Anaë _ Tome 1

Chapitre 21 : Inquiétude.

Surpris, Elros et moi échangeons un regard inquiet. Il prend ma main et regarde derrière le mur.

- Reste ici. Ça peut être dangereux.

- Non, je viens avec toi ! dis-je avec inquiétude.

Il soupire et acquiesce de la tête.

- D'accord mais j'y vais en premier. Il ne faut pas qu'on nous voie ensemble.

Je lui fis un signe de tête et je le vois partir vers la salle de bal. Impatiente, j'enchaîne le pas quelques secondes après lui. Je m'avance petit à petit et de loin je vois plusieurs personnes rassemblées formant une foule. Je rentre dans la pièce et me faufile entre les personnes. À ma grande surprise, je me retiens de crier quand je vis mon père allongé sur le sol et inconscient. Plusieurs personnes tentent de le réveiller mais en vain. Derrière deux ou trois personnes je vois un verre déjà renversé par terre. Le contenu est également étalé sous les chaussures des gens affolés. Je m'approche de lui et pose mes mains sur ses joues. Une larme s'écoule le long de son visage. Une de mes larmes vient aussi s'écraser sur ses lèvres.

- Ne vous en faîtes pas... Je nous vengerai... Je vous le promets... je chuchote au creux de son oreille.

Après une dernière tentative de réveil, les gardes transportent mon père jusqu'à sa chambre. Je me dirige près du trône et demande l'attention de tout le monde.

- Je sais que le moment est très délicat mais je vous demanderai de ne pas vous inquiéter. Votre roi est fort. Il saura tenir je vous en fais la promesse. Cependant vu les circonstances, je déclare mettre fin à cette soirée. Merci à vous tous d'être venus ce soir. Je vous dis à bientôt. Merci.

Un à un, les personnes viennent pour me remercier et s'en vont. Une fois terminés, un long silence pèse dans la pièce. Bouleversé, je descends de l'estrade et me tiens contre le mur. Les servantes se mettent toutes à nettoyer la pièce tandis que l'une d'entre elles s'approche de moi.

- Madame, le roi est entre de bonnes mains. Un des invités s'avère être médecin et il s'occupe déjà du roi. Dès demain vous pourrez lui rendre visite. dit-elle rapidement en me saluant et en repartant au travail.

J'acquiesce de la tête, le regard dans le vide. Elros s'approche de moi et me prend par la main pour me rassurer.

- Ne t'en fais pas, tout va bien se passé.

Quand je lève mes yeux vers les siens, une larme se met à couler le long de mon visage. Sans hésiter, il vient la sécher.

- Il faut qu'on soit forts. C'est ce que ton père veut n'est-ce pas ? Alors, n'aie pas peur et fonce ! il soutient mon regard et sourit.

- Oui je sais mais j'ai peur... Je me sens encore plus seule sans mon père...

- Non Anaë, tu ne seras jamais seule. Je suis là et je serai toujours là quoiqu'il arrive. puis il me fait un doux baiser sur mon front.

Soudain, trois grands coups frappent à la porte. Deux gardes ouvrent celle-ci et je vis Círdan entrer. Il se dirige à pas rapide vers nous et commence à dévisager Elros du regard. Mais quant à lui, il ne semble pas faire un compte et continue à m'adresser la parole.

- Madame, votre soirée était exquise. Je vous en remercie infiniment. Nous nous reverrons lors des prochaines cérémonies.

Puis Elros me fit un clin d'œil ainsi qu'une belle révérence avant de s'en aller. Círdan le fixe avec mépris. Une fois disparu derrière les portes, Círdan se retourne vers moi.

- Qui était-ce ? dit-il d'une voix grave.

- Un invité aimable. Comme tous les autres. dis-je d'un ton cassant. Que me vaut l'honneur de ta venue ?

- J'ai eu les n... Euh... Je voulais venir te chercher.

- Absolument ce soir ? Ne pourrais-je pas passer une nuit auprès de mon père ?

Un long silence s'installe et il semble hésitant dans sa voix.

- Bien, mais dans ce cas je resterai aussi.

- Comme tu veux mais ce soir c'est auprès de mon père que je me couche.

Un peu déçu, il se contente de sourire et acquiesce.
Après m'être changée pour la nuit, je marche dans le couloir en direction des appartements de mon père. Soudain, je sens qu'on m'attrape par le bras. Je me retourne et vit Círdan dans la pénombre.

- Écoute Anaë... Je sais que tu ne me portes pas tellement dans ton coeur depuis mais je pense que ça peut évoluer entre nous... On ne doit pas se renfermer... Tu sais... Je...

- Oui Círdan... Je sais... Je garde toujours la complicité d'amitié tu sais. Je ne peux et ne pourrai pas penser plus loin avec toi je suis désolée...

Sans me laisser le temps de continuer, il me plaque violemment contre le mur et son visage s'approche du mien. Son regard change. Ses yeux glacés sont perçants et menaçants... Comme si d'un coup il parvient à changer de personnalité.

- Écoute Anaë, nous sommes mariés. Désormais tu es femme et je suis ton mari. Nous devons nous aimer mutuellement. il prend une mèche de mes cheveux pour la sentir délicatement. Et moi, je t'aime... Tu ne sais pas à quel point. Je ferais n'importe quoi juste pour que tu aies de l'attention pour moi... sa voix change et devient rauque. Tu es à moi...

Soudain, son visage s'approche encore de plus belle. Je tourne la tête dans tous les sens pour éviter quelconque contact. J'essaie en vain de me dégager mais ses mains se resserrent de plus en plus sur mes poignets. Je gémis de douleur et essaie de le pousser de toutes mes forces toujours sans résultat... Des larmes coulent à nouveau et ma fatigue commence de plus en plus à me prendre. Ses lèvres viennent se loger dans mon cou et enchaînent les baisers tout le long de ma gorge. À chaque fois que j'essaie de le repousser, ses mains se resserrent encore et encore. Un cri de douleur s'échappe de ma bouche.

- Lâche-moi espèce de monstre !

Puis un moment de silence règne. Il me relâche enfin et je tombe à genoux sur le sol. Il recule d'un air surpris et me fixe sans un mot. N'attendant rien de sa part, je me relève et file dans ma chambre. En entrant dans celle-ci, je jette un coup d'oeil à mon reflet dans la glace et constate que mon coup est orné de mauve ici ou là. Mes mains sont rougeâtres à cause de la forte pression et des gouttes de sueur perlent un peu partout sur mon visage et sur mon cou. Je décide donc d'aller prendre une douche.