Nouvelle #6

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Ténèbres

Une douleur lancinante. Des pensées fiévreuses. J'entends mon cœur qui bat dans ma poitrine.

Je n'arrive pas à ouvrir les yeux. Impossible d'esquisser le moindre mouvement. Je suis immobilisée, je ne peux qu'écouter le bruit de mon cœur.

Qu'est-ce que je fais là ?

Ténèbres.

Mes yeux s'ouvrent brusquement. J'ai l'impression de sortir la tête de l'eau, de reprendre ma respiration comme une noyée.

La pièce est sombre autour de moi. Elle est presque vide, et le rayon de lumière pâle qui filtre à travers le store qui bouche la fenêtre n'éclaire qu'un fauteuil dans l'angle, les murs unis - blancs ou gris pâle - et le lit où je suis installée.

Les draps immaculés ressortent dans la pénombre. Je tente de me redresser, mais ce seul mouvement me paraît impossible. Je suis trop épuisée. Tout ce que j'arrive à faire c'est tourner la tête vers la gauche ou vers la droite. Mon regard rencontre un pied à perfusion sur lequel est accrochée une poche de liquide translucide. Il se déverse goutte à goutte dans un tuyau qui disparaît sous la couette qui me recouvre. Le tuyau rejoint sûrement mon bras.

J'essaie une fois de plus de me redresser. Impossible. Je me laisse retomber contre l'oreiller, essoufflée comme si je venais de courir pendant plusieurs heures. Je ne peux pas voir plus que cette fenêtre, ce fauteuil, cette perfusion et les draps de mon lit. Impossible de découvrir ce qui se trouve en face de moi.

Ténèbres.

La lumière froide de l'extérieur éclaire la chambre lorsque je me réveille. Les stores ont été ouverts, et la perfusion à légèrement bougé. Quelqu'un est venu pendant que je dormais.

J'arrive péniblement à me redresser sur les coudes. J'observe à nouveau la pièce à la lumière du jour cette fois. Plafond blanc, murs blancs, lit blanc, perfusion... Ça ressemble beaucoup à l'idée que je me ferais d'un hôpital.

La fenêtre ne m'apprend pas grand chose. Je peux à peine apercevoir une rangée d'immeubles, plus banals les uns que les autres.

Une vague de fatigue s'abat sur moi. Mes paupières se ferment. Et alors que mon cerveau semble se mettre en veille, une question me vient subitement.

Comment est-ce que je m'appelle ?

Ténèbres.

Je me réveille en sursaut. Un rayon de lune illumine mon lit. Je me redresse tant bien que mal, jusqu'à m'asseoir cette fois. Et là, je me fige.

Il y a quelqu'un face à moi. Je peux l'apercevoir à travers une vitre qui n'était pas là avant. On a du me faire changer de chambre.

C'est une jeune femme. Elle a la peau pâle, immaculée dans la lumière de la lune. Ses boucles sombres tombent en arabesques sur ses épaules couvertes d'un T-shirt blanc semblable au mien.

Elle se tient assise dans son lit, dans la même position que moi. Elle fixe le vide devant elle, mais je ne peux pas savoir si elle me voit. Elle a l'air tellement absente...

Je détourne mon regard de la nouvelle arrivante. Elle est un peu étrange.

Je ferme les yeux, et j'essaie de me concentrer. Qu'est-ce que je fais ici ? Comment est-ce que je m'appelle ?

Je suis tellement fatiguée...

Ténèbres.

Mes paupières s'ouvrent pour laisser place à la vision unie du plafond. Je commence à bien connaître ce paysage.

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