La réponse - 10

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Deux ans auparavant, son père lui avait raconté ce qui s'était passé le jour où Arthur Weasley, accompagné par des Aurors, était apparu sur leur seuil. Ils avaient apparemment reçu des conseils d'un informateur anonyme et étaient là pour fouiller le Manoir Malefoy. Ils n'avaient rien trouvé du tout, mais tout le temps qu'ils étaient restés dans le bureau de son père, le bout de la baguette de Weasley avait émis une lueur bleue, indiquant que le Charme Locateur avait trouvé ce qu'ils cherchaient. Les Aurors avaient retourné la pièce en tous sens mais n'avait absolument rien trouvé. A la fin, ils avaient été forcés de conclure que le Charme Locateur s'était trompé. Mais ce n'était pas le cas. Le charme avait trouvé des objets maléfiques et des potions létales, mais ils étaient cachés par le Dissimilis. 

Drago paniqua pendant quelques minutes avant de se rappeler cette histoire. Seulement après, s'autorisa-t-il à respirer normalement.

Potter était lumineux parce que quelqu'un les avait trouvés avec un Charme Locateur. Et non seulement ça, mais la personne qui avait lancé le Charme devait se trouver dans la clairière. Pour ce que Drago en savait, la personne pouvait se tenir juste à côté de lui, mais ils étaient incapables de se voir à cause des protections magiques. 

Drago remit la main sur ses vêtements et s'habilla à une vitesse record, ses méninges tournant à plein régime. Il n'y avait pas réfléchi auparavant, mais maintenant cela semblait évident. Cela faisait des heures que Potter et lui avaient disparu ; il était assez improbable que les professeurs restent paresseusement assis dans le château alors que Harry Potter avait disparu. Ils avaient dû organiser des équipes de recherche, peut-être même alerté les Aurors. Il y avait là-dehors des sorciers et des sorcières en train de chercher désespérément leur héros disparu. 

La main sur la poignée, Drago se retourna pour jeter un regard sur Potter dont le corps était toujours lumineux. L'espace d'un bref instant, il considéra l'idée de le rhabiller, mais il avait eu une raison valide pour lui enlever ses vêtements ; personne ne pouvait le blâmer pour ça. Par ailleurs, son pantalon et sa chemise étaient toujours mouillés ; ça ne lui ferait aucun bien si Drago le forçait à remettre ses vêtements gelés. 

Sa décision prise, Drago revint au côté de Potter et y prit sa cape bordée de fourrure avant de se précipiter vers la porte et de sortir. L'air froid et le noir le surprirent. Il lui avait semblé que l'enclos protégé était tiède quand il l'avait trouvé, mais maintenant il trouvait que ça gelait. Il s'empressa de fermer la porte, inquiet pour Potter, nu et seulement protégé par une couverture.

Cela lui prit un moment avant que sa vue ne s'ajuste à l'obscurité. Il regarda autour de lui mais ne vit rien d'autre que les arbres silencieux, baignés dans la lueur dorée des protections. Ça ne voulait pas nécessairement dire qu'il n'y avait personne alentour. Celui ou celle qui les avait trouvés avait très bien pu continuer à tourner en rond autour de la clairière, troublé par les indications du Charme Locateur. Son regard tomba sur l'arche qui brillait. S'il voulait qu'on le voie, il allait devoir sortir de l'enclos magique. Il n'y avait pas d'autre solution. 

À contrecœur, il effectua quelques pas vers l'arche et se figea. Une silhouette sombre était apparue devant lui, comme sortie de nulle part. La personne portait une cape et son visage était couvert ; il était impossible de dire de qui il s'agissait. 

Perturbé d'avoir quelqu'un qu'il ne connaissait pas juste devant lui, et d'être seulement séparé de lui par un fin voile de magie, Drago se retrouva soudain terriblement conscient qu'il n'avait pas d'arme. Il fixa la pointe de la baguette dans la main de la mystérieuse personne ; elle émettait une lumière bleutée. La silhouette avançait lentement, pointant la baguette à gauche et à droite, mesurant sans aucun doute la force de la lumière qui changeait à chaque mouvement. Il n'y avait que quelques mètres entre la silhouette et le grand chêne. 

Drago scanna le sol du regard et ramassa un gros caillou sans prendre le temps de réfléchir ou d'établir un quelconque plan. Mais il lui était apparu que la personne à l'extérieur de l'enclos ne faisait pas nécessairement partie d'une équipe de secours. Drago ne brillait pas. Cette personne cherchait Potter, et seulement Potter. Drago savait que Potter était certainement une priorité, mais il y avait une autre possibilité. Bien qu'il soit plus ou moins certain d'avoir été celui qui avait attaqué Potter, il était toujours possible que quelqu'un d'autre essaye d'assassiner Celui Qui Avait Vaincu le Seigneur des Ténèbres. Potter s'était à coup sûr fait des ennemis et peut-être qu'un de ces ennemis était revenu pour finir le travail. 

La silhouette se rapprocha de l'arbre. 

Drago se mordit la lèvre. Il avait trouvé l'entrée de la cabane, quelqu'un d'autre pourrait y arriver aussi. Serrant fort la pierre dans sa main, Drago maintint ses yeux sur la baguette lumineuse de l'inconnu. 

Il ne pouvait pas prendre de risque. Si la personne était un ennemi, Drago serait incapable de les défendre, Potter et lui. Il n'aurait qu'une seule chance, et c'était maintenant. Il lui fallait cette baguette. 

La silhouette s'arrêta ; elle était juste devant l'arbre et l'arche. 

Les protections magiques ne laissaient rien passer à l'intérieur, mais cela ne voulait pas nécessairement dire qu'elles ne laisseraient rien passer à l'extérieur. Drago leva la main et plissa les yeux. Attaquer maintenant et poser les questions ensuite semblait une bonne tactique.
Sans savoir si les barrières magiques le permettraient ou non, Drago lança la pierre aussi fort qu'il le pouvait dans la direction de la tête de l'inconnu. Les protections scintillèrent quand la pierre les traversa avant de s'écraser contre la silhouette dans la cape sombre. La personne n'eut pas le temps d'émettre un son et s'écrasa instantanément au sol. 

Drago sourit et, sans détacher son regard de la baguette qui brillait, il se précipita à travers l'arche. Il s'avança ensuite prudemment vers la personne qui gisait sur le sol gelé. Il lui arracha la baguette et prit une grande inspiration. Seulement alors il lui ôta sa capuche.

Son regard tomba sur un front ensanglanté et des cheveux châtains arrangés en un chignon élaboré. Il la contempla, horrifié.

Il était bien possible qu'il vienne juste d'assassiner le professeur Eunice Primevère.  


Jour de chance - HPDMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant