La salle aux morts

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...Nous sommes pris au piège...

Une immense passerelle sans garde-fou nous acceuille à notre entrée. Elle est éclairée par des lampions et une flèche rouge clignote au bout, nous indiquant une deuxième porte rouge. Tout autour du pont, le vide qui paraît sans fin, et l'obscurité.

Nous avançons lentement, peu sûr de nous.

- A ce rythme là, on va y passer la nuit ! blague Wilbur de sa voix perçante. N'ayez pas peur mes enfants, je suis là pour vous guidez.

- Oui, enfin, si on tombe, tu pourras pas nous rattraper, gromelle Owen pour lui-même.

On marche avec un peu plus d'entrain, bien décidés à en finir avec cette maudite passerelle sans plafond ni sol. D'ailleurs, celle-ci ne tangue pas ; étrange...

- Ne t'approche surtout pas du bord, reste au milieu ! me prévient Owen. On ne sait jamais ce qui peut se passer.

Je passe devant lui en fixant la deuxième porte rouge en face.

- Je ne comprends pas pourquoi l'Autocrate nous fait passer toutes ces épreuves, fais-je remarquer à Owen.

- A mon avis, il ne passe pas par là tous les jours... A moins que le parcours soit simplifié, suggère-t-il.

- Non le parcours n'est pas simplifié ou quoi que se soit, puiqu'il ne vient tout simplement jamais ici ! s'exclame Wilbur. Ces étapes ont été créées spécialement pour vous, et cela change pour chaque invité ! C'est très ingénieux, non ?

- Mais comment fait-il pour aller dans son bureau alors ? demande Owen, sans répondre à Wilbur.

- Par l'ascenseur, mon cher ami, par l'ascenseur !

Nous sommes à quelques mètres seulement de la porte, qui commence à s'entrouvrir légèrement.

- Et où est cet ascenseur ?

- Il se trouve derrière une porte cachée, dans le réfectoire ; et précisement dos à l'Autocrate et à Madame quand ils man... Oups ! J'en ai dit trop ! Je vais me faire houspiller par Monsieur... En même temps, ce n'est pas bien grave puisque vous ne ressortirez jamais ! lâche Wilbur après réflexion.

- Quoi ?! Comment ça on ne ressortira jamais d'ici ? m'écrié-je.

- Enfin, les enfants, vous vous doutez bien que la sentence ne sera pas rose après les bêtises que vous avez commises. Bon maintenant, ça suffit ! J'en ai assez dit donc je vais me taire. A bientôt, mes petits !

- Il la ferme enfin, celui-là ! C'est pas trop tôt ! ronchonne Owen.

Quand nous arrivons au pied de la porte, je commence à paniquer. Qu'est-ce qui va se passer, une fois avoir franchi la deuxième porte ? Quelle surprise nous réserve l'Autocratre cette fois ? La seule chose dont je suis sûr, c'est que je n'ai pas envie de mourir. Je veux vivre ! Et pas dans le Palais ! A côté de moi, Owen, tendu, remet Mary sur ses pieds tandis que les lumières se rallument une nouvelle fois. Nous observons la salle dans laquelle nous étions : pas de passerelle, seulement deux rangées de lumières parallèles qui forment un chemin. Le plafond est très bas contrairement à ce que nous pensions et je me demande pourquoi nous n'avons pas ressenti cette sensation d'étouffement qui nous submerge a présent.

- Ne regardez pas derrière vous, nous informe Mary, d'une voix tremblante, surtout ne faites pas ça !

Evidemment, on se retourne, mais doucement, craignant de plus en plus l'étape suivante. Owen, qui s'est retourné avant moi, pousse un cri d'effroi :

- Mais qu'est-ce que c'est que cette horreur !

Je me tourne complétement et constate moi aussi le paysage atroce qui s'étend devant nos yeux ébahis : dans cette salle, plus petite que la précedente, des centaines de corps sans vie dégoulinant de sang sont amoncelés. Au mur, sont pendus des gens, par dizaines, les yeux encore ouverts, laissant apparaître toute la souffrance qu'ils ont vécus pendant leur dernier instant de vie. D'autres cadavres se sont apparement fait poignarder, lyncher, torturer, fusiller ou étrangler. Certaines femmes à moitié nu ont même les marques de viol. La salle est saturée d'un air de puanteur, de chair brûlée, de sang et de mort.

IncontrôlableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant