Tout commence à Cochran's Mills dans le le comté de Armstrong en Pennsylvanie, le 5 mai 1864. C'est ce jour que Elizabeth Jane Cochran est née. Si son village natal porte son nom c'est parce que son père, Michael Cochran possède la moitié des terres et des moulins du coin.
Mr Cochran s'est marié deux fois et père de quinze enfants. Elizabeth est issue de cette seconde union. Déjà toute petite, la fillette montre un caractère particulièrement rebelle et têtue. Cependant tout s'écroule lorsque son père meurt alors qu'elle n'est âgée que de 6 ans, sa branche de la famille est expulsée. Pour s'en sortir, la mère Elizabeth se remarie trois ans après la mort de son précédent époux. Mais le nouveau n'est pas enfant de cœur, il est alcoolique, violent (il frappe sa nouvelle femme régulièrement), elle doit divorcer. Pourtant à l'époque, ce n'était pas une mince affaire; pour que la Justice accorde le divorce, elle doit appeler sa propre fille à témoigner à la barre. La jeune Elizabeth ne peut que constater les difficultés financières de sa famille et est consciente qu'elle va devoir travailler.
Sa situation sociale la destinerait à devenir gouvernante ou demoiselle de compagnie, pourtant la jeune fille rêve d'autre chose... Il faut savoir que l'adolescente écrit des poèmes et des histoires depuis ses 16 printemps. Elle finit par intégrer à l'"Illinois Normal School" pour devenir institutrice. Malheureusement, elle est au bout d'un semestre car elle n'a plus de quoi payer les frais de sa scolarité.
En 1880, la famille part s'installer à Pittsburg. Mais c'est en janvier 1885 que le destin de la jeune femme bascule. Un jour, alors qu'elle lit le "Pittsburgh dispatch", elle tombe sur un article ("A quoi sont bonnes les pauvres filles") qui la met littéralement hors d'elle .
Voici un extrait de cette chronique :
"La place d'une fille est à la maison. A coudre, à s'occuper des enfants. Sans quoi la Société s'effondre. Une femme qui travaille est une monstruosité"
- Fin de citation
Prête à exploser de rage, Elizabeth se saisie de sa plume et rédige une réponse assassine à l'éditorialiste responsable du canard, elle signe "Lonely orphan girl" (L'orpheline solitaire).
La lettre est si bien écrite que le directeur du "Dipatch", Georges Madden, est amusé et décide non seulement de publier la lettre mais défit l'énigmatique orpheline solitaire de venir au journal si elle ose. Ce qu'elle fait, c'est alors qu'il lui propose un poste. Elle accepte, et de crainte que sa condition sociale de femme travailleuse, ainsi que sa plume acérée face du tort à la famille de la jeune femme; le directeur l'incite à écrire sous un pseudonyme. Elle deviendra Nellie Bly (en hommage à la chanson de Stephen Foster qui faisait un carton à l'époque).
Ses premiers articles auront pour sujet les travailleuses pauvres, l'incroyable parcours du combattant que doit effectuer une femme si elle veut divorcer, les conditions de travail dans une usine de Pittsburgh...
Si ses reportages font un tabac et les lecteurs en redemande, en revanche les industriels n'aiment pas trop qu'on écrit que les ouvriers sont maltraités dans leurs usines. Les patron décident alors de faire pression sur le journal pour arrêtée cette "furie".
La rédaction propose à la jeune journaliste une opportunité absolument géniale : une réorientation professionnelle à la rubrique "femmes" (c'est à dire jardinage, patron de couture, cuisine...). Nellie décide de ne pas se laisser faire et s'applique à rendre son dernier papier. Ce dernier est agrémenté d'un joli message personnel qui est en réalité sa lettre de démission.
Insatisfaite, Nellie choisit de partir en voyage avec sa mère. Sa destination ? Le Mexique ! Elle se met à tenir un carnet de voyage qu'elle finit quand même par envoyé au journal. D'ailleurs, elle ne peut pas s'empêcher d'écrire autre chose que de longues descriptions des paysages enchanteurs qu'elle découvre au fur et à mesure...
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Drôles de Dames Réécriture
Non-FictionOyez oyez braves gens, si parmi vous en avez assez que la liste des femmes célèbres se résume à Jeanne d'arc et à Marie Curie, alors venez jeter un coup d'oeil à ces Drôles de Dames. En effet, j'ai décidé de redresser quelques torts. Ma non-fiction...