.Part 2.

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Leurs visages gonflèrent et leurs yeux n'étaient plus que de la taille de leurs pupilles. La couleur de leurs visages vira au rouge écarlate. Il se mirent à baver comme des bébés, ou comme des chiens plutôt. Ma satisfaction se voyait sûrement dans mes yeux. Leur souffrance évacuait toute ma frustration due à toutes ces années de malheur donc mes hématomes, mes larmes versées, cette peur grandissante dans mon estomac et cette boule au fond de ma gorge due à un stress intense, mon échec scolaire... et j'en passe. Je me retenais de rire de toutes mes tripes devant ce si beau spectacle vengeur. Mais bien-sûr, ce n'était que le début.

Je savais qu'ils iraient se plaindre à l'infirmerie pour retrouver les jupons de leurs mères. Je savais également que leurs parents travaillaient et qu'ils devraient rentrer à pieds, séparés par un chemin opposé pour retrouver leurs maisons. Je savais également qu'ils avaient au moins un petit frère ou une petite sœur. Une nounou les gardait et ne pouvait donc pas chercher Hugo et Benjamin puisque leurs petits frères ou sœurs étaient trop jeunes pour sortir (surtout à cette période de l'année où les journées étaient rudement glaciales). Je connaissais également l'emplacement des couteaux de cuisine longs de 20 centimètres dans mon foyer et ne m'étais pas gêné pour en « emprunter » un. Quoique, à quoi bon le rendre ? Le faire disparaître serait d'autant plus sage après tout.

Je suivis donc ces deux vauriens jusque leur lieu de séparation.

Je portais ma cagoule et de vieux vêtements, même pas à moi d'ailleurs, je les avais dérobés dans leurs sacs de sport. Je pris soin également de porter des gants en latex.

Ce lieu était situé dans une ruelle sombre où personne n'habitait. La seule activité humaine perceptible était dans un restaurant qui affichait les horaires « 10h-12h ». Je n'étais pas bien sûr si ces horaires étaient matinaux ou nocturnes mais une chose était sûre : cela coïncidait parfaitement avec mon plan et l'horaire à laquelle j'allais passer à l'acte.

Je courais donc pour arriver à l'autre bout de la rue avant eux en contournant un appartement puis siffla pour les interpeler. Au début, ils n'étaient pas attentifs. Mais j'insistais tellement qu'ils se sont arrêtés et ont demandé « il y a quelqu'un ? » comme de vieilles froussardes.

J'avais pris soin de déplacer plusieurs conteneurs presque remplis à l'autre bout de la rue pour qu'ils ne s'échappent pas et ne pas attirer l'attention d'éventuels passants.

J'empoigna ma corde qui ne me fut pas difficile à attacher sur ces deux idiots. Ils faisaient plus les fiers d'un coup ahah ! J'avais vu dans un film d'horreur qu'un coup asséné à la gorge pouvait tuer instantanément quelqu'un. Mais il y avait deux alternatives en réalité. La première : soit je les plantais au niveau de la pomme d'Adam et ils se videraient de leur sang ou soit j'étais rapide et crevais un nerf, en dessous de la mâchoire. J'ai opté pour les deux options. J'allais en faire plus souffrir un qui se viderait de son sang puis je le crèverai avec de coups dans la gueule puis je me chargerai de l'autre avec qui je serais d'avantage clément puisqu'il ne souffrirait pas vraiment avec ma deuxième méthode.

J'ai tiré au sort. Enfin pas vraiment en fait. J'ai décidé de faire souffrir le « leader » de mon harcèlement : le dénommé...Hugo !

J'empoignai avec fierté mon nouveau jouet puis je ne vais pas vous faire un dessin de ce que j'ai fait ensuite puisque je vous l'ai expliqué précédemment. Bizarrement, ce fut plus facile que je ne le pensais.

Ce scénario était tellement précis... Personne ne pourrait me soupçonner : un gamin, innocent, qui a été abandonné par ses parents, seul pendant les récrés, silencieux pendant les cours, ne susciterait pas plus de curiosités et n'interpellerait sûrement pas des enquêteurs.

Je balançai ensuite les corps de mes bourreaux dans les deux conteneurs avec mon couteau, mes gants désormais couvert de sang, mes faux vêtements, ma cagoule (j'avais mes vrais vêtements en dessous) puis j'y mis le feu. J'avais fait éclater une petite lampe qui servait tant bien que mal à éclairer ce lieu de crimes, désormais, pour qu'on ne croit pas que ces conteneurs furent brulés volontairement. J'avais bien-sûr coupé les caméras qui servaient à enregistrer les déplacements ruraux. On se sait jamais. J'ai ensuite été jeter mes chaussures dans un lac.

J'étais vraiment satisfait. Cette vengeance, je ne la regretterai jamais. Ma nouvelle vie débutait enfin. A 10 ans, je savais beaucoup trop de choses certes mais je pouvais enfin vivre et me reconstruire progressivement.

Ma seule crainte était de devenir addict aux meurtres. Car ne dit-on pas que de se faire tatouer engendre l'irrépressible envie de recommencer ? Eh bien si j'ai bien capté, c'est exactement la même chose concernant le meurtre. Et je me disais qu'au pire je n'utiliserais cette possibilité qu'en cas d'extrême urgence, comme tel était le cas après tout !

Je rentrai donc à mon foyer. Mon « chez moi » selon les dires de la directrice de celui-ci. J'allai dans ma chambre sans prononcer un mot ni manger, comme je le faisais habituellement. J'avais la chance de ne partager ma chambre avec personne, c'était donc mon jardin SECRET. En l'occurrence, terriblement secret. C'est dans cette même chambre que j'avais fait des recherches sur ce que j'allais faire et peut-être devenir si l'on me choperait. Mais là je m'en tape complètement. Mon stratagème était si parfait que même un mec du FBI ne comprendrait pas que c'est moi qui ai mis tout ça au point et cette affaire rentrera dans les disparitions non élucidées. Car oui, vous l'avez oublié ? Il n'y a plus de corps.

En parlant de chambre. C'est dans celle-ci que mes cauchemars prennent vie. Mes cauchemars illustrent ce que j'ai vécu avec un membre de ma famille.

Une vie non préméditéeWhere stories live. Discover now