Prologue

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Les Ères ont parlé

Mort et destruction ne pourront s'arrêter

Que si les quatre ne font qu'un

Maintes épreuves ils devront affronter

Pour enfin apporter la paix

Cependant, attention

Aux futures trahisons

Or, tout reposera

Sur le choix de l'altesse cachée

Qui amènera la paix

Ou provoquera la fin.

***

Tout n'était que feu et violence, que cris et fumée. Un grand contraste avec le calme qui régnait un instant plus tôt.

Il ne comprit pas ce qu'il se passait. Il y avait à peine quelques minutes, il jouait avec son meilleur ami dans son jardin. Enfin, il regardait plutôt son ami jouer avec une balle. Jusqu'à ce que sa mère arrive et les emmène avec hâte hors de la maison.

Dans la rue, le ciel était teint de gris, l'air était chaud et irrespirable. Sa mère n'arrêta pas sa course cependant. Son ami n'avait aucune difficulté à tenir le rythme tandis que lui-même peinait à suivre. Si ce n'était pas pour la poigne de fer que sa mère avait sur son poignet, il serait sûrement tombé. Il regardait autour de lui, apeuré, les flammes et la fumée qui dévoraient les maisons. Les villageois couraient autour d'eux, paniqués et fuyant leurs habitations. Tous se dirigeaient dans la même direction, hors de danger, loin du village et des flammes.

Son ami s'arrêta d'un coup. Sa mère fut retenue et il en profita pour reprendre son souffle. Elle essaya de tirer son ami en avant mais le garçon refusa de bouger, les yeux bruns fixés sur une maison enflammée. Il y eut un déclic dans le regard de sa mère. Lui-même reconnu la bâtisse. Sans réfléchir et conscient du danger au vu de la panique dans laquelle se trouvait sa mère, il saisit la main du garçon, la serra et le tira légèrement vers l'avant. Son ami tourna la tête vers lui, la lueur des flammes se reflétant dans les larmes qui noyaient ses yeux.

"Je ne peux pas..., protesta son ami. Je dois savoir s'ils sont à l'intérieur !

- On doit y aller, tes parents sont sûrement sortis, ne t'en fait pas d'accord ? tenta de le rassurer sa mère.

Mais le garçon secoua la tête et essaya de se libérer sans y parvenir.

- S'il te plaît ! Ecoute-moi ! On doit y aller maintenant ou ils vont..."

Un roulement parvint du sol, comme des centaines de chevaux foulant la terre au grand galop. Il leva la tête pour voir un troupeau de créatures magiques en tous genres fondre sur le village. Il entendit brièvement sa mère jurer avant de se sentir tirer de nouveau par le poignet. Cette fois, son camarade ne broncha pas et suivit le plus rapidement possible.

Il vit des hommes faire demi-tour, laissant leurs familles fuir derrière eux, et prendre leur véritable forme pour répondre aux attaques des agresseurs.

Près d'eux, un basilic se jeta sur un buffle doré. Il regarda, ébahi, le reptile s'enrouler autour de l'énorme animal qui reprit forme humaine pour se libérer. Les deux adversaires roulèrent sur le sol, soulevant un nuage de cendres qui lui envahissait les poumons à chaque inspiration. Ce moment d'inattention lui valut de trébucher sur une pierre. Il tomba malgré la main qui tenta tant bien que mal de le retenir.

Et ce fut comme si le temps s'accéléra autour de lui. Si vite qu'il ne put apercevoir sa mère se retourner d'un mouvement brusque et son ami qui perdit presque son équilibre. Il entendit sa mère crier son nom tandis qu'il essayait de se relever mais une main large et puissante le prit par la nuque. Il fut soulevé brutalement en arrière et lâcha un cri de douleur. L'agresseur rigola méchamment avant de resserrer son emprise. Il entendit sa mère parler rapidement à son ami avant qu'elle ne poussa un cri de rage.

La seconde qui suivit, il se retrouva de nouveau sur le sol. Son ami le rejoignit aussitôt pour l'aider à se relever. Or, ils furent distraits par la bataille qui opposa sa mère à l'inconnu. Les deux adultes se battaient sous leur forme véritable, roulant par terre et grognant de douleur. Cependant, il fut évident que la femelle guépard ne faisait pas le poids face au minotaure. Son meilleur ami lui parlait mais ses mots s'effacèrent dans les bruits du chaos qui résonnaient autour d'eux. Il ne put que prêter attention à l'action qui se déroulait devant lui, particulièrement sur les deux poings presque humains qui serraient la gorge de sa mère. Cette dernière se débattait à coups de griffes qui se firent de plus en plus faibles jusqu'à s'arrêter complètement.

Il eut soudainement envie de vomir mais il ne sut par quel moyen, il se retrouva à courir, son meilleur ami, plus grand et plus puissant, le tirant de toutes forces.

Ils n'allèrent pas loin.

Aussitôt, il sentit deux mains lui agripper la taille. La main qui tenait la sienne lui échappa et le temps que l'autre garçon se retourna, le minotaure commença à l'emmener. Son ami se jeta en avant prêt à le rattraper mais un autre homme l'attrapa aussi, l'emmenant à l'opposé, vers les autres villageois. Il poussa un soupir de soulagement qui fut aussitôt remplacé par la panique. L'air sembla irrespirable, ses poumons semblèrent se refermer sur eux-mêmes et son cœur s'emballa dans sa poitrine. La gravité de la situation lui tomba dessus d'un coup fatal et tout s'effondra autour de lui.

Seul lui resta l'odeur de la fumée dans son nez, la chaleur des braises sur sa peau et les appels désespérés de son meilleur ami.

« KENMA ! »    

Enfant De Rien, Fils Du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant