«Le cœur est certes un organe vital, mais plus que ça, il est l'organe qui donne un sens à notre vie. S'il est bon alors une bonne personne nous incarnerons, et dans le cas contraire, monstrueux nous serons.»
__________Cette âme détruite avance. Elle avance, encore, et encore. Elle pense. Elle pense, encore, et encore. En soi, cette si jolie âme existe mais sans conscience. Vous comprenez ? Vous comprenez ce sentiment de vide ? Comme si le monde entier vous avait abandonné dans le séisme ambulant de vos pensées. C'est dur, c'est difficile, c'est improbable, mais c'est réel.
Mais c'est aussi et surtout ce que ressent cette âme en cet instant de solitude.
Connaissez-vous ce sentiment ? Ce sentiment incongru qui est celui de se sentir seul, seul au monde alors que l'on est entouré d'à peu près 7 milliards de personnes ? C'est insensé, certes, mais c'est réel, encore une fois. Parce que la réalité cachée n'en est pas moins réalité. Parce que la vie, aussi courte soit-elle reste si difficile pour tant de gens. C'est difficile à comprendre, certes, mais il le faut. Il faut avoir cette prise de conscience à l'égard des milliers de personnes qui meurent chaque jour.
Les dizaines de personnes présentes s'approchent de sa mère, désormais éteinte. Sa fille retombe difficilement sur ses genoux, ses mains tachées du sang de celle qui l'a mise au monde. Son regard est vide, presque effrayant mais toujours aussi précieux. Trois femmes s'alignent devant les pieds de son joyau sans vie, quatre devant, et six se rangent en ronde. Sa tante, cette précieuse femme pour qui elle aura toujours un immense respect pose ses mains sur ses épaules. Mais elle ne ressent pas même la froideur de la larme de sa tante qui tombe sur son visage.
Et c'est peut-être à cet instant que tout lui revient et un éclair transperce son cœur. Elle se lève laissant toutes les femmes autour du corps de sa mère se figer. Ses femmes exprimaient un semblant de peur dans leurs yeux larmoyants. Cette fille désormais orpheline fronce inconsciemment ses sourcils et peut-être qu'à cet instant elle comprend. Brutalement, inéluctablement. Sa tante se place entre elle et le corps de sa défunte mère, tentant de cacher l'horreur qui s'y trouve. Elle pleure, un torrent de larmes descend sur son cou couvert.
Difficilement, cette âme détruite arrive à articuler.
« —Écar..te toi.»
Sa tante hoche négativement la tête et encore des pleurs s'échappent du cœur incontrôlé de notre jeune héroïne. Elle pleure certes, mais ce que toutes ces personnes ne voient pas, c'est qu'elle pleure également du cœur.
« —Que lui ont-ils fait..ne me le cache pas, je veux savoir et-»
Des pleurs, encore et encore. Le cœur de sa tante se brise et malgré elle, elle se décale laissant devant elle arriver tout ce qu'elle voulait empêcher. Tout à l'heure, sa nièce ne voyait pas des yeux, seulement du cœur, elle ne voyait pas les plaies extérieures de sa mère, cette femme sans équivalent. Au moment où le corps de sa mère est dévoilé à ses yeux, elle analyse très distinctement chaque égratignure de ce corps sans vie. Son regard passe d'abord sur le visage de sa mère. Elle s'approche, les larmes toujours coulantes. Elle touche la joue droite de sa mère, d'ailleurs la seule existante. L'autre a été arrachée. Sa mâchoire était apparente. Quelques larmes se cognent contre le front plein de sang de sa mère et retombent dans cette mâchoire hachée.
Son regard descend ensuite vers le corps de sa mère et peut-être est-ce à ce moment là que tout s'est joué. Elle a tout compris, même l'incompréhensible. La robe longue de sa mère était déchiquetée. Sa chemise blanche arrachée, sa poitrine pendait. D'ailleurs il ne restait au corps de sa mère plus qu'un unique sein. Égratigné, presque sans peau. Sa main se plaque violemment contre sa bouche empêchant un cri d'effroi de s'échapper. Son regard dévie vers les jambes de sa mère, en sang, comme tout le reste du corps. Mais un détail, qui n'est plus un détail, ne pouvait échapper à n'importe quel œil portant son iris vers ce corps là.
Ses jambes étaient blanches, ses cuisses sans peau. La main droite de sa mère qui reposait sur le ventre de celle-ci contenait des griffures, des égratignures. Sa mère s'était défendue, loyalement, sauvagement. Elle s'était défendue et n'avait pas échoué. Car, après tout, ne s'est-elle pas envolée vers son Créateur ? N'était-ce pas la fin d'un mirage et le début d'une réalité ?
Si.
Mais en attendant, c'était seulement le début d'un cauchemar sans fin pour celle qu'elle laissait sur cette terre. Celle-là même qui réalisait le calvaire qu'avait vécu sa mère quelques secondes seulement avant que son âme ne s'envole. Son ventre pendait presque. Son visage d'habitude angélique exprimait un désarroi sans précédent.
« —Torturé e? V..violée ? Ils ont..ils ont violé ma..ma maman ?»
Les femmes présentes dévient leurs regards, les visages emplis de larmes. Sa tante s'écroule par terre, imaginant à son tour le calvaire vécue par sa seule sœur. Mais aussi et surtout en s'imaginant l'état du cœur de sa fille.
« —Ils..ils ont fait souffrir celle..celle qui m'a mise au monde ? Ils..ils ont profité d'elle ? Ils..ils l'ont..l'ont touché ? Ma..ma..ma maman à moi ? La mienne ? »
Elle n'existait comme plus. Cette âme comprenait sans comprendre.
Enfin de compte, elle mourrait elle aussi.
Elle comprenait.
«Nos enfants pleurent pour la dernière console,
Eux, pleurent la mort de leur mère.»-Xinnocent, qui aurait pu être votre neveu.
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«Et la mort les fait vivre»
Historical Fiction«Sur ce papier, glisse ma plume, assombrie par l'encre de mes pensées noires. Mes pensées, voilées par les mirages me consumant, tournent en boucle et meurent avant même d'avoir laissé place à une once d'espoir.» -Xinnocent -Conformément aux droits...