Chapitre 18 : Enfin à la maison.

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Les mois passent et tombent comme des grains de sable dans un sablier... Plus ils s'écoulent, plus je me sens pourrir comme une fleur sans eau... Chaque jour je marche dans les mêmes couloirs et m'occupe comme je peux en cueillant des fleurs de temps à autre et plus les minutes passent, plus j'ai l'impression que Círdan essaie de se rapprocher davantage de moi. Quelle oppressante vie ! Parfois je me demande si mon inconnu surgira un jour ou encore si Elros reviendra lors d'une future cérémonie. Toutes ces questions bouillonnent dans ma tête alors que je parviens à revenir à la réalité.

Jour n°101 : Encore ces nuages d'un blanc éblouissant présents pour me réveiller. Je regarde derrière moi et ne vois personne. Je m'étire et prends place au milieu du lit et soupire.

- Encore une journée monotone... Génial...

Je me lève doucement et tente de remettre un peu d'ordre dans mes cheveux en pagaille. Puis, je me dirige vers la salle de bain et me glisse dans l'eau bouillante déjà préparée. Je joue avec les pétales de rose éparpillés dans l'eau. Tout à coup, la porte s'ouvre à la volée et la servante apparaît.

- Madame ! Vous avez reçu une invitation de votre père !

Sans me laisser le temps de répondre, elle laisse l'enveloppe sous une bouteille d'huile en verre et repart aussitôt. Je la prends et observe les détails dorés qui sont dessinés sur le contour de celle-ci. Puis je l'ouvre délicatement.

- Mon enfant, j'espère que tu te portes bien. Il y a bien longtemps que nous ne nous sommes pas vu. Je reçois tes messages chaque semaine et je suis heureux qu'il ne t'arrive rien. Il est temps que père et fille se retrouvent comme auparavant. C'est pourquoi j'organise une fête ce soir pour ton retour. Une calèche sera présente au château. Ne sois pas en retard, tu manques à ton père.

Je repose la lettre, souriante. Hâtive, je sors de l'eau tellement rapidement que je manque de glisser. Je me sèche et revêts une longue robe cintrée vert foncé, des manches longues avec quelques détails qui ornent le bustier. Je me dirige vers la salle à manger. À la grande table, je retrouve Cirdan et son père. Mon sourire se fige immédiatement et je les rejoins.

- Tu as bien dormi mon ange ? m'adresse Círdan.

À entendre ce surnom, je le fixe avec des yeux froids et réponds avec politesse car son père aussi semble attendre une quelconque réponse...

- Oui merci.

Puis je m'assois juste à ses côtés et déjeune tranquillement.

- Ce soir, il paraît que votre père vous invite à un gala pour votre retour ? Terendul me fixe d'un regard noir.

Tout en l'évitant, j'acquiesce et fais un léger sourire. Cet homme ne me présage rien de bon... Même s'il me donne toute son hospitalité, une part de lui meurt d'envie de m'étrangler la nuit. Malgré tout, je reste sur mes gardes et reste vigilante à ses moindres faits et gestes. Une demi heure plus tard, plongés dans le silence et le regard inquiet de Círdan ainsi que la mine froide de Terendul, nous finissons par quitter la table. Avec hâte, les servantes m'emmènent dans une grande pièce qui s'ouvre sur un immense dressing. À l'intérieur, des robes, des bijoux, des chaussures, et autres accessoires se comptent par milliers. Je n'ai que l'embarras du choix...

Après quelques heures d'essayage, j'opte pour une robe bleu évasée avec un décolleté au niveau des épaules et des fleurs ornant le bustier. Des strasses argentés s'ajoutent sur la jupe de la robe et un énorme nœud papillon bleu foncé se referme derrière le bas de mon dos. N'osant faire une coiffure extravagante, je ramasse mes longs cheveux en un gros chignon et l'entoure d'un ruban qui semble faire l'affaire. Pour finir, l'une des servantes chausse mes pieds d'une paire de pantoufle bleu légèrement transparent. Enfin, me voilà prête !

En sortant du dressing, je vois Círdan qui me dévisage.

- Tu es beaucoup trop magnifique ! dit-il d'un air que je ne connaissais pas avant.

Serait-il jaloux ? Ça ne serait pas la première fois mais bon...

- Merci. je dis en baissant la tête.

Je me dirige vers la sortie du château et aperçoit la calèche avec ses beaux étalons d'un marron brillant et prononcé. Je souris en les voyant. Quand je m'apprête à sortir, Círdan me retient par le bras.

- Euh... Amuse toi bien et... euh... Reviens vite...

- Ne t'en fais pas, je ne reste qu'une nuit. je lui dis par politesse et pour tenter de l'apaiser.

Il finit enfin par me lâcher. Je me précipite hâtive vers la calèche en bois tressé. Une fois à l'intérieur, le cocher me fait un signe de tête pour me prévenir du départ et c'est avec un grand soulagement que je vois le château de glace rétrécir petit à petit au loin.

Après une heure de route, je vois à nouveau de la verdure et ne peux cacher une pointe de joie en regardant toutes les belles fleurs et les beaux et grands arbres verts qui m'ont tellement manqué. Je reste sans voix et continu à admirer ma soeur nature. Au loin, je vois une ombre passer à toute vitesse entre deux buissons. Curieusement je ne ressens aucune peur. Peut-être que c'est mon inconnu qui se balade dans les bois... À cette pensée, je me mords la lèvre inférieur. N'importe quoi Anaë ! Puis je détourne le regard pour me changer les idées. Une fois arrivés devant une grande allée d'arbres, le dôme apparaît sous nos yeux. Le cocher sort un collier au bout duquel brille une petite pierre bleue semblable à la celle de ma mère. Surprise, la grande barrière magique s'ouvre légèrement pour que nous puissions passer. Comment se fait-il qu'il ait le même pendentif que moi ? Étrange... Une fois que la barrière se referme derrière nous, le château se montre enfin à mes yeux et une lueur de joie se fit à mon sourire.

Anaë _ Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant