Lettre 28

324 129 25
                                    

Lundi 14 décembre

Clara,

Je pense que pour que tu m'aides, il faut que tu saches ce que j'endure. Si je te le raconte, peut-être que... Peut-être qu'il se passera quelque chose, je ne sais pas... Quelque chose, n'importe quoi.

Accroche-toi, ce n'est pas une histoire d'arcs-en-ciel et de licornes.

Je suis seule, assise sur un banc. Je ne vais pas aux toilettes, je sais qu'elles m'attendent là-bas. Je me fais petite, je baisse la tête : il ne faut pas que l'on s'intéresse à moi.

Je regarde les sixièmes. Je vois ce groupe de filles, avec qui tu étais souvent. Je feuillette distraitement un livre.

Puis je sens ces présences menaçantes. L'une d'elle prend le livre, me l'arrache des mains. Je n'ose pas les regarder, j'ai honte. J'entends ce bruit sec, qui se reproduit. Je vois des morceaux de papiers tomber au sol. Elle déchire le livre.

Je tremble, je retiens mes larmes. Horrifiée, je lève le regard sur elles. J'ai peur. J'ai honte. Je veux disparaître.

Alors, quoi de neuf, Louison ?

Je ne réponds pas. Brusquement, je me lève et fais mine de partir. Celle aux cheveux courts et blonds m'attrape le bras avec calme.

Laissez-moi !

Elle m'oblige à me rassoir. Je me recroqueville et évite tous ces regards.

Tu es pathétique. Pathétique, Louison.
Nulle, carrément désespérante.
Ouais.

Peut-être que c'est vrai. Peut-être que je suis juste pathétique, nulle, désespérante. Peut-être que je ne mérite pas de tout ce que j'ai.

Il aurait fallu que je parte à ta place.

Louison.

Flocon de Neige Où les histoires vivent. Découvrez maintenant