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Le ciel est menaçant.
J'avance, le pas traînant, le regard dans le vide. Je suis dans le lycée. Dehors, les gens se pressent pour ne pas se prendre l'averse.
Lorsque je sors, je lève la tête vers le ciel, une goutte roule sur ma joue. La pluie se met à tomber. Le tonnerre commence à gronder.
Il n'y a plus personne, je suis seule sur la grande allée qui mène au portail, tout le monde est déjà monté dans le bus.
Lorsque je franchis le portail, la pluie redouble et je ne tarde pas à avoir les pieds mouillés. Je ne cherche pas à m'abriter, à me cacher de cette tempête. Mes bras tombent contre mon corps et mes pieds traînent comme ralentis par un poids. Mon regard se perd au loin, vide. Comme moi.
Pourquoi.
Le vent soulève mes cheveux devenus humides, la pluie fouette mon visage.
J'ai la gorge qui brûle et le nez qui coule. La fièvre me vide de toute volonté.
Mes lacets se délassent mais je ne me baisse plus. Et quelques mètres plus loin c'est la chute.
Et là s'en est trop.
Ma lèvre commence a tremblé. Je tente de me retenir, de lutter une dernière fois.
Avant que mes pleurs, en même temps que la pluie se déchaîne.Le bruit sourd de la pluie qui frappe le béton recouvre le bruit d'un cœur brisé. L'accumulation de petites entailles font saigner mon âme. Les brûlures de tes lèvres sur mon corps. Les morceaux de mon coeur qui ont volé en éclat. La maladie qui me fait perdre toute lucidité, toutes raisons qui me restaient, qui entretenaient l'espoir d'une jeunesse lumineuse. Mes mains serrent ma veste plus fort autour de moi, mes bras se croisent et je me replis sur moi-même, n'ayant nul part où me réfugier.
Ma vue est entièrement brouillée. L'eau recouvre mes lunettes. Je vois des formes sombres au sol près de moi. Des sons lointains le parvienne aux oreilles avec une clarté qui me fige:
- Ça va?
Je plaque mes deux mains sur ma bouche pour ne pas laisser échapper ce sanglot. Pour ne pas me trahir.
Pars.
Reste.
Il s'accroupit près de moi malgré la pluie. Je sais qu'il me regarde, qu'il attend une réponse. Je ne bouge pas d'un cil. Lui non plus.
Je pourrais lui dire. Tout lui dire.
J'enlève mes mains, tout doucement. Et avec le plus de conviction, je lance:- Je fais mes lace-
Ma voix se brise. Et je ramène mes mains à ma bouche pour ne pas laisser échapper le pleur mais mes larmes coulent inlassablement.
Il m'attire vers lui. Mes genoux sont à terre, ses bras autour de moi.- Je suis désolé, je n'ai jamais voulu.
Parmi les 7 milliards de personnes qu'il y a sur terre, il fallait que ce soit toi qui me prenne dans tes bras aujourd'hui.
Les bras dans lesquels j'étais hier. Ceux que j'ai tant chéris, que j'ai tant haï, que j'ai détestés, du plus profond de mon coeur, que j'ai aimé.
Les bras de la personne qui m'a laissée sous la tempête.Je me suis battue jusqu'aujourd'hui pour ne pas que tu vois cette face de moi, mais mon coeur qui s'apaise témoigne, qu'au fond,
c'est toi que je voulais.***
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One shot
Teen FictionPetit recueil de vieux textes à lire dans son lit à minuit. [Un chap=un texte (brouillon)]🥀