Confession

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Le lendemain au réveil, j'attends avec ma tasse de café et ma tartine de Wasa. J'attends Nathalie. Mon Antoine est à côté de moi, la tête dans la brume comme tous les matins. Je sais qu'il ira mieux d'ici une demi-heure.

Elle descend rayonnante. Un long t-shirt recouvrant son bas de pyjama, les cheveux en bataille, sans maquillage et l'air à moitié endormi, elle est si belle au naturel. Je me lève pour l'accueillir avec un peu plus d'assurance que la veille. Un sourire craquant se dessine sur son visage. Elle me caresse le bras, son odeur parvient à mon nez, sa main se pose sur ma hanche, nos poitrines se touchent à travers nos larges vêtements de nuit, sa joue se colle à la mienne. Nos bises se font longues et chaleureuses. Lorsque nos corps se séparent, je reprends doucement mes esprits. C'est moi ou c'était particulièrement intense comme « bonjour » ? Non, je me fais surement des idées. Je regarde le frère et la sœur se dire bonjour et c'est vrai qu'ils sont assez tactiles dans la famille... mais pas autant qu'avec moi, non ? Non, à tous les coups c'est encore moi et mon trouble étrange dès qu'il s'agit d'elle. D'elle et de ses seins que l'on devine, et sa cambrure si parfaite que je voudrais avoir la même, et ses lèvres fines et colorées, et ses yeux bien entendus, ces yeux qui se tournent vers moi. Mince ! Je détourne à toute vitesse le regard. Vite, une excuse ! Je m'avance vers elle en attrapant la cafetière au passage :

— Tu veux un café ?

Elle pose sa main sur la mienne en me faisant un grand sourire

— Oui, j'en ai très envie !

Elle parlait du café. Elle parlait du café. Elle parlait du café.

Je remplis la tasse en essayant de me calmer. Je n'y peux rien. Elle est juste trop belle et ça me perturbe. Mais j'ai l'habitude maintenant, je vais gérer.

Nous avons eu la salle quelques jours en avance afin de pouvoir la préparer. J'installe la décoration en compagnie de Nathalie pendant que mon futur époux est allé chercher les chaises. Je lui lance régulièrement des regards, qu'elle me rend.

— En tout cas, merci de nous aider Nathalie.

— C'est bien naturel. C'est mon frère après tout. Il a toujours été là pour moi. Ça me fait bizarre qu'il se marie.

— Tu sais, rien ne va vraiment changer...

— Je peux te confier quelque chose ? Demande-t-elle

— Oui, bien sûr.

— Il était même là quand j'ai découvert que j'étais lesbienne.

— Ah bon ! Comment ça ?

— Je t'en parle parce que vous êtes très proches, reprend-elle. J'ai ouvert la porte de sa chambre à un mauvais moment et je l'ai surpris se masturbant devant son ordinateur. J'étais perturbée en voyant ça, mais encore plus par ce que je voyais sur l'écran. C'était dans les débuts d'Internet. L'ordinateur était super gros et il passait plusieurs juste des extraits courts les uns après les autres. C'était toujours des femmes entre elles. Il ne m'a pas vue, mais j'y ai beaucoup pensé. Je devais avoir 11-12 ans et lui 14-15 ans, tu vois. Je ne savais vraiment pas quoi faire avec ces émotions. Je n'avais pas vraiment compris ce que c'était, mais ça me faisait des effets bizarres. Après ça, j'ai profité d'un moment où il n'était pas là pour fouiller dans sa chambre. Je suis tombée sur un tas de feuilles où il avait imprimé des images cochonnes. Il y avait quelques stars dans des tenues sexys, quelques scènes de fellation et beaucoup de couples de femmes. Je lui en ai pris quelques-unes sans même savoir pourquoi. Je voulais juste les avoir pour moi. Le soir même, il est venu dans ma chambre avec une feuille à la main : « tu as fouillé dans ma chambre ? ». Je ne voyais que le côté blanc de la feuille, mais je savais de quoi il s'agissait. Je l'avais surement mal rangée. J'étais toute honteuse et je m'attendais à ce qu'il m'engueule. À la place, il m'a supplié « S'il te plait, ne le dis pas à papa et maman ! ». J'ai compris que c'était un secret que l'on partageait, j'ai pu lui poser plein de questions. Il était super gêné, tu imagines bien... Normalement, c'est les parents qui se tapent ce genre de discussion. Et lorsque j'ai commencé à demander si moi aussi je pouvais embrasser une fille au lieu d'un garçon, il a très vite compris. Plus vite que moi, à qui il a fallu encore quelques années. Il a été super, même si certaines de ses réponses n'étaient pas idéales. Tu sais des trucs style « parce que les femmes sont moins entreprenantes que les hommes » et autres bêtises venues de notre éducation. Mais bon, il a été très à l'écoute et ça a été un vrai soutien à cette période. Il m'a aidé à le dire à mes parents et c'est lui que je venais voir pour mes peines de cœur au début. Après, on a eu des hauts et des bas surtout pendant mon lycée, mais au final, je le vois toujours comme quelqu'un à qui je peux tout dire.

— Eh bah alors ! Vous avez l'air d'avoir une super belle relation. J'ai pas cette relation avec ma sœur moi...

Je suis sincèrement touchée par l'importance de cette confession. Elle reprend en rigolant.

— Et tout ça parce qu'il aime bien mater des filles entre elles.

— Ah ça ! Je te confirme que ça n'a pas changé.

Elle me lance un regard interrogatif. Je m'explique :

— Moi aussi je l'ai surpris devant un vidéo de cul de les... de filles qui se pelotaient. Il m'a dit que c'était un de ses gros fantasmes.

— Bah alors, ça devient une habitude chez lui de se faire surprendre par des filles devant des vidéos pornos de lesbiennes !

— Il faut croire...

— Et alors ? Me demande-t-elle

— Quoi ?

— Tu as trouvé ça comment ? La vidéo ?

Je rigole en faisant un geste de main indiquant que ce n'est pas pour moi. Elle me fixe avec insistance :

— Est-ce que ça t'a fait la même chose qu'à moi ?

— C'est-à-dire ?

— Ça t'a donné une envie folle de brouter du minou ?

Nous éclatons toutes deux de rire sans que nos regards se quittent. Nous blaguons un bon moment, mais je ne réponds pas à sa question (pourquoi ? Je sais bien que non), et je suis sure qu'elle s'en est aperçue.

La sœur du mariéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant