CHAPITRE VI.

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[Sur ce, il fermit la porte, laissant Bertholdt seul debout au milieu de sa cuisine, sa main retraçant le chemin qu'avait fait celle de Reiner.]

Il ne revit plus le blond pendant plusieurs jours, ce qui lui donna un peu plus le cafard. Cependant, sa tristesse à propos de son anniversaire s'était atténuée, il était passé à autre chose. Les excuses de Reiner lui avait mit un peu de baume au coeur. Quand il se rendit au travail, ce jour-là, il était de bonne humeur. Le soleil brillait, les oiseaux chantaient joyeusement, annonçant la fin de l'été. Il marchait d'un bon pas, se rapprochant rapidement de l'exploitation. En chemin, il croisa Eren et les autres, mais ils regardèrent leurs chaussures ou fîmes de ne pas l'avoir remarqué. Ce fut une des journées de travail les plus paisibles de sa vie. Il resta seul avec lui-même, à réfléchir a beaucoup de choses tout en balayant la grande cour et l'écurie. Il eut un regard nostalgique vers le cheval qu'il avait monté pour aller en ville avec Reiner.

-T'aimerai bien sortir un peu, hein ? demanda-t-il à l'animal qui l'observait avec intêret. Faire un petit tour dehors ?

Une idée lui vint. Il pensa à monter à cheval en douce, histoire de se balader un peu. Mais il n'avait pas le droit...Si jamais son patron le voyait, il risquait de perdre son travail. Et puis, cela revenait à voler le cheval. Il se résigna donc et rentra chez lui, les mains dans les poches, fixant ses pieds.

-Tiens, Bertholdt !

Il entendit des sabots claquer sur la rue pavée derrière lui. Quand il se retourna, il vit Reiner, monté sur un gigantesque cheval noir. La couleur de la monture contrastait parfaitement avec le blond clair de son cavalier. Il avait l'air d'un prince, ou mieux, d'un roi.

-Bonjour, Reiner, a dit le brun quand l'autre s'est arrêté à coté de lui.

-Qu'est-ce que tu penses de cette brave bête ? Je l'ai achetée à la foire aujourd'hui.

Voià pourquoi je ne l'ai pas vu de la journée, se dit le grand.

-Elle est belle, et elle est très grande, surtout.

-N'est-ce pas ? J'en avais marre d'être un rase-moquette...Tu sais quoi, je dois retourner à la foire demain, pour acheter des graines pour les cultures. Que dirais-tu de m'accompagner ?

Le brun n'hésita pas longtemps devant l'air enjoué et bienveillant de son ami.

-C'est d'accord.

-Alors, à demain.

-A demain, Reiner.

Bertholdt rentra chez lui en trottinant sur place, incapable de contenir son excitation. C'était fou, mais malgré ses airs de garçon solitaire, il était content et tout impatient comme un gamin qui attend Noël.

Son cheval suivait sagement celui de Reiner, qui trottinait gentiment. Il atteignirent le lieu de la foire rapidement, et ils se rendirent immédiatement chez un marchand. Le blond semblait connaître l'endroit comme sa poche, alors que le brun devait se concentrer pour ne pas le perdre de vue dans la foule. Ils avaient laissé leurs montures à l'entrée du gigantesque marché.

-On va se dépêcher, a braillé Reiner par-dessus le vacarme. Mon père m'a embêté pour quelques pauvres sacs. On aura vite fait de les charger sur les chevaux !

Bertholdt acquiesca. De toute manière, il n'avait pas son mot à dire. Reiner acheta deux gros sacs de grains à un petit homme au crâne dégarni, qui arrivait à peine au torse de Bertholdt.

Ils rebroussaient désormais chemin, se faufilant dans les montagnes de gens qui cherchaient quoi acheter, hésitaient entre deux articles, courraient après leurs enfants...Reiner serrait les dents, il avait l'air particulièrement agacé par toute cette agitation. De toute évidence, il n'aimait pas les rassemblements de foule. Bertholdt se taisait pour ne pas mettre le feu au poudre. Malheureusement pour lui, il trébucha sur quelque chose qui traînait par terre, et manqua de s'écraser sur une femme qui passait là, un petit enfant dans les bras. Il lâcha son sac pour les éviter de justesse, puis il tomba au sol avec un bruit sourd, ce qui ne manqua pas d'attirer l'attention.

-Voyou ! a craché la paysanne en le regardant se relever. Vous ne pouvez pas regarder où vous mettez vos grandes perches ?

En premier lieu, le brun ne répondit rien, il ne savait pas quoi dire. Mais une petite voix dans sa tête lui botta le derrière. Aller, ne te laisse pas faire !

-Je ne l'ai pas fait exprès ! a-t-il dit d'une voix forte qu'il ne s'était jamais entendu. J'ai fait en sorte de vous éviter !

Reiner observait la scène en même temps que l'attroupement qui s'était formé. Il ouvrit de grands yeux en entendant son ami répondre à une provocation.

-Eh bien, tâchez de dégager le passage, la prochaine fois ! Ici, on aime pas les perturbateurs comme vous !

Mais qu'est-ce qui n'allait pas, avec cette femme ? Pourquoi s'acharnait-elle à l'humilier publiquement comme elle le faisait ?

-Je...

Le courage qu'il avait réussi à rassembler jusque là le quitta brusquement, et il n'avait plus qu'une envie : disparaître, n'être jamais venu. Soudain, un homme apparu, et prit la jeune mère par la taille. C'était sans doute son mari.

-Qu'est-ce qui se passe, ma chérie ? C'est cet enfant de putain qui te fait du tort ?

Bertholdt eut alors cette désagréable impression de faire un bond dans le passé. Il se revit à genoux devant les autres garçons, il se revit se faire insulter sans rien dire. A cet instant, il n'attendait plus que le marchand ne vienne le frapper, lui aussi. Il serra les dents, incapable de répondre. Le type s'approchait de lui dangereusement, poing tendu. Le public retenait son souffle.

-C'est toi, qui emmerde ma femme ? Merdeux !

Il poussa Bertholdt en arrière, qui recula de quelques pas.

-Je vais t'apprendre, moi, à...

Et, comme il y a quelques mois, un puissant crochet du droit fendit l'air, allant s'abattre sur la joue de l'assaillant.

Cette fois-ci, Reiner ne fut pas aussi doux qu'avec Eren. En effet, le petit homme prenait assez cher, sous les yeux affolés de sa compage et de son fils. Bertholdt voulut les séparer, mais la force déployée par son ami l'aurait assomé si, avec l'adrénaline, Reiner venait à se tromper de cible. Du sang jaillit de l'arcade du type, et le blond le mit au sol rapidement, avant de le rouer de coups dans les côtes. Bertholdt profita que son ami lui tournait le dos pour l'attraper par le col de sa tunique.

-Reiner, ça suffit ! Arrête ! beugla-t-il par dessus le vacarme des gens qui criaient "lâche-le, lâche-le !".

Le blond lui lança un regard. Et le brun le lâcha immédiatemment. C'était le regard le plus effrayant qu'il eut jamais vu. Il n'y avait plus de bel éclat doré, il n'y avait qu'une flamme rougeâtre qui cramait furieusement. Reiner avait perdu toute trace de bontée, on aurait dit un animal enragé. Plus rien ne semblait l'arrêter. Mais pourtant il fallait qu'il cesse, parce que sinon il allait tuer son adversaire, qui semblait déjà respirer avec difficulté. Bertholdt n'eut d'autre choix que de le ceinturer de ses bras. Il était certes moins musclé que son ami, mais sa grande taille l'aida à le forcer à se relever.

-Reiner, implora Bertholdt à son oreille. Arrête ça, maintenant, je t'en prie.

Et le blond sembla redevenir lui-même d'un coup. Il souffla un grand coup, et regarda sa victime droit dans les yeux.

-N'insultez plus jamais mon ami devant moi.

[Heyyyy, voilà un nouveau chapitre ! Je suis retournée en cours, alors je ne vous garantis pas que les chapitres sortiront chaque jour, mais environ tous les deux jours (et oui, 8 heures de philo par semaine, ça pique) ! J'espère que cette petite baston vous aura plu, j'ai beaucoup aimé décrire l'expression de Reiner pendant qu'il frappe le paysan ! N'hésitez pas à voter ou a me donner vos avis !

Bonne journée/soirée/nuit ! J'espère que votre rentrée s'est bien passée !]

[REIBERT] Comme un éclat d'or... [TERMINE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant