Le début de la fin

156 4 2
                                    

...Le voyage en enfer vient tout juste de commencer...

Mary pousse des cris aigus, Owen a fermé les yeux et moi je retiens mon souffle, tant j'ai l'impression que ce tunnel ne va jamais se terminer. Un peu comme le liquide au-dessus du bassin, on stagne.

Tout à coup, je me retrouve les fesses dans la poussière. La tête à moitié engourdie par la douleur de la chute, je regarde les trappes du plafond par lequel nous sommes arrivés se refermées, nous faisant prisonnier. La pièce dans laquelle nous nous trouvons est à présent plongée dans le noir. Quand mes yeux s'habituent peu à peu à l'obscurité, je distingue vaguement des vieux murs poisseux. Il n'y a pas la moindre trace de mobilier ni de nourriture ou d'eau. Cette minuscule pièce se résume assez bien au mot rien car il n'y a tout simplement rien.

- Nous sommes condamnés à mourir ici... conclut finalement Mary, comme si elle lisait dans mes pensées.

Je m'adosse à un mur en tatonant : il est humide et recouvert d'une épaisse couche de mousse gluante. Par contre, je remarque que certaines pierres du mur commencent à s'éfriter. Mary et Owen me rejoignent à quatres pattes et s'assoient à mes côtés. Mon amie respire bruyamment, sans doute à cause de ses crises de claustrophobie. Elle se presse contre Owen et je fais de même, vu qu'il est la source de chaleur la plus proche.

- Il faut qu'on sorte d'ici, me chuchote-t-il au bout d'un moment, Mary ne vas pas bien du tout, elle étouffe !

Sa voix se casse sur le dernier mot, je crois qu'il sanglote mais il retient ses larmes, ça s'entend. Cela me rappelle son attitude devant la femme brune dans la salle aux morts, ses larmes dévalant ses joues, son air détruit par les faits devant ses yeux. Je me rends compte que c'est la première fois que je le vois pleurer comme ça. D'habitude, sa fierté prend le dessus pendant l'entraînement et ce sont les autres qui pleure, mais jamais lui. Il fait toujours tout pour cacher ses faiblesses, aussi bien mentales que physiques. Jamais il ne pleurerait comme un gamin devant tout le monde, il est bien trop fort, trop fier pour ça. Pourtant tout le monde pleure, ce n'est pas un crime. D'ailleurs beaucoup d'élémentaires profitent de l'entraînement pour déverser le trop plein d'émotion accumulé à longueur de journée sur les tapis de combat, que ça soit de la colère ou des larmes. Mais je ne lui dis pas, il ne comprendrait pas.

Je ne répond pas à Owen, mais il entoure mes épaules de son bras droit et me serre plus fort encore. Je ne sais pas si c'est pour me réconforter ou plutôt pour se réconforter.

Soudainement, je me demande l'heure qu'il est et me surprend à penser qu'il y a des horloges électroniques dans toutes les salles du Palais sauf bien évidemment dans celle-ci. Au moment où on en aurait le plus besoin !

Je crois que lorsque l'on sait qu'on va mourir dans les prochaines heures, une partie de notre cerveau nous transmet des informations un peu étranges ou se déconnecte de manière à ce qu'on réfléchisse différemment. En temps normal, savoir l'heure ne m'aurait même pas effleurer l'esprit mais là si, bizarrement. A quoi sert de connaître la place des petites aiguilles sur un cadran quand on ne sera bientôt plus de ce monde ?

- Dors un peu, me dit Owen. S'il faut qu'on finisse notre vie ici, autant le faire bien reposer.

Je sens bien qu'il essaie de se décontracter. Personellement, je ne ressens rien : je n'ai pas peur, je ne suis pas en colère... J'attend la suite, c'est tout. Je finis par m'endormir, berçée par le clapotis des gouttes d'eau suintant sur les murs et la respiration calme et rassurante d'Owen.

                        ------------

Je me réveille en sursaut, alertée par des pleurs et des cris à côté de moi.

IncontrôlableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant