«Et la mort les fait vivre»

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«Ils vivent de guerres et d'armes, comme nous vivons d'eau et de pain.»
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Détruite est sûrement le mot le plus approprié. Cette âme est détruite, brisée. Nous pourrions même affirmer sans peur que cette âme n'est plus. Ou alors de quoi qualifierez-vous une femme sans âme ? Une femme sans plus d'émotions, une femme sans plus de ressentis ? D'une morte, sans aucun doute. Les femmes et les enfants présents pleurent sans aucune retenue, ou peut-être sans bruit par respect pour celle qui aura toujours été leur joie de vivre. Elle respirait la joie, la foi, mais surtout la piété. Et ces Hommes, ces États, ces monstres venaient de réduire à néant une femme si innocente.

Tous, comme vidés, l'observaient, elle, cette jeune fille désormais sans vie, écroulée près du corps de sa mère, les yeux perdus entre les entrailles pleines du sang de cette femme qui aura lutté de toutes ses forces pour ne pas abandonner son joyau. De toutes ses forces, jusqu'à elle-même être abandonnée par son âme qui s'est élevée au ciel comme dans un geste de liberté. La tante de celle que l'on peut désormais qualifier d'orpheline s'approche de sa nièce préférée, le cœur aussi détruit que cette dernière, les mains tremblantes d'indignation mais surtout de douceur.

«—Chérie, chérie mama n'est plus, c'est vrai. Mais, chérie, ne te méprends pas, chérie tu n'es sûrement pas orpheline, chérie ne me fait pas mal au cœur, chérie tu es la fille que j'ai toujours rêvé d'avoir.»

Supplie cette femme qui n'aura jamais eu la chance de devenir mère et de porter un enfant, cette femme plus douce que n'importe qui d'autre. Cette femme qui fut la première à toucher cette âme si détruite et à l'amener en dehors du ventre de sa génitrice. Pleure cette femme au cœur détruit par la perte de sa sœur et celle presque imminente de celle qui aura toujours été, au plus profond de son cœur, sa fille. Aujourd'hui, mis à part les milliers d'âmes retournant vers leur Seigneur après avoir été abattu à cause des balles et des bombardements, trois cœurs s'étaient éteints, dont deux pourtant encore présents sur cette terre.

« —Chérie, Dieu est grand, chérie je ne t'abandonne pas, chérie, Dieu est présent et voit tout, chérie. Et puis, chérie, tu es le joyau de mon cœur déjà presque détruit.»

Cette âme si innocente relève ses yeux azurs, d'un azur d'horizon dont la beauté est détruite par la fumée des feux et la destruction des villages. Analyser ses yeux ? C'est la première chose que fait sa mère adoptive. Cette deuxième mère de l'ombre qui l'a toujours protégée de loin comme de près. Elle lit dans les yeux de sa nièce comme dans un livre ouvert, brûlé, mais ouvert.

Seulement, cette fois, la différence est frappante, de telle sorte que sa tante s'écarte d'un pas, violemment, la main sur son cœur. Ce qu'elle voit ou ne voit plus dans les yeux de sa nièce l'effraie au plus haut point.

                                                                                                                             Elle ne voit rien. Strictement rien.

«De nos cœurs, ils ont arrachés L'Amour et la Liberté,

de leurs droits arrache le Paradis et le Pardon.»

-Xinnocent, un enfant du monde, qui aurait pu être le vôtre.