Flocon de Neige

Lettre 8

Jeudi 14 octobre

Clara,

Plic. Ploc. Plic.

Ploc.

Tu entends ? Ce sont mes larmes. Qui se forment, roulent, me chatouillent les joues, descendent jusqu'à mon menton, tombent. S'écrasent lourdement sur le papier.

Mais qu'est-ce que j'ai dit ? Qu'est-ce que j'ai dit ?

Si tu savais comme je m'en veux. Si tu savais comme je regrette !

Pardonne-moi, Clara.

Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Je ne veux même pas chercher à me justifier. Tout est ma faute, je dois bien assumer.

Je ne t'ai jamais détestée, Clara. Je ne pourrais jamais te haïr, ni souhaiter ton malheur.

Je m'en veux. Je m'en veux terriblement.

Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Je ne comprends pas. Pourquoi cette colère soudaine ? Je ne sais pas, je ne comprends pas. Clara, aide-moi, je t'en supplie ! J'ai besoin de quelqu'un, j'ai besoin de réponse.

Je crois que je vais signer cette lettre, et la ranger avec les autres, dans ce tiroir où s'entassent déjà les autres lettres.

Je crois que je vais me recroqueviller dans mon lit, comme après avoir déversé ma colère sur toi.

Ensuite, je crois que j'irai dans le salon, les yeux rougis. Maman me regardera, et je pourrai me blottir contre elle. On ne dira rien. Depuis ton départ, il n'y a plus beaucoup de mots entre nous tous. 

Je sens une boule dans ma gorge. Elle me fait mal, je n'arrive pas à déglutir.

Je t'aime, Clara. Ne laisse personne dire le contraire. Même pas moi. Surtout pas moi.

J'espère que tu pardonnes ma stupidité. J'espère que tu me pardonnes. Je t'en supplie, pardonne-moi.

Pardonne-moi d'être celle que je suis.

Louison