La guerre. Kenma en avait déjà entendu parler. Il y a longtemps, dans des échos du passé. Cependant il ne l'avait jamais vécu. Et il espérait ne jamais l'avoir vécu.
Kenma venait de sortir de la forêt lorsque des gardes ont débarqué dans leur village. Il les vit arriver de loin, perché en amont, et une chose l'interpella : Les blasons des soldats n'étaient pas violet mais d'un bleu clair comme le ciel.
Ses yeux s'agrandirent et il talonna Pocky.
Dans son village, il fut accueilli par des cris de terreurs. Il eut le temps de voir une femme se faire traîner par les cheveux et jeter au milieu de la place publique. Les enfants couraient en tous sens, essayant d'échapper aux poignes des soldats. Il sentit son pouls s'accélérer et traversa la foule en folie du mieux qu'il put avec son cheval en détresse, essayant de rejoindre la ferme, essayant de trouver Shouyou.
Seulement, il n'alla pas loin.
Presqu'aussitôt, un chevalier lui barra la route. Il tira sur les rênes de toutes ses forces. Pocky se cabra et avec l'élan, perdit son équilibre. Sans pouvoir réagir, Kenma tomba lourdement sur le dos, le souffle coupé. Il lâcha un cri de douleur quand Pocky lui écrasa sa jambe avant de se remettre debout. Kenma était sonné, sa vision chancela et sans attendre, il se sentit soulevé sans ménagement. Des mains puissantes l'agrippaient d'une poigne de fer et ses jambes s'éraflaient sur le sol. On le jeta violemment au milieu de la place où déjà de nombreux villageois plus ou moins blessés étaient rassemblés. Kenma chercha du regard des visages familiers et repéra avec horreur les deux touffes flamboyantes à quelques mètres de lui. Il les rejoignit avec peine, traînant sa jambe derrière lui. Shouyou le vit et ses yeux apeurés semblèrent retrouver un peu de leur éclat habituel. Natsu, elle, n'attendit pas et se jeta sur lui. Kenma ne put s'empêcher de retourner l'embrasse, surtout lorsque l'enfant tremblait comme une feuille secouée par le vent.
Les soldats leur braillaient des ordres, leurs armes pointées vers eux. Ils entraient et sortaient des modestes bâtisses, emmenant avec eux ce qui leur semblait utile. Les villageois et lui-même regardèrent impuissants leurs habitations se faire vandaliser. Nourriture, provisions, armes, ustensiles, animaux,... Tout leur était pris sous leurs yeux.
"Vous ne pouvez pas prendre mon bétail ! cria un vieil homme et Kenma sentit la panique revenir. Notre village vit de ma ferme, sans elle, le village n'aura plus de ressources pour survivre sous cette guerre !
- Vous n'êtes pas en lieu de protester, lui répondit un garde en sortant son épée. Le royaume de Shiratorizawa a succombé à la dernière bataille. Le royaume d'Aobajohsai se réserve le droit de prendre les ressources nécessaires pour subvenir aux besoins de ses soldats.
- Laissez-moi au moins mes deux montures. Elles sont vieilles et ne vous seront pas utiles au front.
- Je regrette, dit fermement le soldat bleu. On leur trouvera bien une utilité. Au pire, elles serviront de ration."
Kenma vit son mentor se faire restreindre par deux gardes pendant que d'autres emmenèrent les animaux. Il y en avait peu, juste assez pour subvenir au village mais assez pour que les soldats les prennent. Son cœur se serra lorsqu'une vieille jument alezane suivit un soldat ennemi. Derrière elle, il regarda un soldat qui s'efforçait de mener le petit hongre noir qui lui était cher. Pocky, toujours harnaché, était paniqué par la foule et la tension dans l'air. Le cheval à la robe noire ne faisait que se cabrer et refusait d'avancer. Un troisième soldat lui donnait des coups de bâtons sur les flancs et Kenma sentit la colère monter en lui ainsi que la frustration de ne rien pouvoir faire. Ce cheval ne méritait pas de finir sa vie dans les mains de ces personnes. Il était son confident, son seul véritable ami mis à part Shouyou et celui qui lui avait permi un goût de liberté. Chef Ukai avait raison. Un cheval est bien trop honnête pour être manipulé par les hommes.
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Enfant De Rien, Fils Du Destin
FanfictionKenma Kozume est un jeune homme qui ne sait pas vraiment d'où il vient, seul le jour où son village d'enfance a été attaqué lui revient en mémoire. Ne se considérant pas comme une personne de valeur, il se laisse aller là où sa vie l'emmène. Cependa...