Détente

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La veille du mariage est déjà là. Tout est prêt, ou presque. Maintenant, il faut surtout gérer l'arrivée des invités. Mes parents ont posé leur valise ce matin à l'hôtel et nous avons un couple d'amis qui sera chez nous ce soir avec leur petit monstre de 3 ans. Ils se partageront notre domicile avec Nathalie pendant qu'on profitera de la nuit de noces dans le château où se déroulera la fête.

En attendant, on se détend un peu. Antoine a fait une limonade maison que l'on sirote dans notre salon de jardin. Bien entendu, les questions d'organisation reprennent le dessus :

— T'es sûr qu'on aura assez de bouteilles d'eau ?

— Quand même ! Tu as vu tout ce qu'on a ! Répond-il

— Oui, mais il va faire chaud, les invités vont danser...

— Après les gens ne vont pas boire que de l'eau non plus !

— Mieux vaut en avoir trop que pas assez. Je vais aller en chercher. Dis-je

— Non, toi tu devais réessayer ta robe pour voir s'il y a des retouches de dernières minutes. J'y vais.

Quelques instants après, il ne restait que moi et Nathalie, limonades à la main, sur le canapé de jardin. Elle s'approche de moi. Trop. Son visage est à quelques centimètres du mien. Ses yeux verts transpercent mon cœur qui s'emballe. Je ne sais pas comment réagir. Elle pose sa main sur mes cheveux, me passe sensuellement une mèche derrière l'oreille.

— Tu es belle, tu sais... Mon frère a de la chance de t'avoir.

Son parfum m'empêche de réfléchir. Je sens qu'elle peut faire ce qu'elle veut de moi.

— Et toi aussi tu as de la chance de l'avoir. Fais attention à lui !

Elle me caresse toujours les cheveux. Je pose ma main sur sa cuisse sans comprendre pourquoi et lui demande :

— Dis, tu sais depuis longtemps que ton frère fantasme sur les lesbiennes. Ça ne t'a jamais dérangé ?

Elle me regarde tendrement. Ses doigts viennent frôler ma joue.

— Si, beaucoup, pendant le lycée surtout, c'était très dur. Je le voyais comme un gros porc ignoble qui considérait les filles comme des morceaux de viande. Ça m'a posé des soucis pour m'accepter moi-même.

Malgré la sévérité de ses mots, les gestes de Nathalie restent très tendres envers moi.

— C'est pour ça qu'on était en froid à ce moment. Puis, j'ai grandi, et j'ai vu les choses autrement. Je me suis rappelé qu'il m'a toujours soutenu depuis le début dans mon orientation sexuelle. Dans ce cercle personnel, il n'a jamais fait un sous-entendu salace. J'ai aussi compris que, même si ce n'était pas quelque chose que je recherchais, il n'y avait rien de mal à ce qu'un homme soit excité.

Les caresses de Nathalie sont ralenties, son regard se perd dans le vague.

— Aujourd'hui, je me doute que des séances de masturbation ont dû suivre quand je lui racontais certaines histoires de cœur pourtant très sages ou lorsque je ramenais certaines copines à la maison. Mais bon, cela reste sa sexualité personnelle et maintenant je suis plutôt heureuse s'il peut se faire plaisir sans me causer de tort. Et puis, moi aussi il m'est arrivé de me masturber en pensant à...

Elle tourne la tête et son regard croise le mien. Un léger rose gagne ses joues et elle arrête un instant son récit pour avaler sa salive.

— À certaines personnes que je connais. C'est un peu l'intimité de chacun, je ne jugerais personne là-dessus.

Je pose ma seconde main sur sa cuisse et l'interroge avidement.

— À qui par exemple ?

— Assez parler de moi ! Toi, dis-moi donc : à qui tu penses quand tu te masturbes ?

Mes doigts se crispent et mes bras viennent se croiser sur mon ventre. Comme pour me rassurer, elle reprend ses caresses sur les cheveux. Je ne sais pas quoi répondre. Elle penche la tête sur le côté et m'interroge :

— Tu as déjà pensé à une fille ?

Mon corps se tend et mes bras s'enroulent autour de mon ventre.

— Quoi ? Non, jamais ! C'est quoi cette question ?!

Pourquoi j'ai l'impression de mentir en disant la vérité ?

— Tu es une vraie hétéro alors ? À 100 % ?

Elle pose sa demande avec une pointe d'angoisse. Tous ses gestes sont en suspens, attendant ma réponse.

— Oui, à 100 %. Je n'ai jamais eu la moindre petite expérience lesbienne.

Elle retire sa main de mes cheveux et se lève.

— Dommage pour toi, alors. Bon, tu vas l'essayer cette robe ?

La sœur du mariéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant