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«La mort, c'est ce qui nous attend tous, pourtant, combien d'entre nous vivent comme s'ils n'allaient jamais mourir ?»
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C'est ainsi. C'est ainsi et ce n'est pas autrement. C'est justement à cause mais aussi grâce à tout cela que nous sommes ici. C'est grâce à des multitudes d'expériences, à cause de ces nombreuses déceptions, après des milliards de batailles, et un fond d'espoir que nous sommes qui nous sommes.

Mais nous ne pouvons être qui nous voulons être sans un pilier réel. C'est son cas mais aussi et surtout le cas de milliards de personnes oubliées à travers ce monde empli d'injustices. Est-ce donc cela la vie ? La vie dans toute sa splendeur ? Ou dans son injuste dimension ? Non, la vie n'est pas injuste mais l'être humain, lui, l'est. Et nous n'avons qu'à observer pour l'affirmer. Nous ne parlons pas ici de telle ou telle banalité faisant partie de la vie de n'importe quelle personne. Nous parlons de tout ce qui peut nous offusquer, nous choquer, et malgré ça, observez la nature de l'humain, personne ne criera à l'injustice. Ils le penseront très sûrement mais ne se dresseront jamais contre.

Et l'excuse sera pour toujours et à jamais : c'est la vie.

La vie ? C'est donc cela la vie ?  Être insatisfait de tout ce que l'on a ? Demander toujours plus ? Oublier son humanité ? Oui c'est la vie. Mais pas la vie dont peut rêver toute personne intelligente, non. C'est la vie banale qu'ont décidé de mener les personnes qui ne veulent pas réfléchir.

Et aujourd'hui, dans les profondeurs de toute cette obscurité sans fond, elle, cette jolie héroïne à la pureté morale inéluctable, vient de perdre sa mère. Sa mère, après avoir perdu son frère et son père. Elle pleure, certes, mais le courage enfoui dans son cœur dépasse sans aucun doute tout le courage dont vous pourriez faire preuve. C'est fort simple, imaginez-vous à sa place, auriez-vous le courage et la puissance nécessaire pour affronter tout cela ?

Ses yeux, d'une brillance étonnante de tristesse, se relèvent. Elle ne croise aucun regard. Elle se lève. Elle traîne des pieds mais se reprend. Les femmes présentes s'écartent, créent un passage. Elle passe en relevant la tête avec fierté. Puis, sous les cris de sa tante qui tente de la convaincre de rester, sous les inéluctables bruits de bombes assoiffées de sang, sous les milliers de tirs ennemis et amis, elle court.

Elle court, elle court à s'en couper la respiration, à en mourir, mais elle court. Elle court vers la barrière militaire présente à quelques mètres de cette grotte. Là où tout se passe. Là où existe une tranchée abritant les hommes les protégeant. Elle court, elle ne s'arrête pas, et fini par arriver devant cette tranchée. Des centaines d'hommes sont exposés à des milliers de tirs. Ils crient des ordres, il crient des paroles dans une langue qu'elle connaît très bien. Elle pleure inconsciemment, et n'essaie pas même d'essuyer ses larmes. Elle n'essuie et n'efface rien. Elle ne veut pas oublier, elle veut toujours se remémorer, se souvenir de chaque détail.

Elle avance, dans sa longue traine, dans sa longue robe tachée de sang pur, son voile virevoltant autour d'elle. Des têtes se tournent vers elle, les hommes écarquillent les yeux, mais seulement à la vue du sang, rien de plus, car dans ces rangs d'hommes existent aussi des femmes. Qui se battent pour leur patrie.

Elle avance, avance et avance sous la menace de milliers de balles qui fusent.

Mais elle avance, sans hésiter. 


                                                                                                 "Et ce qui devait arriver,                                                                                                                                             arriva."



               -Xinnocent, ça aurait pu être vous. 

«Et la mort les fait vivre»Où les histoires vivent. Découvrez maintenant