La fille au chignon bleu

Le chignon bleu

Il était très exactement onze heure trente huit et dix-sept seconde quand elle est entrée dans la salle. Véritable tornade humaine, elle n'a pas frappé avant de s'engouffrer dans ma vie par la porte bleue de la salle d'anglais.

- Désolée pour mon retard! Je me suis perdue dans les couloirs! Il est super grand ce lycée!

Complètement essoufflée, elle se tenait les côtes et respirait plus fort qu'un boeuf en rut. Toute la classe était figée, choquée par cette arrivé fracassante.

Nullement déstabilisée par le silence des élèves, la fille continue son monologue.

- Enfin bon! Je suis finalement arrivée dans la bonne salle! Attendez. On est bien dans la salle 206? Oui on est dans la salle 206 j'ai vérifié avant d'entrer je suis bête! Bref! Je suis la nouvelle élève, Maya Kéros!

Elle se redresse alors de toute sa hauteur et quelque chose me saute aux yeux: son chignon bleu.

Au bout de quelques secondes, la prof réagit enfin.

- Pas de problème pour ton retard. Ça doit être compliqué d'arriver dans un lycée inconnu en cours d'année. Tu peux t'assoir à côté de Gabriel.

Gabriel? Pourquoi la prof veut elle me mettre à côté de cette folle?!

- Pourquoi moi madame ?

- Il se trouve que cette place est la dernière avant que la salle ne soit comble Gabriel. Ne t'inquiète pas je suis sûre que Maya est très gentille.

Cette dernière m'adresse un sourire franc avant de se diriger vers la chaise libre à ma droite. La prof reprend sa leçon en anglais. Je sens une perle de sueur glisser le long de mon dos au fur et à mesure que la nouvelle s'approche de moi. Mes mains tremblent malgré moi. Je les caches dans les poches de mon sweat, palpant le tissu à la recherche de mon porte clé fétiche.

Mes doigts s'arrêtent dessus au moment où elle s'assoit lourdement sur la chaise. Au bout de quelques fractions de secondes à peine, le moulin à parole s'enclenche tout seul.

- Salut Gabriel! Contente de te connaître! Je suis sûre qu'on fera un super binôme d'anglais!

La proximité est trop grande, j'ai le sentiment d'étouffer. Je décide de d'ignorer totalement ma voisine, préférant me murer dans le silence, le regard fixé sur une tâche au plafond. Lorsque le cours et terminé je suis le premier à ramasser mes affaires et sortir de la salle en courant. La dernière chose que j'entends en passant le seuil de la porte me laisse indifférent, je ne l'ai que trop de fois entendu:

- Laisse. Il est autiste.