de simplement vous enfuir ne semble pas vous être venue »

Drago le fixa du regard. Il ne savait pas comment il avait fait pour gagner la confiance de Dumbledore et Mac Gonagall sans même essayer.

La porte du bureau s'ouvrit et Drago tourna la tête avec appréhension, s'attendant à ce que les Aurors soient venus le chercher. Mais le sorcier qui entra ne ressemblait pas à un Auror. Il portait une cape de voyage vert vif et des bottes montantes. Ses cheveux blond roux étaient longs, mais pas aussi longs que sa barbe. Il sourit agréablement à Drago et leva les mains en un geste apaisant. 

« Minnie a dit que je pouvais monter. »

Il sourit en exposant une rangée de dents blanches et Drago le reconnut soudain.

« Mr Borage ! s'exclama-t-il en se levant aussitôt. 

— Oh, je vous en prie, restez assis. »

Merwyn Borage se hâta de le rejoindre et lui serra la main. Il lui fit signe de se rasseoir et Drago lui obéit en silence, ayant du mal à croire que Merwyn Borage, le fameux Maître des Potions, venait d'apparaître ainsi à Poudlard.

Et qu'il avait appelé le Professeur McGonagall « Minnie ».

« On m'a dit que vous avez eu une journée plutôt épuisante, reprit Borage. »

Il fit apparaître une chaise et s'assit en face de Drago. Il le fixait de façon trop intense. 

« Je sais que vous êtes fatigué, mais il fallait absolument que je vous rencontre. »

Borage lui adressa un sourire affectueux.

Drago se demanda si Potter n'avait pas raison en prétendant que tout ça n'était qu'un rêve bizarroïde. Il était simplement impossible que cette journée ne devienne plus étrange qu'elle ne l'était déjà. 

« Heu, pourquoi ? demanda Drago.

— Oh, pardonnez-moi. Vous devez penser que je suis un peu dingue. »

Drago mentit et secoua la tête. Dingue ou pas, c'était Merwyn Borage et il n'avait pas l'intention de l'insulter. 

« Oh, et il est plein de tact en plus, à ce que je vois. »

Borage se mit à rire.

« Laissez-moi vous expliquer. J'étais à la maison, me délectant d'un verre de vin et d'une soirée tranquille quand mes alarmes se sont déclenchées, m'informant que quelqu'un avait pénétré dans ma réserve. Ma très secrète réserve, si je puis me permettre.

— La cabane ! s'exclama Drago. C'est la vôtre.

— En effet. Je n'y croyais pas, mais un ami au Ministère m'a appelé pour me dire qu'un étudiant de Poudlard avait trouvé la cabane, s'y était introduit et avait utilisé mes potions pour sauver la vie de Harry Potter. Pas besoin de préciser que j'ai cru que mon pauvre ami était ivre et racontait n'importe quoi, mais je suis néanmoins venu vérifier. Eh bien... »

Borage secoua la tête. 

« Je suppose que ma cabane secrète n'est plus un secret. »

Drago se recroquevilla.

« Je suis vraiment désolé...

— Non, je vous en prie. Ce n'est pas la peine de vous excuser. La cabane est juste un endroit où j'aime travailler en paix, et la Forêt Interdite est une source d'ingrédients merveilleuse. Très pratique, vous voyez. Oh, mais ça n'a pas d'importance. »

Borage fit un geste de la main pour appuyer ses propos. 

« Les potions utilisées pour guérir sont ma passion. Savoir que ma cabane a aidé à sauver une vie est plus que je ne pouvais souhaiter. »

Il pencha la tête de côté. 

« Je suis curieux de savoir exactement comment vous l'avez trouvée. Je pensais que ma cachette était terriblement bien faite.

— Elle l'est ! répondit aussitôt Drago. J'ai juste eu de la chance. »

Les sourcils de Borage se soulevèrent.

« Vraiment chanceux, alors.

— Heu... »

Drago hésita. Il y avait une voix dans sa tête qui lui répétait de ne pas parler du Felix Felicis. Il ne pouvait s'empêcher de l'écouter. 

« Un Jobarbille a volé à travers la barrière et en est mort, donc je savais qu'il y avait quelque chose. Vous voyez. Un pur coup de chance !

— Je ne crois pas. Ça arrive tout le temps. La barrière supérieure est un piège splendide. Plus d'un oiseau a rencontré là son destin. Je les plume et je cache les corps. »

Borage lui fit un clin d'œil, et puis, comme s'il avait eu peur d'avoir l'air dérangé, il toussa et ajouta :

« J'ai un permis pour cette cabane. »

Drago hocha la tête en silence. 

« Maintenant, ce que je voudrais savoir, Mr Malefoy... J'ai eu l'opportunité de parler à l'adorable Madame Pomfresh et d'examiner Mr Potter tout à l'heure...

— Il va bien ? demanda aussitôt Drago.

— Oh oui ! répondit Borage avec un grand sourire. Nous pensons qu'il sera pleinement remis d'ici demain. Lundi, au plus tard. Ce qui, je dois le dire, est assez exceptionnel si on considère qu'il a été frappé d'un maléfice de Videntrailles et n'a pas reçu de soins médicaux immédiats. »

Drago avait arrêté d'écouter.

« Videntrailles, répéta-t-il. »

Cela voulait dire que ça devait être Nott ; c'était une trop grosse coïncidence que Potter ait reçu le même maléfice que celui qui avait tué le père de Nott. 


Jour de chance - HPDMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant