Chapitre 12 ⚜ Little girl

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NOA-LYS

Suivant le GPS intégré à la voiture de la grosse quiche à l'arrière, je lui jetais un regard à travers un rétro dès que je le pouvais, m'assurant qu'elle restait en place. Ses mains et jambes étaient encore liées, son jean noir imbibé de sang et sa bouche scotchée. Je m'étais assurée que chaque portières et vitres soient verrouillées de manière à ce qu'elle ne soit pas tentée de sauter et s'enfuir. Je devais l'avouer, j'appréciais rouler dans ce magnifique 4x4 noir aux vitres teintées, même si je venais de « kidnapper » quelqu'un...

J'arrivai à l'arrière d'un laboratoire d'analyse de sang, au centre de Londres. Je me garai sur le parking et en me retournant, j'examinai du regard la rousse, un sourcil arqué.

— Tu me prends pour une conne ?

Elle secoua négativement la tête avant de se mordre la lèvre inférieure.

— C'est ici mais des centaines de mètres sous terre.

Je plaquai ma main sur mon front et soufflai. J'avais l'impression d'être plongé dans un film d'horreur mélangé à un film de science-fiction. Une sorte de remake foireux se trouvant à mi-chemin entre Resident Evil et Attack The Block. Je sortis de la voiture, claquai la portière derrière moi avant de récupérer la jeune femme à l'arrière, ma batte de baseball sous le bras et mon couteau accroché à ma cuisse, du gros scotch jouait le rôle d'un holster. Je la fis avancer, prête à lui remettre un coup si elle dérivait.

Nous pénétrâmes à l'intérieur du bâtiment par une porte avant de nous promener dans des couloirs blanc éclatant et gris puis de prendre un premier ascenseur qui nous emmenant au -2. C'était un grand parking abandonné. Elle nous mena à l'autre cage métallique à l'opposé du sous-sol. Ce dernier requérait un code bien précis qu'elle tapa sans hésiter. Lorsque nous passâmes les portes, elle dût en rentrer un second pour nous diriger au bon endroit. Après une descente d'environ vingt minutes, je la laissai sortir en première. Elle avançait en boitant, elle traînait la jambe que je lui avais esquintée sans pitié. Le grand couloir blanc immaculé dans lequel nous étions faisait bien cent à cent cinquante mètres ! Il y avait des tas de portes et au fond, de nombreux couloirs se rejoignaient. Lorsque nous arrivions à ce carrefour de directions, la rousse se mit à avancer plus vite vers la droite.

— Au secours ! Il y a une intruse ! hurla-t-elle avant d'appuyer sur un bouton au mur.

J'accélérai le pas avant de lui donner un coup de batte derrière les mollets. Elle s'écroula sec au sol en gémissant. Des voix masculines assez proches me surprirent. La sécurité allait m'attraper ! Je décidai de courir dans la direction opposée, à gauche. Courir à en perdre haleine, à m'en crever les poumons, à me déchirer un muscle.Je découvris de nouveaux lieux et en entendant des pas se rapprocher, je me cachai dans la première salle que je trouvai : la pièce du concierge, assez spacieux par ailleurs.

La porte légèrement entre ouverte, étant dans le noir, l'homme qui passait ne pouvait pas me voir. J'attendis le bon moment pour ouvrir la porte et le tirer à l'intérieur, lui donnant un bon coup dans le dos pour qu'il s'écroule au sol. À tâtons, je cherchai l'interrupteur pour la lumière, je n'eus pas le temps de trouver qu'il me tira les cheveux. Je poussai un petit cri de douleur et attrapai immédiatement mon couteau. Sans chercher à comprendre, je lui donnai un premier coup pour qu'il me lâche avant de me précipiter sur l'interrupteur. Une fois la lumière rétablie, elle manqua de m'éblouir, mais je n'oubliai pas de foncer sur l'homme. Je lui donnai un coup dans la cuisse. Un autre dans le bras. Et enfin, déstabilisé, je pus lui claquer la tête contre une armoire. Il perdit connaissance. J'en profitai pour le fouiller. J'y trouvai un taser et un pistolet chargé. Je glissai l'arme à feu entre la bande de mon jean et ma peau, le cran de sécurité en place. Sans perdre de temps, je fouinai dans la pièce à la recherche de matériel qui pouvait m'être utile. Dans mon sac, j'y fourrai une paire de gros ciseaux et un tournevis. Qui sait si j'avais besoin de délivrer Tom ? Quant au ruban adhésif double-face extra fort que je découvris dans le tiroir du bureau, je le gardai en main et m'approchai de l'homme inconscient. Je ne perdis pas de temps pour attacher ses mains tout comme ses pieds après avoir scotché sa bouche.

Avant de quitter la pièce, je fis attention à vérifier qu'il n'y avait personne dans le coin.

— Elle est là ! s'écria l'un d'entre eux.

Erreur de calcul...

Le crâne d'œuf était seul, à cinquante mètres de moi, mais je ne doutais pas qu'il serait rejoint par des renforts. Je repris ma course effrénée, la terminant dans l'un des endroits les plus flippants que j'avais vu de ma vie. Des tas de gens, tous en tenues de patients comme dans les hôpitaux, étaient coincés dans des cellules en verre blindé. Tous me suivaient du regard. Certains me faisaient quelques signes. Mon cœur loupa un battement en voyant une petite fille. Je m'approchai lentement de sa cellule, celle-ci se leva de son lit, sa Barbie en main avant d'arriver devant moi. Ses longs cheveux dorés tombaient sur son visage et encadraient son visage de poupée de porcelaine. D'énormes cernes violacés assombrissaient ses petits yeux tristes et couleur noisette. J'eus un réel pincement au cœur. À quel moment ils avaient décidé de faire des expériences sur une enfant de six ou sept ans ? Comment pouvaient-ils l'enfermer comme un animal ?

Mon regard se porta sur le boîtier collé à la vitre. Si je voulais la libérer, je devais entrer un code. Code que je ne connaissais pas. Essayer de péter la vitre ne fonctionnerait pas et dans ma malchance, ça attirerait les autres connards. Je soupirai fortement, tirant mes cheveux en arrière. Finalement, j'approchai ma bouche de la vitre et soufflai pour faire une buée avant d'écrire à l'envers « CODE ? ». L'enfant opina de la tête avant de m'imiter et d'écrire une suite de chiffres que j'entrai sans me poser de questions. À ma plus grande surprise, le code fut accepté et la porte en verre s'ouvrit. Comment savait-elle le code... ? Elle l'avait sûrement deviné en observant les médecins et la sécurité...

— Merci Madame... murmura-t-elle alors qu'elle jouait avec sa blouse bleu ciel, tout en regardant ses chaussons blancs.

— Je m'appelle Noa-Lys, mais tu peux m'appeler Noa. Et toi, c'est quoi ton prénom ? demandai-je en m'abaissant à sa hauteur.

Elle se mordit la lèvre inférieure avant de chuchoter un petit « Elizabeth, mais tu peux m'appeler Lizzie ». Je caressai tendrement ses cheveux afin de la rassurer et lui prouver que je ne comptais pas lui faire du mal.

— Ecoute, je ne suis pas une méchante. Je suis venue ici pour chercher mon ami parce qu'il a été arrêté. Ils veulent lui faire du mal. Est-ce que tu veux bien m'aider ?

M'étonnant une nouvelle fois, elle glissa sa main dans la mienne et acquiesça encore.

— Il s'appelle comment ton amoureux ?

Je sentis mes joues rougir, mais je balayai l'embarras avant de lui expliquer que Tom n'était pas mon « amoureux ». Juste un copain... La petite Elizabeth semblait connaître le laboratoire comme sa poche, ce qui était plutôt avantageux, mais aussi la malheureuse preuve qu'elle avait été enlevée il y a longtemps. Chose qu'elle me confirma en m'expliquant qu'elle ne manquerait à personne et que c'était sûrement pourquoi il l'avait choisi. Elle n'avait pas tort... À qui manquerait une orpheline sans la moindre famille ? À personne. Elle avait sûrement été portée disparue mais ça n'avait pas mené loin... Main dans la main, elle m'expliqua ce qu'ils lui avaient fait : des expériences douloureuses. Ils lui avaient injectés de nombreux produits dans le corps. Tout comme Thomas, elle était porteuse d'un démon. A l'exception que le sien était moins fort, adapté à sa taille et son âge. Selon ses explications, je compris que les « white rocks » n'étaient pas le seul moyen de transmettre un parasite relevant de la science la plus dingue. La formule existait sous plusieurs formes. 


Crack Effect | ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant