Premier chapitre : Hoseok

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- Bon, et bien, on se voit dans trois semaines !

- A dans trois semaines alors.

Je souris aux deux hommes qui me font face avant de m'éloigner du bâtiment. Dans ma sacoche se trouvent désormais un contrat de travail ainsi que deux scripts. Je suis heureux d'avoir pu trouver ce job, même s'il m'a forcé à revenir sur Séoul. Je pensais avoir oublié tous mes souvenirs, mais au final, ils se sont tous rallumés en quelques jours. J'aurais pu m'installer dans un autre appartement, mais mes locataires ont quitté le mien le mois dernier, et c'est le seul choix que j'avais. L'immeuble n'a pas beaucoup changé en presque cinq ans d'absence, comme s'il m'attendait depuis tout ce temps.

Je passe me chercher à manger avant de rentrer chez moi. Ensuite, je vais lire mes scripts pendant le repas, et sûrement les apprendre dans la foulée. Ca me fait bizarre de me dire que je vais tourner dans des courts-métrages. Moi, tout ce que j'ai fait en cinq ans, c'est de la comédie dans des petites pièces de théâtre. C'est vraiment différent. Les vidéos seront postées sur internet, et je serai exposé à la critique plus ou moins dure de la toile. J'ai horriblement peur, mais en même temps, je suis terriblement excité. Si ça marche, des portes s'ouvriront à moi. Je ne sais même pas comment des gens aussi connus et semi-pros ont pu me choisir, moi le petit comédien de bas étage. Ils disent qu'ils aiment mon énergie, ma bonne humeur et que je dégage une aura particulière. D'après eux, ce n'est pas l'âge ou la technique qui fait un bon comédien, mais son expérience de la vie. Je ne sais pas si j'ai vécu beaucoup de choses, mais je sais que je les ai vécues avec intensité. Je suis de ceux qui vivent à en crever.

Je sors de ma douche, détendu. Après avoir mangé, j'ai bien sûr lu mes textes, et les ai ensuite appris, totalement emballé. Il est tard maintenant, presque vingt-deux heures, mais je crois que je vais quand même sortir prendre l'air. Je me sens un peu oppressé sans comprendre pourquoi, il faut que je quitte un peu cet appartement. Je m'habille de manière confortable, ayant pour seul but d'aller marcher un peu. Ensuite, je récupère quelques affaires et me dirige vers la porte d'un pas énergique. Une fois sorti, je mets mes écouteurs à mes oreilles et mon regard s'arrête sur la porte de mon voisin. Il y a cinq ans, cette porte, j'en avais le double des clefs. Je m'y rendais souvent et m'y sentais bien. Avant que tout ne s'écroule. Avant qu'il ne me jette comme il l'a fait.

Je sursaute quand cette porte s'ouvre lentement. Je renifle afin de chasser les larmes et l'émotion qui m'ont gagné pendant cette contemplation. Mes yeux s'équarquillent en reconnaissant la femme qui se tient devant moi et qui commence déjà à me sourire avec douceur.

- Oh, bonsoir Hoseok, me salue-t-elle d'un ton joyeux.

- Bonsoir madame Pyo.

- Tout va comme tu veux ? Tu as réussi à retrouver tes repères ? Est-ce que tu as besoin de quelque chose ?

Je secoue la tête négativement en lui souriant. Cette femme, c'est un peu la concierge de l'immeuble. Âgée d'une soixantaine d'années, elle est l'une des plus vieilles dans cet immeuble rempli de jeunes. Elle prend beaucoup soin des autres habitants, et c'est pour ça qu'elle est énormément appréciée.

- C'est très gentil à vous, mais je n'ai besoin de rien. Il y a un problème avec cet appartement ?

Je suis relativement curieux. Cet appartement appartient à mon passé, mais il garde encore une importance à mes yeux. Je sais que celui que j'ai connu ne vit plus là, il m'a toujours dit qu'il partirait à la fin de ses études. Qui le remplace ? Madame Pyo me sourit avec toujours autant de bienveillance.

- Et bien, je ne sais pas si je peux t'en parler ... Il n'y a pas vraiment de problème, je viens juste m'occuper du chat.

- Oh, son propriétaire est en vacances ?

- Malheureusement non, il est à l'hôpital.

La peine s'installe sur son son visage et je compatis avec elle. En même temps, j'aurais dû deviner qu'il n'était pas en vacances, je l'ai entendu hier soir. Elle reprend, ayant visiblement envie de parler de ça.

- Tu sais, il est très courageux. Il est malade et va souvent à l'hôpital, mais il me montre rarement sa douleur. Quand il n'est pas là, je viens m'occuper de son chat.

- Je suis désolé qu'il soit malade comme ça, madame.

- Ne le sois pas, ce n'est pas ta faute. Mais il est tellement jeune ... J'ai de la peine pour lui et sa famille.

- Ne vous en faites pas. S'il est jeune, il va se battre avec force.

- Je l'espère.

Après cette conversation des plus étranges, je la salue et finis de descendre les escaliers, ayant encore besoin de m'aérer l'esprit. Je suis revenu depuis quelques jours, peut-être que je devrais aller saluer ce nouveau voisin ? On est le vingt-deux décembre, et l'ambiance de Noël me donne envie de faire sa connaissance. Et pourquoi pas de l'aider ?

C'est avec toutes ces pensées que je parcours les rues de Séoul, à la recherche de repères. Il y a des magasins dont je me souviens, d'autres qui n'existaient pas à l'époque. C'est étrange de voir comment ça a évolué mais de se rendre compte qu'une partie de mon passé est restée intact. Je soupire avant de prendre le chemin du retour. Tout me rappelle mon passé et me fait souffrir, même si je me suis promis de ne plus repenser à tout ça. C'est difficile de reprendre la vie que j'ai laissée suspendue ici en partant. Surtout quand je n'ai pas tout ce que j'avais à l'époque. Un peu las et légèrement démoralisé, je vais me coucher pour reprendre des forces. Je savais que ça serait difficile, ce n'est qu'une question de temps pour faire une croix sur tout ça. J'en ai besoin je crois, après cinq ans de vide.

Le lendemain matin, je suis réveillé relativement tôt par la porte de mon voisin. Il rentre sûrement de l'hôpital, comme madame Pyo me l'a dit. J'entends son chat miauler pour avoir de l'attention -ou de la nourriture- et il lui marmonne quelques mots. Rapidement, il ne fait plus aucun bruit et je me rendors, me promettant réellement d'aller le voir d'ici quelques jours.


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Et voici enfin le premier chapitre, pas très long, mais qui pose les bases sur le point de vue de Hoseok. Je sais qu'il traîne en longueur, mais rassurez-vous, le prochain devrait être plus agité !

Bonne journée, et à la semaine prochaine.

No escapeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant