Adam

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    Je ferme la porte et m'arrête un moment.


    Jamais encore elle ne m'avait demander quand je rentrais, jamais elle ne s'en était inquiétée. Ce soir, on aurait dit qu'elle avait peur que je ne revienne pas, que je la laisse derrière moi. Je vais revenir pourtant, elle doit bien le savoir, je reviendrais toujours. Ce soir, on aurait dit qu'elle voulait que je reste avec elle.

Peut-être que j'aurais dû rester ...


Mais quand je lui ai demandé si elle le voulait, elle s'est renfermé à nouveau et elle a dit "Non, c'est bon ".


Peut-être que j'aurais dû insister, rester malgré sa réponse. Après tout j'en ai envie. J'ai envie de rester avec elle ce soir.


Je préfèrerais rester avec elle plutôt que de m'enfermer au bar. En plus, il pleut tellement que presque personne ne viendra en boîte ce soir. Un barman suffirait largement et je sais que Matthieu y est déjà.

Je suis déjà en retard. Je pourrais rester. Il suffirait de l'appeler et de lui dire que j'ai une urgence. Il comprendrait. Et puis il sait que je lui rendrais la pareille quand il en aura besoin.


    Je sors mon portable et fais défiler les contacts. Le numéro de Matthieu est juste sous mes yeux. J'hésite à appuyer, je vais l'appeler et puis ...

Je me retourne vers la porte : si elle avait vraiment voulu que je reste, elle me l'aurait dit. Je me fais sans doute des idées en pensant qu'elle veut ma compagnie ce soir : cette fille est trop indépendante et renfermée.

Des fois, j'ai l'impression que c'est sans espoir et qu'elle ne s'ouvrira jamais à moi.

Pourquoi les choses seraient-elles différentes ce soir ?


Certes, j'ai eu l'impression qu'elle m'appelait à elle plus qu'elle ne me repoussait. Mais peut-être que ce n'était, justement, qu'une impression.


Finalement, mieux vaut aller travailler ...

Je verrouille mon portable, le range dans ma poche et descend les escaliers, prêt à affronter la nuit et les gens qui se bourreront la gueule   dans une ambiance assourdissante ce samedi soir, en pensant à Louise, en me demandant si elle pense à moi et en me disant qu'au fond, ce n'est certainement pas le cas.

Parlez-moi de la pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant