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Aussitôt, Zayn me repoussa encore une fois. Il s'éloigna rapidement, et fit les cent pas dans mon salon, les mains collées à son crâne.

« Non, Maddy. C'est pas bien. C'est totalement pas bien ce que tu viens de faire. »

« Zayn. » dis-je en m'approchant.

« Non. » Il mit ses mains devant moi, me demandant d'arrêter mon chemin. « Je-, je devrais partir. C'était une mauvaise idée de venir. »

Il s'avança vers l'entrée, mais je courus jusqu'à lui. Je ne sais pas d'où venait ce soudain besoin de le garder près de moi, mais tout ce que je savais c'est que si il partait loin de moi, cela allait me briser.

J'avais toujours eu une attirance pour lui. Il m'obsédait, il est vrai, mais jamais à un point où je ne me voyais pas sans lui.

Était-ce à cause du baiser? De sa confession?

Peut importe la raison. Je ne pouvais le laisser partir.

J'agrippais son bras fermement, le forçant à me regarder. Il tira pour se détacher de mon emprise, mais je persistais. Je savais qu'il n'utilisait pas toute sa force, et cela me prouvait qu'au fond, lui non plus il ne voulait pas réellement me laisser comme ça. Cela me confirma que je devais continuer à me battre.

« Ne pars pas comme ça! Nous pouvons en parler. On va trouver un moyen d'arranger la situation. » dis-je, désespérée.

« Il n'y a rien à faire, Maddy. »

Il se retourna, oubliant son idée de partir, j'en profitais pour lui parler afin de lui faire penser à autre chose.

« On peut aller voir Alice pour lui demander d'enlever le sort. Après tout ce temps elle doit ne plus autant t'en vouloir. »

Son regard se fit plus fade, et je compris que cette optique était vouée à l'échec.

« Elle est morte. »

« Quoi? Comment? »

« Comme son sort a marché sur moi, elle a laissé tomber les études pour se spécialiser dans la sorcellerie. Elle s'en est sorti pendant un temps, mais comme elle était très revancharde, elle jetait des sorts à tort et à travers. Et un jour, elle s'est attaquée à plus fort qu'elle. De plus, j'ai déjà essayé de lui parler avant qu'elle ne meure et elle m'a dit que la seule façon de me libérer c'est qu'une personne agissent par amour pur pour moi. »

« Nous avons encore une chance alors! »

Il rigola légèrement, avant de chasser une mèche rebelle derrière mon oreille.

« Tu es bien trop naïve, Maddy. Tu ne peux pas me sauver. »

J'avais envie de lui hurler que oui, mais au plus profond de mon être je savais qu'il avait raison. Je ne l'aimais pas. Du moins pas assez pour que cela soit un amour pur.

Mais une voix me soufflait qu'avec un peu de temps, je l'aimerai comme il faut pour le libérer.

« Et puis même si un jour tu arrives à m'aimer, cela ne sera pas suffisant, car pour me défaire du sort, tu dois m'aimer entièrement. Aussi bien moi que lui. »

Je mordis ma lèvre inférieure déçue. Je sentais l'engouement quitter mon corps. Je pensais pouvoir lui venir en aide, mais je ne le pouvais pas. Je ne pourrais jamais aimer ce monstre qui tue des personnes innocentes.

« Je vais quitter la ville pour un moment. Le temps que les choses s'arrangent pour toi et les policiers. Si ils voient que les meurtres ne se font plus ici, ils devineront que tu n'en ai pas la responsable. »

« Zayn...» dis-je en prenant sa main dans la mienne.

« Écoute, Maddy. Je sais qu'au début j'ai été un parfait idiot avec toi. Tu m'avais tellement fait rigoler quand tu t'es apitoyée sur ton sort après que ce voleur t'ai piqué ton sac que je ne pouvais résister au désir de m'amuser un peu avec toi. Tu avais réanimé cette flamme de jeu que j'avais toujours voulu oublier. Mais après, quand j'ai vu que tu étais différente, j'ai pris peur. J'ai pensé que tu étais la bonne, mais je ne voulais pas me faire de faux espoirs. Pour moi c'était impossible. Alors j'ai pris mes distances. Et c'est là que j'ai réalisé à quel point tu étais importante pour moi. »

Je buvais ses paroles, sentant mon coeur se remplir d'un liquide chaud qui peu à peu s'écoulait dans mes veines, animant mes membres un à un, me rendant heureuse.

Il venait d'admettre qu'il m'aimait bien lui aussi!

« Puis, il s'en ai pris à toi. Lui aussi il aime jouer avec toi, Maddy. Mais nous savons tous les deux qu'il est plus dangereux que je ne le suis. Je ne veux pas lui laisser le plaisir de te faire du mal. » Il dit en caressant ma joue avec tendresse.

« Mais je ne veux pas que tu partes. » avouais-je.

« Tu es bien trop affecté par mes révélations pour emmètre un jugement objectif sur notre relation. C'est pour ça que tu me laisseras partir. Tu le feras car tu sais que c'est le meilleur pour nous deux. On sera bien mieux l'un sans l'autre. Tu t'en rendras vite compte. »

J'inspirais profondément, prenant le temps de réfléchir. Il avait raison sur un point, actuellement je n'étais pas un état pour affirmer que je ressentais quelque chose de fort pour lui. J'étais bien trop submergée par les événements et cette attirance pour être lucide. De plus, j'étais dans une sacré merde avec la police. Cela m'arrangerait bien qu'ils me laissent tranquille avec cette affaire.

« Et si je veux te revoir? » dis-je, en sous-entendant que j'étais d'accord.

« Tu ne le voudras pas. »

« J'ai dit "si ". » insistais-je. Je savais que je le voudrais. J'en étais certaine.

Il esquissa un faible sourire, avant de déposer un doux baiser sur mon front.

« Merci d'avoir apporté un peu de lumière dans ma vie, Maddy. »

J'ouvris la bouche pour renchérir, mais avant que je ne puisse le faire, il disparut, laissant ma porte d'entrée ouverte, un courant d'air fouettant mes joues.



Une semaine. Cela faisait une semaine que Zayn était parti, et la seule chose qui m'aidait à le sortir de mon esprit était mon travail à la pizzeria. Il m'avait dit que j'allais rapidement l'oublier et qu'avec le temps, cette sensation de manque allait diminuer jusqu'à disparaitre. Mais il avait eu tort. Plus les jours passaient, plus le vide de sa présence grandissait.

Après qu'il ait disparu, je suis allé chez lui ne voulant pas le quitter comme ça, aussi brusquement. Mais une fois devant son appartement, j'avais réalisé qu'il était trop tard. Il n'avait même pas pris le temps de refermer la porte derrière lui. Il avait juste rassemblé quelques vêtements et s'était envolé, dans un coup de vent.

Il pensait sans doute que le fait qu'il mette une fin brutale à notre relation m'aiderai à l'oublier, mais cela n'avait absolument rien changé. J'étais bien trop emprégné par lui pour pouvoir le faire. Peu importe la façon dont il me quittait, il m'aurait manqué de la même manière.

J'étais prise de regrets. Je me demandais sans cesse qu'est-ce que cela aurait changé si je l'avais embrassé plus tôt. Si j'avais cherché à approfondir le baiser, si j'étais tombé amoureuse de lui.

L'étais-je désormais?

L'amour est une chose bien trop confuse pour pouvoir l'affirmer.

Je me laissais tomber contre les draps de mon lit, soufflant lourdement. C'est à ce moment-là qu'Alex décida d'entrer dans ma chambre pour venir voir si j'allais bien. Elle avait remarqué depuis quelques jours que quelque chose clochait. Elle n'était pas ma meilleure amie pour rien. 

Elle se laissa à son tour tomber contre le matelas, fixant le plafond blanc.

« Toujours lui? »

J'hochais positivement de la tête. Elle se glissa sur son côté droit pour me regarder, son coude enfoncé dans les draps.

« Tu sais, pour ce que ça vaut, ce garçon t'a fait du bien. Je veux dire, tu ne sors plus en boite et tu ne pleures pour...tu sais. »

Elle avait raison. Avant, c'était l'histoire avec Zayn, et le mystère qui l'entourait qui me préoccupait plus qu'autre chose. Du coup, je n'étais plus aussi envahi par la perte de mon frère. J'avais réussi à le surmonter, grâce à lui. Et désormais, c'était son absence qui prenait le relais.

J'aurais voulu que Cameron soit à mes côtés. Il aurait su trouver les mots pour me réconforter. Il avait toujours sus me consoler lors de mes peines de coeur. Il était plus intelligent que moi, et plus perspicace. Il aurait sans doute découvert la vérité sur Zayn bien avant qu'il ne me l'a dévoile. Il avait tout pour être un bon policier. Mais il a fallu qu'il se tue dans un accident de voiture.

Je tournais ma tête dans la direction de ma meilleure amie, la fixant un instant.

« Je suis pathétique n'est-ce pas? » dis-je avec un demi-sourire.

Elle passa une main rassurante dans mes cheveux, caressant mon cuir chevelu.

« Non. Tu es juste amoureuse. »

J'écarquillais les yeux à la fin de sa phrase, abasourdis pas son diagnostique. Elle ne put pas le remarquer, car elle me serra tout contre elle, avant que je réalise ses mots.

Je suis amoureuse de Zayn?

Comment peut-elle le voir?

Plongée dans mes pensées, je me répétais ses paroles en boucles. Elle ne m'aurait pas dit cela si elle n'en était pas sûre. Et je pouvais avoir confiance en ses dires, puisqu'elle me connaissait mieux que quiconque.

Cela voulait donc dire qu'une seule et unique chose.

J'aimais Zayn.

LOVE MURDERER I z.mOù les histoires vivent. Découvrez maintenant