Chapitre 22

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Il était très concentré et fier de pouvoir accomplir sa tâche : me donner à manger et à boire. Adrien était en retrait, se sentant un peu de trop. Mais il n'avait nul part d'autre où aller.


Lorsque nous avions terminé notre maigre repas, j'appelai le blond pour combler le blanc qui s'était installé dans la pièce.

« Tu n'es pas fou toi ?

- Non. Ça peut sauter une génération.

- .... merci pour le repas.

- Vous devriez partir maintenant.

- Ouais... Et toi ?

- Je vais rester ici... pour ma mère. Et puis je ne veux pas vous déranger alors je ne viendrais pas avec vous. (ses yeux nous suppliaient de ne pas le laisser seul ici)

- Tu ne nous dé... commençai-je avant d'être coupée par Zack

- Ok, c'est où la sortie. »


Le blond approcha un plan de Zack, la tête baissée. L'homme le prit, le tourna dans tous les sens et finit par me le tendre et regardant le plafond. Il n'avait pas su lire la carte. Je ris encore.

Nous devions d'abord passer dans le local technique pour récupérer la faux, et sortir en suivant les couloirs, toujours à droite.

Nous étions prêts à partir. Adrien entama alors un long monologue. Il se sentait déjà seul, et ne voulait pas vraiment nous laisser partir. Il gagnait quelques précieuses secondes en nous faisant perdre les nôtres.

Il aimait notre compagnie. Mais Zack s'impatientait. Je restais polie et l'écoutais sans oser lui dire que nous étions pressés. J'appris quand même que dehors il faisait nuit, ce qui faciliterait notre évasion. Il fallait donc encore plus s'activer.

Zack faisait les cent pas et son énervement montait crescendo. Il marcha d'un coup vers les chaînes qui l'attachaient plus tôt dans la journée. Adrien ne remarqua rien, et continuait à débiter des informations absurdes et inutiles. L'homme, plus qu'énervé, ramassa la pince-étau, qui avait servi à le frapper.

« Bon, merci pour toutes ces informations suuuper intéressantes, mais je préfère quand tu fermes ta gueule » Et il envoya l'outil sur le crâne blond, qui s'effondra instantanément.

Je regardais la scène avec des yeux ronds. Zack soupira d'un ton désabusé " j'y suis pas allé trop fort t'inquiètes y va pas mourir ". Il se dirigea vers la porte en déclarant « Ma faux » et posa sa main sur la poignée.

Je me levai difficilement. Mes jambes flageolaient. J'avançai vers le bandé. Avant de franchir la porte, je me retournai et déclarai « Merci, à bientôt.. cousin » Je souris au petit blond endormi et me retournai vers les couloirs sombres.


***


Je n'avais jamais été si faible dans ma petite vie. Je me traînais, me tenant au mur, en regardant vaguement la carte impossible à déchiffrer dans la pénombre des couloirs. Zack marchait vite, pressé d'en découdre.

Il m'était impossible de suivre son rythme soutenu et cela avait le don de l'exaspérer. Je soufflai fort pour reprendre ma respiration. Il soufflai fort car il était énervé. Avais-je fais quelque chose de mal ? Je n'osais pas demander.

L'endroit était silencieux. Si silencieux que s'en était angoissant. Je camouflai mes pas mais Zack en avait décidé autrement. « Il sont qu'à venir ces enfoirés : on s'en fout, je les crèverai tous »


D'après mes souvenirs, le local était ici. Je m approchai et sentis sur mon ventre la poignée ronde verrouillée. L'homme prit l'initiative de la défoncer, même si j'aurais préféré trouver un moyen plus discret.

Nous étions en désaccord sur tout. Lui et sa tête brûlée, moi et ma prudence. Mais c'était à moi de me plier à ses règles. Il était le plus grand et le plus fort de nous deux. Je n'avais pas à discuter ses intentions.

Deux coups d'épaule du Faucheur. La porte était bien moins résistante que lui. Elle tomba à la renverse avec un grand fracas. Il entra et commença à fouiller dans le noir. Je le discernais à peine et m'étonnai qu'il puisse si bien s'accommoder au noir.

Je commençai moi aussi à chercher la faux, sous les grognements de reproche de l'homme. Je touchai les étagères les plus proches de moi. Je sentis un manche cylindrique. Une lampe torche ? Espérais-je. Non. Seulement un rouleau à pâtisser. Je ne voyais pas la raison de sa présence, mais je n'avais pas le temps de penser déco.

Lorsque le garçon toucha enfin sa lame, il poussa un cri de satisfaction qui me fit sursauter. Il ressortit de la pièce en lâchant un « viens » sur un ton froid. Je voyais ses yeux briller dans le noir. Il me tendit un couteau et argumenta que comme ça, je pourrais me battre aussi.

Je rigolais en mon fort intérieur. Je ne serai pas d'une grande utilité mais, à quoi bon le contredire ? Il n écouterait pas. Il commença à repartir... dans le mauvais sens. « Zack on vient d'ici... C'est de ce côté-là. » Je pointais du doigt la bonne direction même s'il ne pouvait le voir. Il grogna et repassa devant moi. Je repris son rythme.



:)


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⏰ Dernière mise à jour : Sep 23, 2018 ⏰

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