Quand Hoseok claque la porte derrière lui, mon coeur rate un battement. J'ai mal. Il se passe quelques secondes avant que je ne me mette à pleurer moi aussi. Je ne sais même pas comment j'ai fait pour lui dire tout ça. Je ne pense aucun de mes mots, au contraire. Mais une force me pousse à lui mentir et à lui faire toujours plus de mal. Je ne peux pas. Il ne peut pas revenir dans ma vie et me rendre heureux. J'ai abandonné le bonheur le jour où je l'ai quitté, il y a cinq ans. J'ai fait une croix sur toute forme de vie heureuse quand j'ai fait ce choix affreux. Je m'en veux de lui avoir dit tout ça. J'ai peur qu'il n'exécute mes paroles. J'ai peur qu'il ne se jette à nouveau sous une voiture. Il y a cinq ans, quand il a fait sa tentative de suicide, j'ai cru mourir. C'est là que j'ai compris que je lui avait fait beaucoup trop de mal et que jamais, jamais je ne pourrais vivre normalement. Puis il est parti et j'ai commencé à vivre comme un déchet. Comme ce que je suis. Quand je lui ai dit que j'aurais préféré qu'il meurt ce jour-là, je crois que c'est à moi que je pensais.
Après cette crise de larmes et de rage, je finis par m'endormir. Les médecins viennent me voir, ils vérifient que je vais bien. Il se passe des heures, des jours peut-être avant qu'on ne me laisse sortir. J'ai la boule au ventre, je ne veux pas rentrer chez moi. Je ne veux pas prendre le risque de le croiser. Ou d'apprendre qu'il s'est suicidé. Je ne me sens pas bien, je suis tremblant. Pourtant, je descends du taxi. Je passe mon sac sur mes épaules. Et après une grande inspiration, je rentre dans le bâtiment. Je passe d'abord voir madame Pyo pour lui dire que je suis rentré. Je me force à lui sourire et à lui dire que tout va bien, tout va mieux. Mais dans le fond, tout va mal, tout va pire. La présence d'Hoseok me détruit. Non. Je me détruis. C'est moi, pas lui.
Je salue Hope qui se frotte à moi en fermant la porte. Parfois, je me dis que ce n'est pas une vie pour lui. Je suis souvent absent et ma vie est instable. Mais il a l'air d'être heureux ici et de m'apprécier. Alors je le garde. Je dépose mes quelques affaires et me décide à passer un coup de fil. Mon employeur a été prévenu de mon hospitalisation et je tiens à m'excuser auprès de lui. J'ai de la chance, il est assez compréhensif. Il ne sait pas pourquoi j'étais à l'hôpital et c'est tant mieux, il ne me verrait pas du même oeil. Quand je travaille, je fais attention à ne pas avoir bu ou consommé quelque chose, je ne peux pas me permettre de me faire virer. Mais quand je ne travaille pas, c'est autre chose. Je me retrouve seul avec mes pensées, dans le noir. Alors il faut que j'oublie. Et comme chaque personne qui veut oublier, je me suis tourné vers l'alcool, la drogue, et le sexe. C'est cliché, je sais. Le pire, c'est que ça ne m'aide même pas.
Pendant les jours qui suivent, les semaines probablement, je reprends mon train de vie dangereux. Puis je commence à boire de moins en moins, je ne touche plus à la drogue. Je me contente de rester là, les yeux dans le vide, à écouter les bruits. J'écoute ce qui m'entoure, pour entendre Hoseok continuer à vivre. J'ai cette peur qui me déchire le ventre. Je ne veux pas qu'il refasse l'impensable. Alors j'écoute le moindre signe de vie le concernant. Quand il marche, quand il est au téléphone, quand il parle tout seul. Je ne comprends pas ce qu'il dit, mais je perçois sa voix. Je soupire quand il sort et sursaute quand il rentre. Et je pleure quand je l'entends crier et pleurer. J'ai l'impression de ne pas le reconnaître, il a changé par ma faute. Je pense qu'il fait des crises de colère quand je l'entends faire ça, et je ne peux rien y faire. C'est sûrement de ma faute. Parfois, sa voix se fait plus forte et il m'insulte, il sait que je dois l'entendre comme lui m'entend. Je ne lui réponds jamais. Quand c'est trop dur à supporter, je m'en vais et je reviens plus tard. Nous nous croisons de temps en temps, mais nous ne nous adressons jamais le moindre mot. Il me jette un regard rapide et baisse la tête pendant que moi je n'ose pas le regarder.
Jusqu'au jour où je n'en peux plus. Je n'en peux plus de l'entendre comme ça. Je n'en peux plus de savoir ce que je lui ai fait. Alors je réfléchis, et je trouve la seule solution qui me semble souhaitable pour lui et moi. Il me faut quelques jours pour régler tous les détails mais je le fais. Je quitte d'abord mon boulot. Mon patron est surpris mais il ne me fait aucune remarque. Puis je cherche un appartement ailleurs. Je finis par trouver une chambre minuscule qui a l'avantage de ne pas demander à ce que j'aie un travail. Je fais mes bagages. Ca me déchire le coeur, mais je ne peux pas rester ici. J'aurais dû partir il y a bien longtemps. Je ne prends que le plus important, c'est-à-dire par grand chose. Je préviens le propriétaire de l'appartement que je pars. Et enfin, quand tout est prêt, je vais voir madame Pyo au petit matin. Je sais qu'elle se lève tôt et que je ne la réveille pas. Je lui apprends la nouvelle et elle semble triste. Je lui laisse les clefs. Mais ce n'est pas la seule chose que je lui laisse. Je lui donne deux indication : elle doit donner l'enveloppe que je tiens à Hoseok ce soir, et j'aimerais qu'elle s'occupe de Hope pour moi. Je ne peux pas l'emmener avec moi. Elle me salue et je sors enfin du bâtiment avec mes grosses valises.
Le trajet me semble durer une éternité. Je n'avais pas pris le train depuis des années. Une fois descendu, je soupire de soulagement. Par chance, mon nouvel appartement n'est pas très loin de la gare, et l'agence non plus. Je suis en avance pour récupérer les clefs mais ça ne me dérange pas d'attendre quelques heures. Ce que je fais. Une fois que je les ai en main, je monte, fatigué. J'ouvre la porte, tremblant. Mon coeur se met à battre à vive allure. Il sait ce qu'il va se passer. J'hésite. Pourtant, je ne peux plus reculer. Je referme la porte derrière moi. Je pose mes valises dans l'entrée et observe autour de moi. C'est vraiment très petit. Mais vu ce que j'ai prévu de faire ici, ça n'a pas d'importance. L'agence, dans son extrême gentillesse, m'a laissé quelques éléments de vaisselle ainsi que les meubles et d'autres petits choses qui peuvent m'être utile. Il ne me manque que la nourriture pour vivre ici. Mais pour le moment, j'ai soif. Je m'approche pour récupérer un verre et me servir au robinet. Mon corps entier tremble et j'ai du mal à avaler l'eau.
Je repose le verre sur le bord de l'évier. Puis j'inspire rapidement. Je retourne vers l'un de mes sacs. Je fouille dedans. C'est quand j'ai l'arme en main que mes doutes s'envolent enfin. C'est la meilleure décision que je puisse prendre, pour Hoseok comme pour moi. Je suis fatigué de cette vie et je le fais souffrir. Mécaniquement, je remonte mon bras et je pose le canon sur ma tempe. J'inspire, expire doucement, les yeux fixés sur mes affaires emmenées ici presque pour rien. Je compte.
Et quand j'arrive à trois, j'appuie sur la détente.
~~~~~~~~~~
Et voilà, ne me détestez pas trop ! Comme vous vous en doutez, c'est bientôt la fin. Ce chapitre n'est pas le dernier, rassurez-vous, mais c'est vraiment presque la fin.
Je ne sais pas ce que je commence à publier ensuite. J'ai un recueil d'OS avec un OS par pairing, j'ai une fiction crossover avec un manga de commencée mais avec peu de chapitres déjà écrits, et j'ai également quelques autres idées pas encore écrites.
J'en reviens au recueil d'OS "musical" dont j'ai déjà parlé. Si quelqu'un a envie de me voir écrire un OS inspiré d'une chanson (kpop ou non), n'hésitez pas à proposer une chanson ! Je peux utiliser le clip comme les paroles. Si jamais ça intéresse quelqu'un, je peux mettre un système de commandes en place.
Je crois que c'est à peu près tout ce que j'avais à dire. Je vous souhaite une bonne journée, un bon weekend, et je vous dis à la semaine prochaine !
VOUS LISEZ
No escape
FanfictionHoseok est parti. Il a quitté l'appartement voisin à celui de Yoongi depuis cinq ans. Mais il vient tout juste de revenir. Cinq ans qu'ils ne se sont pas vus, cinq ans qu'ils ne se sont pas parlé. Cinq ans, et maintenant, les secrets sont sur le poi...