SEPT ; CAVALE

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Nous saccageons l'étage, ramassant chaque objet susceptible de servir d'arme ou de bloquer le passage. J'aide Miller à déplacer un des lits auquel nous avons retirés les matelas.

- On a prit l'étage, et maintenant il faut le tenir ! Clame Jasper d'une voix forte.

Nous déposons le meuble devant l'ascenceur. Ce truc ne tient pas sue grand chose, il nunous faut quelque chose de plus gros pour le maintenir. Je balaye la pièce du regard, les mains sur les hanches. La brune que j'ai réprimandé l'autre jour détruit les caméras de surveillance. C'est cette fille qui ne voulait pas partir du Mont Weather.

- On dirait que ton petit discours d'encouragement l'a secouée, remarque Miller en suivant mon regard.

- Ta gueule, Miller.

On a plus beaucoup de temps avant que des représailles ne se manifestent. Avec un peu de chance, Bellamy ne s'est pas fait choper et des renforts ont réussis à le rejoindre.

_____

Couchée à plat ventre sur le sol froid de la salle de réception, j'attend le signal. Les soldats ont réussi à percer nos maigres défenses. Les yeux entrouverts, je perçois les pieds d'un garde juste à côté de moi.

- On y va !

J'attrappe le soldat par les mollets et l'envoit balader sans trop de difficulté. Je me relève donc brusquement et lui assène un coup de botte sur le nez, le lui cassant au passage.

C'est un véritable bain de sang. Les hommes des montagnes sont pris au dépourvu, nous laissant l'avantage de la surprise. Le sang de l'ennemi coule à flot, nous avons pris le dessus de la situation. Armée de la hache de sécurité du couloir, je fauche les soldats aisément. Jasper et moi sommes les seuls armés des outils de secours. Nous n'en avons trouvés que deux. La bataille s'arrête bien vite : il n'y a plus d'ennemis à abattre. Des cris retentissent depuis la caméra de surveillance que Monty a trafiqué.

- Fox !

C'est la brune que j'ai "motivé". Elle s'appelle donc Fox. Deux soldats nous ont échappés et l'on emmenée. À présent, je suis armée et en pleine forme. Rien ne m'empêche d'aller la secourir.

- Koda, non ! S'écrie Miller.

Encore une fois, j'échappe aux ordres de Nathan Miller et m'élance dans le couloir que nous venons de perdre avant qu'il ne m'arrête.

Je ne tarde pas à les rattrapper. Lorsque je plante ma hache dans le dos du premier soldat, nous sommes arrivés dans la salle d'opération. Un coup de feu retentit et le deuxième garde s'écroule au sol.

- Bellamy !

Fox se jete dans les bras du faux garde qui l'a sauvée. Hébétée, je les oberve quelques secondes la bouche entrouverte. Puis je reprend mes esprits et mon visage se tord de haine. Je hurle et gratifie le cadavre du garde le plus proche d'un autre coup de hache. Cette fois-ci, je le retire pas l'arme de son corps. Les mains tenant fermement le manche, je regarde le liquide rougeâtre s'écouler lentement de la plaie, le visage sale du sang de ceux que j'ai tué.

- Ça, c'est ma sauvage.

Je relève vivement la tête vers John, qui vient de sortir de derrière les cages. Son visage est creusé par la fatigue, marqué par l'effort des derniers jours. Depuis combien de temps est-il au Mont Weather ? A-t-il lui aussi été captif des hommes des montagnes ? Le temps que je comprenne ce qui vient de se passer, je lâche le manche de ma hache, essuie le filet de sang qui me coule du nez et saute dans ses bras, façon mauvais film d'action.

- Venez, on doit vous mettre à l'abris.

Je lâche John et me tourne dans la direction opposée. Entre temps, Maya nous a rejointe. C'est elle qui nous propose un endroit sûr. John me prend la main et Maya nous emmène à travers les couloirs risqués du Mont Weather.

_____

L'appartement du père de Maya est le plus confortable que j'ai connu. En effet, les hommes des montagnes bénéficient de ressources sans limite. C'est un peu à haute société des survivants de l'holocauste nucléaire. Il nous y a accueilli a contrecœur, après que Maya et Bellamy soient repartis. Je n'arrive pas à croire que j'ai accepté de rester ici sans rien faire. John et moi nous sommes installés sur le canapé. Je ne sais pas trop quoi faire ou dire à Fox, qui vient de frôler la mort. Sans doute pour la première fois, à en juger son état de panique. Bienvenu au club, Fox.

- Koda, je...

John ne sait pas trop quoi me dire non plus. En vérité, je suis trop tendue pour écouter qui que ce soit.

- Tu ne sais pas à quel point je me suis inquiétée pour toi, le coupe-je précipitement, j'étais certaine que t'étais vivant.

- Et Bellamy m'avait interdit de le suivre au Mont Weather. J'aurais pu être là plus tôt, mais disons que les allées et venues sont compliquée au camp Jaha.

Camp Jaha ? Je décide de ne pas poser de questions. Tout est déjà si compliqué, je n'ai pas envie de nous enfoncer encore plus.

- Et sinon, c'est quoi le plan ?

- Clarke va débarquer avec une armée de natifs.

J'esquisse un sourire. Tarzan l'a eu, son traité de paix.

- Finn doit être fier, commente-je.

John s'enfonce un peu plus dans le divan, mal à l'aise.

- Finn est mort.

Mon sourire s'efface aussitôt.

- Quand vous aviez disparus, on s'est lancé à votre recherche. On avait une piste chez des natifs. Quand on s'est rendu compte que notre informateur nous avait menti, Finn a pas voulu le croire. Il...

Murphy s'arrête un instant. Je me rapproche de lui et vient poser ma tête sur son épaule. Il passe donc son bras autour de moi et poursuit :

- Tu l'aurais vu, tu l'aurais pas cru. Il a complètement pété les plombs. Il tirait sur chaque natif. C'était un village de vieux et d'enfants. Aucun ne pouvaient de battre, surtout contre son fusil. La commandante a dit "le sang sera vengé par le sang".

C'est la loi du talion, et Finn s'y est frotté. John et lui s'étaient donc lancés dans une quête pour nous retrouver, les quarante-huit autres et moi.

- Qu'est-ce que j'ai manqué d'autre ? Demande-je, avide de réponses.

Trop de choses ont changées. Finn est mort, l'Arche est sur Terre et une alliance avec les natifs semble s'être formée. Quelque chose en John s'est brisé lorsque Finn a massacré ce village, je le sens : tout du long qu'il m'a conté ce récit, une lueur sombre luisait dans ses yeux.

John s'apprête à me répondre lorsqu'un message sur la radio général nous interrompt. Je reconnais cette voix : c'est l'homme qui m'a envoyé en salle de prélèvement. Il ordonne à son peuple de dénoncer mes amis qui se cachent chez eux. Dans le cas de refus, ces gens seront emprisonnés voir exécutés pour nous avoir aidés. Le père de Maya fait imméfiatement irruption devant nous.

- Je ne compte pas vous dénoncer, les enfants. Mais vous allez devoir vous cacher, il y aura des inspections surprises c'est certain.

- Comme sur l'Arche, approuve-je, tout ça me rappelle ma cavale avant l'Isolement.

- Espérons que cette fois-ci ça durera plus longtemps. Et qu'on ne se fasse pas choper. Raille John.

(2) PARADISE | j. murphyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant