Chapitre 2: La chambre 666

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Lorsque La Griffe nous donnait aucune mission, nous avions droit à quelques jours de repos, mais la seule condition est que l'on devait rester avec notre trio. J'aurais aimé avoir de l'intimité et pouvoir aller où je veux, seule, mais je n'avais pas trop de quoi me plaindre: Sombra et Gabriel n'étaient pas très envahissants, du moins, Sombra ne l'était pas trop. Et évidemment, pour que l'on ne se fasse pas repérer, nous avions des destinations précises dans lesquelles aller pour se détendre et oublier cinq minutes cette vie de mercenaires que l'on mène. 



La destination du jour était King Row's. Rien qu'en prononçant le nom de cette belle ville, j'ai une dizaine d'images qui défile dans ma tête: le meurtre de Mondatta, la foule affolée, les gardes du corps désemparés... Je ne m'en suis pas si mal sortie, cependant j'aurais pu l'achever plus rapidement s'il n'y avait pas cette foutue gamine aux cheveux courts.



Nous étions dans un hôtel quasiment abandonné. Il y avait du personnel, mais aucun client, je suppose que La Griffe a réservé l'hôtel et a acheté le silence des hôteliers... Ou bien cet hôtel est vraiment médiocre. Nous avions chacun notre chambre, car oui, même si nous devions rester ensemble, il y avait des limites. Entre Sombra, avide de nouvelles expériences en piratant tout et n'importe quoi, à tendance très bavarde, et Gabriel qui broie du noir, c'est tout sauf amusant. L'ambiance est digne d'une fin de soirée arrosée. J'observai l'extérieur plongé dans une nuit noire mais éclairée par des réverbères et des néons, les rues étaient vides et étaient balayées par de grands coups de vents froids mais doux, c'était beau de regarder ces quelques feuilles se faire caresser et entraîner dans une danse sensuelle et harmonieuse avec le vent. A force de rester focalisée sur ce spectacle que j'interprétais moi-même, j'étais à deux doigts de m'endormir mais je me ressaisis lorsque je sentis mon corps se faire dominer par la fatigue. Dans un élan d'ennui, je sortis de ma chambre en prenant bien soin de verrouiller la porte puis errai dans les couloirs silencieusement. Ma balade prit fin lorsque mon regard fût interpellé par la chambre de Faucheur, qui, évidemment, portait le numéro "666".



Comme c'est étonnant...



Je restai immobile face à sa porte, pesant le pour et le contre: devrais-je m'incruster et le rejoindre dans sa déprime constante, ou bien le laisser tranquille et reprendre ma balade ? Pendant que je réfléchissais, je me rapprochai doucement de la porte en touchant du bout des doigts le triple 6 qui ornait la porte boisée et ravagée par le temps. Les chiffres étaient dorés et en passant le bout de mes doigts dessus, je sentis une petite fraîcheur s'emparer de ma peau qui était déjà glacée. Ils devaient être vraiment froids pour me provoquer une telle sensation. Je fus brusquement interrompue dans mon observation lorsque la porte s'ouvrit violemment, la claquant presque contre le mur de la chambre, m'offrant un Faucheur rempli de questions, même si je ne pouvais pas voir son visage pour distinguer son expression.



- Fatale, qu'est-ce que tu veux ? Me demanda-t-il de son éternelle voix profondément rauque et sèche.

- Rien, je me baladais, répondis-je assez innocemment.

- Tu as une étrange notion de la balade si pour toi ça se résume à rester plantée devant une porte... J'ai senti ta présence, puis, c'est pas discret de marcher avec des talons, ajouta-t-il d'un ton légèrement sarcastique tout en jetant un regard sur lesdits talons.

Le baiser de la VeuveWhere stories live. Discover now