La sœur du marié

Rencontre

Elle plongea ses grands yeux verts dans les miens et m'hypnotisa du regard. Les traits fins de son visage et son sourire charmant ne parvenaient pas à me faire regarder ailleurs que dans ses magnifiques yeux aux longs cils. La peau délicatement bronzée de son visage se rapprocha de moi. Mon cœur s'accélérait, des sensations inconnues s'emparaient de moi. Ses doigts fins attrapèrent chaleureusement mon bras. Son parfum doux et fleuri remplit mon univers pendant que sa joue frôlait mes lèvres avant de caresser ma propre joue. Du coin de la bouche, elle déposa un baiser près de mon oreille. Son carré châtain s'éloigna trop vite et passa de l'autre côté de mon visage où elle déposa un second baiser auquel j'eus bien du mal à répondre.

— Je te présente ma sœur, Nathalie.

C'est comme ça que je l'ai rencontrée. La sœur de mon copain, Nathalie. Un trouble me gagna immédiatement et ce jour-là, je n'ai pas pu penser à autre chose que ses magnifiques yeux verts hypnotisants.

Il faut dire que c'était déjà ce qui m'avait séduit chez mon copain. Il a presque les mêmes. Non, les siens sont nettement moins hypnotisants.

Encore aujourd'hui, je me rappelle parfaitement cette rencontre.

Encore aujourd'hui, je suis totalement perdue dès qu'elle me regarde.

Encore aujourd'hui, une boule se crée dans mon ventre à chaque fois que je l'imagine.

Pourtant, aujourd'hui, je suis bien obligée de penser à elle, puisqu'elle va venir vivre avec nous quelques jours pour préparer le mariage. Eh oui, je vous parle de mon copain, mais il sera bientôt mon mari ! Je me saisis des plans de table et le rejoins dans le salon. Assis sur le canapé au milieu de bougeoirs faits maison, le portable à la main, il se tourne vers moi :

— Du coup, elle arrive à la gare à 16 h 42.

— Parfait !

Je me fais la réflexion : il est beau mon Antoine ! Il a de longs cheveux châtains qu'il a accrochés en une sorte de chignon de samouraï, les yeux verts de sa sœur (presque). Un t-shirt ajusté à la perfection met en valeur sa carrure équilibrée. Il n'est pas super musclé, c'est sûr, mais je n'ai jamais aimé les mecs trop musclés. Il a juste ce qu'il faut de forme pour être parfait. Je m'assois à côté de lui et caresse la peau douce de son bras. Il ronronne à ce contact.

— Tu sais que je te trouve beau comme ça ?

— Mmm... Merci... Tu es plutôt belle aussi. Tu crois qu'on a le temps pour...

Il regarde l'heure sur son téléphone, m'attrape la main et se lève en direction de la chambre.

— Viens !

Malheureusement, un bougeoir en verre le suit dans son empressement et finit sa course sur le carrelage du salon. Un bruit cristallin répand de minuscules morceaux de verre partout dans la pièce. En faisant un geste tardif pour rattraper son erreur, il manque d'envoyer un second pot au sol.

— Merde !

Nous nous activons pour récupérer les morceaux. Le moment est passé. Très vite, des questions d'organisation prennent le dessus. Je repense à Nathalie.

— À quelle heure elle arrive ta sœur déjà ?

— 16 h 40 ! Tu veux venir avec moi la chercher ?

— Oui, ça sera plus sympa !

J'appréhende toujours de la revoir. C'est assez irrationnel, mais elle me trouble. Je n'ai pas d'autres mots pour le décrire. Bien entendu, avec le temps, je me suis habituée à ce trouble. C'est tout ce que j'ai pu faire : vivre avec ce trouble quand elle est près de moi.