- Gabriel ça va ?
Il s'écroule contre la porte du local à balais dans lequel je nous ai emmené. Il remonte ses genoux contre son torse, enserre ses bras autour et rabat sa capuche sur sa tête.
Je lui tient fermement le poignet et passe une main sur son front, il est brûlant. Il a l'air totalement perdu et balaye la pièce du regard.
- Oh! Gabriel tu m'entends?!
Je m'en veux un peu de lui crier dessus alors qu'il est en pleine crise mais ça a l'air de fonctionner. Il plante son regard brun dans le mien et articule:
- On est où?
- Dans un local à balais, j'ai pas trouvé mieux désolée.
- C'est pas grave.
Un lourd silence entre nous tandis qu'il calme sa respiration en essayant de la calquer sur la mienne. Quand il respire de nouveau normalement, son regard glisse sur ma main qui tient encore son poignet. Je le lâche aussitôt pour ne pas le perturber encore plus mais étonnamment il lâche un grognement quand je romps le contact.
- Quoi ?
- Ta main est fraîche. Ça fait du bien.
- Je croyais que tu n'aimais pas qu'on te touche.
- Oui mais là ça ne me gênait pas.
Un peu confuse, je reporte mon regard sur mes mains. C'est vrai qu'elles sont froides, on me le reproche souvent. Malgré la porte fermée, l'alarme parvient jusqu'à nous, criarde et lancinante, elle me sort de mes pensées.
- Bon Gabriel, je suis désolée mais on ne peut pas rester ici. Si il y a vraiment le feu quelque part c'est dangereux de s'enfermer dans un local où les produits d'entretien stockés sont probablement tous facilement inflammables.
Il secoue frénétiquement la tête et replie encore plus ses jambes contre lui. Je soupire.
- Gabriel il faut qu'on sorte.
- L'alarme me fait mal aux oreilles et les gens se collent contre moi.
- Les gens sont tous dehors et dès que ce sera aussi le cas pour nous on n'entendra même plus l'alarme.
- La portance du son est très élevée quand le nombre de décibels est aussi grand. Donc même dehors, on continuera d'entendre l'alarme.
Mes mains froides ne le gêne pas? Très bien. Je les colle contre ses joues et le force à me regarder directement dans les yeux.
- Bon maintenant Gabriel tu vas m'écouter. Je sais que c'est dur pour toi encore plus que pour les autres. Mais je suis là. Je suis avec toi quoi qu'il arrive. Alors on va y arriver d'accord?
Il hoche la tête. Je lâche un soupir de soulagement. Il se relève et je lui prends la main. J'ouvre lentement la porte mais la sirène est vraiment forte. Je sens ses doigts se crisper autour des miens. Pour le rassurer j'exerce une petite pression sur sa main et sort la première. Une forte odeur de brûlé parvient jusqu'à mes narines et j'aperçois un nuage de fumée rampant sur le lino sale du lycée.
- Aller vient on se dépêche!
- Pourquoi?
- Peu importe!
Je tire sur son bras et le force à me suivre au pas de course, si bien qu'il n'a pas le temps de remarquer la fumée.
- Ça sent mauvais...
On arrive enfin à la sortie de secours. J'appuie de tout mon poids contre le battant de la porte et nous sommes enfin à l'air libre. Chacun de nous prend une grande bouffée d'air frais.
Mes mains tremblent autant que les siennes.Notre professeur de math se rue sur nous. Son regard se porte directement sur nos mains jointes.
- Non mais ça va pas non?! Aller roucouler alors qu'il y a le feu dans l'établissement?!
Je sens toute ma colère monter en moi rapidement. Je lui hurle dessus, hors de moi à cause de la peur qui déchire encore mes entrailles.
- ROUCOULER?! PEUT ÊTRE QUE SI VOUS FAISIEZ PLUS ATTENTION À VOS ÉLÈVES VOUS AURIEZ REMARQUÉ QUE GABRIEL ÉTAIT À DEUX DOIGTS DU MALAISE !
C'est à ce moment là que je me rends compte que je pleure. Mes joues sont trempées et un goût salé me pique la langue. J'essuie rageusement mes larmes avec le revers de ma manche.
Le professeur détourne le regard, gêné. Je reste plantée face à lui, en plein milieu de la cour, incapable d'arrêter mes pleurs. Je me sens tellement idiote.
Soudain une paire de bras enserre mes épaules et vient me plaquer contre un torse brûlant imprégné de l'odeur de fumée.
- C'est fini maintenant Maya.
Complètement ahurie, je lève la tête et découvre un Gabriel tout aussi paniqué que moi qui tente de me rassurer du mieux qu'il le peut.
Attirée par mes cris, la moitié de la classe s'atrouppe autours de nous. Les chuchotements ne tardent pas à s'élever mais Gabriel ne me lâche pas. Ses mains serrent mon pull comme si j'étais une bouée de sauvetage.
Je foudroie du regard tous ceux qui le dévisage et me décolle lentement de lui, gardant sa main dans la mienne.
- Oui c'est fini maintenant.
************************************
Hey ! Voici un chapitre un peu plus court que d'habitude MAIS il est possible que vous en ayez un autre dans la soirée mes petits chou ^^
Petite anecdote:
Le coup de la brosse qui prend feu, c'est vraiment arrivé quand j'étais au collège et je me souviens d'avoir bien paniqué ce jour là XD.
Comme d'hab si ce chapitre t'as plus ce serait cool de me le faire savoir !
Bisous :3
VOUS LISEZ
La fille au chignon bleu
Teen FictionIl était très exactement onze heures trente huit et dix-sept seconde quand elle est entrée dans ma vie par la petite porte bleu de la salle d'anglais. Onze heures trente huit et dix sept seconde quand mon monde a été ébranlé. ○○○○○○○○○○○○○○○○○○○ Ga...