Sendor transpirait, il courait maintenant depuis deux longues heures et tout son corps lui criait d'arrêter. Il repéra un bois et s'y dirigea. L'Homme âgé d'une quarantaine d'année franchit la lisière de la forêt et s'autorisa finalement à marcher, convaincu qu'on ne pouvait le voir à travers l'épais feuillage. Toutefois, il restait très tendu, jetant des regards dans toutes les directions à la recherche d'un abri contre le vent glacial qui lui giflait le visage, mais surtout un endroit où IL ne pourrait le trouver... mais Sendor savait qu'un tel endroit n'existait pas, car Psaume retrouvait toujours ses proies.
Le petit soldat opta finalement pour une cavité dans le tronc d'un vieil arbre. Située en contrebas du chemin, elle était assez proche pour qu'il garde un œil sur les potentielles arrivées, et assez loin pour qu'il soit invisible aux yeux de tous. Il prit même la précaution de se recouvrir de mousse et de lichen pour se fondre dans l'environnement.
Dès qu'il eu finit, il réfléchit à ses chances de survie, elles étaient minces : dans l'arène, pour qu'un combat prenne fin, il ne devait plus n'en rester qu''un, et Sendor faisait face au « Champion ». Autant dire qu'il n'y avait aucun espoir, et pourtant, le vétéran voulait vivre, la mort le terrorisait ...
Il savait qu'il n'aurait pas du écouter Tenor, tenter sa chance dans l'arène n'était clairement pas la chose à faire... Maintenant, tout ses amis étaient mort, tués de la main d'un seul homme, un homme qui voulait sa peau. Il se mit à sangloter en repensant aux événements qui l'avaient poussé ici. Sendor se baladait avec ses camarades dans Trinité, ils venaient tous d'être remerciés pour leur loyaux services aux seins de l'armée. Tu parles, ils s'étaient fait jeter comme de malpropres après vingts ans de carrière! Tout ça pare que des jeunes puceaux toujours plus nombreux et venant même parfois de cités de secondes zones comme Féodalite ou Jesis venaient les remplacer... Il fallait croire qu'il n'y avait plus de places pour eux dans la société... Décidément tout avait changé depuis que le Roi avait abdiqué... Malheureusement, le petit groupe ne s'était pas préparé à ce renvoi, et ils n'avaient pas un sou en poche... pas une pièce de bronze. Plus clairement, ils étaient dans la misère, et c'est seulement grâce à l'hospitalité d'un des nombreux amis de Tenor qu'il ne dormait pas dans la rue, ou « à la belle étoile » pour reprendre les mots de Jaim, le poète de la bande...
- « Regardez les gars ! »
Tenor, avec sa voie bourru avait tiré Sendor de sa reflexion. C'était le plus gros de la bande et celui qu'on remarquait le plus avec son bagout légendaire. Quand il avait appris qu'on ne voulait plus de lui, il était entré dans une colère noire et avait cassé trois côtes à leur capitaine, qu'il connaissait pourtant depuis vingt longues années. Cela expliquait l'absence de prime pour service rendus à la patrie...
- « Regardez les gars ! » Reprit-il
Il pointait du doigt une affiche qui représentait un homme à la peau d'ébène dont la moitié du visage était caché par une capuche tout aussi sombre. « Le champion ». Au dessus, un gros titre : « 100 pièces d'or de récompense » à qui oserait l'affronter. Une véritable fortune.Il était de notoriété publique que le champion voulait se retirer du « Colossus », le plus grand cirque de Trinité et de Lornie, mais on ne quittait pas le cirque comme cela, et les dirigeants de la ville avait acceptés sa requête contre un dernier combat.
- « N'y penses même pas » avait dit Jaim de sa voix fluette, tu ne trouvera que la mort. Mieux vaut vivre modestement, sans rien, qu'avec une montagne d'or, mais mort ».Finalement, Tenor l'avait emporté, aidé d'un argument de taille : l'affiche expliquait que les participants seraient accompagnés de cinq « combattants » et surtout des deux plus grand « maîtres » de Trinité, Karios et Jarvan, réputés pour être des experts du combats au couteau. Apparemment, les gérants du « colossus » n'appréciait pas la décision de Psaume et ils avaient décidé de le faire tomber. Sendor, Tenor et Jaim s'étaient alors retrouvé au centre du cirque, avec Karios, Jarvan, et les combattants. Ils étaient entouré par des gradins sur lesquels se trouvaient un bon quart des habitants de Trinité. Puis l'arène était apparu et le combat commença. Karios et Jarvan furent les premiers à mourir. Ils avaient décidés de partir en solitaire, comme à leur habitude, mais ils étaient tombés sur bien plus fort qu'eux, et Sendor avait trouvé leur cadavre près d'un cours d'eau à seulement cinq cents mètre de leur campement. Une flèche dans la poitrine pour Karios, la jugulaire tranchée pour Jarvan, ce dernier avait beaucoup saigné. Sendor, effrayé, avait alors commencé à douté, car ses deux plus grandes chances de s'en sortir venaient de disparaître. Il était arrivé en courant au campement, et l'éclaireur, car c'était là son métier dans l'armée, avait croisé les yeux, vidés de toute vie de Tenor. Il s'était figé, et la flèche qui l'aurait fauché était passé devant lui, le ratant de deux centimètres... Sans réfléchir, il était partit dans la direction opposée à celle du tir, et il était arrivé dans cette cavité à la nuit tombante. Sendor avait froid, il était emmitouflé dans son manteau de cuir et une folle envie de dormir le prenait aux tripes. Il n'avait vu aucune trace de Psaume, le champion, et il commençait à se réjouir car ses talents de coureur lui avait permis de semer le plus grand assassin de tout les temps ! Revigoré par cet nouvelle, il trouva le sommeil.
Quand il se réveilla, il faisait noir, la lune était cachée derrière un nuage et on ne voit pas à dix centimètres. Sendor pensa alors à un moyen de tuer Psaume pour que le combat prenne fin lorsqu'une éclaircie éclaira les alentours. Sendor se figea alors, son cœur cessa de battre un instant. Psaume se tenait devant lui, assis en tailleur, et ses yeux à l'éclat doré le scrutait avec insistance. On pouvait y voir un voile de tristesse qui surpris Sendor bien que toute son attention était focalisée sur l'arbalète à une main que le champion tenait braqué devant lui.
- « Tu ne mérite pas de mourir » dit Psaume d'une voix profonde. « Karios et Jarvan eux, le méritait, c'était des être de la pire espèce, mais pas toi, pas les autres ». Sendor écoutait, paralysé par la peur. Devant lui se tenait une légende vivante et sa seule chance de survie était d'attirer sa pitié.
- « Si je pouvais mourir à ta place, je le ferai, mais je n'en ait pas le droit, trop de gens comptent sur moi, et tu en fais sans doute partie Sendor... Ce que je fais, je le fais pour nous, pour la libération, pour venger les morts, nos frères... »
Sendor écarquilla les yeux : ce pouvais-il que Sendor appartienne à la résistance ? était-il membre de la célèbre « communauté fraternelle » ? Sendor ne connaîtrait jamais la réponse car un carreau empêné de plumes noires se ficha dans son cœur, il eut juste le temps d'apprécier la justesse du tir puis tout devint noir.
***
L'arène s'illumina tout autour de Psaume mais cela ne le surprit pas, c'était devenu une habitude pour lui.Les alentours verdoyants disparurent, remplacé par le sable du cirque. Dans les gradins, un homme aperçut le champion et cria, puis la foule rugit en scandant le nom du champion.Psaume leva le poing en signe de célébration bien qu' écœuré intérieurement par ce spectacle. « J'aurais ma vengeance un jour » pensa -t-il.
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Le champion de l'arène
FantastikUne petite troupe d'amis se met en tête d'aller défier le"champion de l'arène" ... Mais ils ne savent pas ce que leur réserve l'arène, et ils ne savent pas qui est le "champion"... Ils ne savent pas que celui-ci est engagé dans une lutte secrète et...