En parlant de chambre. C'est dans celle-ci que mes cauchemars prennent vie. Mes cauchemars illustrent ce que j'ai vécu avec un membre de ma famille. Ou plutôt ce qu'elle a vécu.
Point de vue du père d'Henry
6 années auparavant...
Comme à notre habitude, nous nous levions aux aurores avec ma femme. Contrairement aux couples « classiques », nous ne nous disions jamais bonjour, ne célébrions pas la Saint-Valentin ni aucune autre fête d'ailleurs. Pour nous, Noël n'était juste qu'un jour où nous recevions notre RSA qui nous permettrai de nous saouler plus.
Cette fois-ci, une impression de déjà-vu subvint sous mes yeux encore endormis. Ma femme pourtant si mince avait désormais un ventre gonflé, des vergetures, de la cellulite et vomissait quotidiennement depuis quelques jours. Je réalisai qu'elle était de nouveau enceinte. Une idée survint dans mon esprit. Et si l'on devenait finalement de vrais parents ? Notre premier enfant n'était pas désiré et nous n'étions pas du tout préparés à s'en occuper. Alors pourquoi ne pas se donner une « seconde chance » ?
J'interpella ma femme qui désirait prendre un traditionnel verre de whisky pour se réveiller.
Moi : tu n'as pas un peu grossi dis-donc ?
Elle : de quoi tu parles ? Non, j'suis tout-à-fait normale. Je n'ai remarqué aucun changement.
Moi : t'es sûre ?
Va te regarder dans le miroir. Rappelle-toi ce que tu disais avant de te rendre compte de ta précédente grossesse.
Elle se dirigea en trombes vers notre miroir. Sa réaction fut instantanée. Mon propre cœur battait très rapidement donc je n'osais imaginer l'état du sien.
Elle était crispée. Presque étonnée. Finalement, ce n'était pas un cancer qui lui faisait se sentir aussi mal. C'était un nouvel enfant. Alors, elle se retourna soudain, les yeux remplis de larmes ainsi que les joues rosées puis me fit un signe pour me faire comprendre de me lever et de m'approcher.
Point de vue omniscient
Le jeune couple était pour la première fois de leur vie presque uni. Le jeune homme s'approchait lentement de sa compagne perturbée. Ils se regardèrent pendant un long moment dans le blanc des yeux avant de s'adresser de vraies paroles. Il semblait qu'ils éprouvaient la même chose. Ils regrettaient.
Ils regrettaient de ne pas s'être protégés pour empêcher la naissance de leur premier enfant qu'ils n'avaient pas désiré. Et de l'avoir renié d'une façon horrible. Ceux-ci semblaient vouloir s'accorder une seconde chance. Aussi bien grâce à ce bébé mais aussi grâce à des spécialistes en addictologie, puisqu'ils ne pourraient pas élever leur enfant en étant conscient seulement une heure par jour. Le jeune père approcha sa main du ventre de sa compagne puis hésita un instant. Il n'avait pas envie de lui faire du mal ou de le blesser à travers cette fine protection de peau et de chair. Sa compagne tentait de le raisonner, le rassurer, mais rien n'y fit. Il était, semble-t-il, devenu un vrai papa poule.
Elle : tu es sûr que tu ne veux pas le sentir ?
Lui : sûr et certain. Je le prendrai sans hésiter dans mes bras après que tu aies accouché.
Elle : je suppose que tu as pensé à la même chose que moi ?
Lui : oui. Nous pouvons nous en occuper. Nous allons nous en sortir et l'élever comme il se doit. Nous sortirons de cet engrenage de l'alcoolisme et de la drogue. Je pense que nous serons de bons parents. Lorsque que tu accoucheras, je sais que cela sera dur pour toi, mais cette fois-ci je serai présent auprès de toi. Je t'encouragerai et te tiendrai la main comme un vrai père ordinaire. Nous n'avons plus qu'à convaincre les infirmières et les médecins que nous en sommes capables et que nous sommes prêts. Puis il ajouta : et s'il te plaît, retiens-toi de péter un câble lorsque tu verras les visages de celles qui t'ont presque traumatisée.
Ils rirent tous les deux de bon cœur.
Soudain, une flaque translucide coula au sol. Elle perdait les eaux. Le jeune homme s'empressa de prendre son téléphone posé non-loin d'ici. Celui-ci était déchargé. Il alla fouiller dans des tiroirs pour trouver un chargeur. Il en essaya un premier. Non. Puis un second. Toujours pas le bon. Ce n'est qu'au bout de plusieurs minutes interminables pour sa compagne mais aussi de stress pour lui qu'il en eut trouvé un qui pourrait charger son téléphone. Il le branchait puis appuyait sur les boutons de son portable d'une manière saccadée.
Lui : allez, allez ! Allume toi bordel !
Elle : DÉPÊCHE TOI IL ARRIVE !! insistait-elle en hurlant
L'écran allumé apparu enfin. Il appuya sur le bouton d'appel d'urgence puis composa le 18. Car même s'il n'était pas vraiment éduqué car il n'avait pas été à l'école, ou du moins très peu, il connaissait tout de même le numéro des urgences.
Pompiers : Bonsoir. Quel est votre problème ?
Lui : ma femme... Elle a perdu les eaux ! Elle...
Elle : IL ARRIVE !
Lui : Elle va accoucher ! Venez vite !
Pompiers : Monsieur, êtes-vous son conjoint ?
Lui : oui je le suis ! Dépêchez-vous s'il vous plaît !
Pompiers : calmez-vous. Nous avons localisé l'emplacement de votre lieu d'habitation.
Lui : alors qu'est-ce-que vous attendez bon sang ?
Pompiers : monsieur, nous faisons notre possible. Mes hommes vont arriver d'une minute à l'autre. Il ne faut pas que vous raccrochiez. C'est impératif. Dans quelle position se trouve votre compagne ?
Lui : elle... Je ne sais pas... Oh mon dieu !! NON OH MON DIEU ! ÇA NE PEUT PAS ÊTRE POSSIBLE, NON !!
Pompiers : que se passe-t-il ? Est-ce que votre femme est consciente ? Monsieur ! Appelez-la et dîtes-moi si elle parvient à réagir ! Monsieur ! Monsieur ?
Lui : elle ne répond pas...
Pompiers : essayez de sentir son pouls !
Lui : je... Je ne sens rien. Elle ne semble plus être là. Je...je crois qu'elle ne respire plus. Elle ne bouge plus. Elle n'arrête pas de saigner...
Pompiers : monsieur calmez-vous ! Surtout gardez votre calme c'est primordial ! Votre femme va être examinée au plus vite quand nos patrouilles seront arrivées ! Allez déverrouiller votre porte maintenant !
Lui : on n'a pas de... Verrou. Chuchota-t-il.
Pompiers : effectuez-lui un message cardiaque ! Mettez-la en position latérale de sécurité le plus vite possible ! Monsieur, ses pupilles sont-elles dilatées ?
Lui : quoi ? Enfin vous parlez des trucs noirs dans ses yeux ? Ils prennent presque tout son œil !
Pompiers : donc ses pupilles sont dilatées! Essayez de lui faire du bouche à bouche et n'arrêtez pas le massage cardiaque !
Un bruit sourd retentit. La patrouille de secours arriva. Ils prirent à leur tour le relai du massage cardiaque. Ils installèrent un long tuyau dans la trachée de la jeune femme. De l'oxygène lui fut délivré.
Des aides-soignantes et des sages-femmes prirent le nouveau-né avec délicatesse puis l'enveloppèrent dans une couverture de survie. Celui-ci fut transporté grâce à un autre camion dans une clinique d'urgences puis le jeune-homme fut obligé de les suivre car il était son tuteur légal. Les autres pompiers étaient toujours en train d'effectuer un massage cardiaque à la compagne du pauvre homme qui n'était plus vraiment conscient.
Lui : laissez-moi ! Ne me séparez pas d'elle ! Je veux la voir putain ! Non ! Lâchez-moi !
Point de vue du père de Henry
Je me sens coupable. C'est de ma faute. Je n'aurais pas dû paniquer et me dépêcher d'allumer CE FOUTU TÉLÉPHONE ! Je me retournais puis... Les pompiers étaient avec leur montre à la main. Ils ont annoncé : « heure du décès : 10h49 ».
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Une vie non préméditée
AçãoL'assassinat est passible de la réclusion criminelle à perpétuité.