Chapitre 14 : Un pacte de folie.

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Au matin, le soleil caresse mon visage et mes yeux s'ouvrent lentement. Le silence pèse. Pas un bruit. Juste celui de ma respiration. En tournant la tête, je vis la porte légèrement ouverte. Dans mes souvenirs d'hier soir, elle était belle et bien fermée. Je décide alors d'aller voir. En prenant appui sur le lit, je me lève doucement et remarque que la douleur de mes jambes s'était un peu estompée. Je réussis à me tenir debout et marche tout doucement vers la porte. Soudain, alors que j'étais à mi-chemin, une servante ouvre celle-ci à la volée et m'attrape par le bras.

- Il vous faut me suivre Mademoiselle ! dit-elle avec empressement.

- Allons, qu'y a-t-il ? je suis surprise.

Sans dire plus, elle me tire hors de ma chambre. Pendant que nous marchons dans la précipitation, je manque plusieurs fois de tomber. Heureusement, la destination n'était pas très loin. Nous entrons dans une immense pièce faite majoritairement de marbre blanc et de glace épaisse. Ces alliages sont magnifiques et laissent quelques côtés brillants au plafond formant une spirale ornée de cristal. Au centre se trouve un grand bassin avec énormément de pétales de fleurs. On ne voit presque pas l'eau qui se cache en dessous.

- Excusez moi, mais pourq...

- Enfin Mademoiselle, c'est un grand jour aujourd'hui ! dit-elle en me dépouillant.

N'osant pas lui demander plus, je la laisse faire et découvre mes jambes beaucoup moins bleues qu'hier et entre lentement dans le bassin. L'eau est chaude et apaisante. Les pétales de fleurs émanent une odeur délicate. La servante prend soin de mon visage ainsi que mes cheveux en les massant avec de l'huile naturel. Cela faisait un bien fou après mon séjour dans la neige. Je reste pendant au moins une quinzaine de minutes dans l'eau. Quand soudain la porte s'ouvre. J'ai le réflexe de plonger dans l'eau et d'attendre que tout se passe mais par manque de souffle mon visage ressort d'un coup.

- Joyeux anniversaire Anaë !

En ouvrant les yeux, Círdan était debout en face de moi. Surprise, je lui balance de l'eau en pleine figure.

- Qu'est-ce que tu fais là ?! je crie.

- Ne t'en fais pas, je ne fais que passer !

Gêné, il passe une main derrière la tête et dépose une petite boîte auprès du bassin et repart aussitôt. Curieuse, je regarde le contenu et trouve une magnifique chaîne argentée pour cheveux. En dessous du velours bleu nuit se trouve un papier écrit "Joyeux anniversaire ! Círdan." et souris. Un peu plus tard, la servante m'aide à me sécher et me ramène dans ma chambre. Ne comprenant pas son action, elle m'habille d'une grande robe blanche cintrée ayant une longue traîne assez évasée et comportant des ornements de paillettes vers le bas de celle-ci rendant le tout resplendissant. Fière de son résultat elle passe à la coiffure. La vieille dame ramasse mes cheveux en un beau chignon imposant et inclut le bijoux de Círdan par-dessus. Une fois terminé, elle me retourne vers le grand miroir qui était juste derrière moi. Stupéfaite, je ne savais pas comment réagir. Fallait-il se réjouir d'avoir une belle tenue le jour de son anniversaire ou bien s'inquiéter que ce soit une robe de mariée ?

- J'espère que votre tenue vous plaît ? S'interroge la servante.

- J...Je... Mais pourquoi cette...

- Ne vous inquiétez pas, votre futur mari sera aussi élégant que vous !

À ces mots, la porte s'ouvre et je vois mon père franchir celle-ci. À ma grande surprise, je reste immobile et contemple son regard sombre mais aussi rempli de tristesse. La servante nous salue et nous laisse.

- Que faîtes-vous ici ?! Et que signifie cette mascarade ?! je commence à m'emporter.

- Je suis obligé. Malheureusement... Je ne l'ai jamais souhaitésurtout en ce jour... dit-il d'une voix douce qu'auparavant je n'avais entendu.

Mais face à ma colère qui commence à brûler, je ne peux tenir ma langue.

- Comment ça jamais souhaiter ?! C'est vous ! C'est vous qui avait souhaité mon mariage lors de mes 18 ans futurs ! Ne faîtes pas l'innocent ! je m'emporte.

Son regard semble s'attrister encore plus. Il ne dit rien.

- Je ne comprends plus rien ! Pourquoi affichez-vous cet air ?! Vous étiez strict la dernière fois que je vous ai parlé de ce sujet ! A qui m'avez vous promise ?! Je n'en peux plus de toute cette plaisanterie ! Je vous déteste et n'imaginez même pas une seconde que je vous porte dans mon cœur !

Je m'assoie sur une chaise en velours pas loin et tente de me calmer. Il ne bouge pas mais tente d'articuler quelques mots.

- Écoute Anaë... Ce n'est facile pour personne... Je ne t'avais rien dit de plus car j'avais peur de ta réaction... mes yeux se lèvent vers lui... Ton mariage est une alliance entre deux royaumes et je suis contraint de l'accepter. Je ne l'ai jamais voulu mais c'est pour ton bien...

- Pour mon bien ?! Vous ruinez ma vie en m'enfermant comme un oiseau et vous voulez que je me marie pour mon bien ?! Mais c'est absurde ! Quel pacte de folie me faîtes-vous là ?!

- Écoute-moi je t'en prie... C'est pour ta survie Anaë et que tu puisses grandir en tant que rei...

- Je me fiche de ma survie ! Je veux être libre et être guidée par le chemin où mon cœur me conduira !

- Anaë s'il te plaît ne rend pas les choses plus difficile qu'elles ne le sont... il met une main sur sa tête et soupire. Je pense que tu as compris l'histoire de ta mère... dit-il en m'indiquant le médaillon que je porte.

Je hoche la tête.

- Alors... si vous faîtes tout cela... C'est par amour ?

- Évidemment Anaë... dit-il d'une voix douce... Tu es tout ce qui me reste et je m'en veux tellement de t'avoir fait souffrir... Je voulais simplement te protéger...

Touchée par ces mots, je me relève et le serre dans mes bras pour la première fois. Puis soudain, on frappe à la porte et Terendul apparaît.

- Je ne crains de vouloir dérangé vos retrouvailles familiales mais nous approchons du moment venu... si vous voulez bien me suivre mon très cher frère. il fixe mon père avec une telle froideur et lui sourit malicieusement.

Anaë _ Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant