Cinquième chapitre : Hoseok

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Je sais qu'il est rentré. D'abord, madame Pyo me l'a dit. Et je l'ai entendu. Hier soir. Son chat a fait un boucan pas possible pendant un moment. J'avais envie d'aller le voir, de lui parler, de lui dire ce que je savais. Mais je n'en ai pas eu la force. Comment revenir après cinq ans ? Nous sommes des étrangers, maintenant. Sachant que je l'ai vu entre la vie et la mort, c'est assez particulier. Alors je vais vivre normalement, sortir quand j'en ai besoin, et prier pour ne pas le rencontrer. Si ça doit se faire, alors tant pis. Au pire, nous nous ne adresserons pas la parole, au mieux, qui sait.

Alors que je suis en train de travailler pour une prochaine vidéo, une voix me sort de ma concentration. C'est une voix que je ne connais pas, et elle est juste à la porte de Yoongi. Le désavantage avec le manque d'isolation, c'est que j'entends beaucoup les bruits. Je ne comprends pas ce qui est dit, mais le ton a l'air assez agressif. Je fronce les sourcils quand j'entends encore le chat puis un bruit sourd. Puis la voix de Yoongi. Je pose ce que j'étais en train d'étudier et je me relève. Je m'approche doucement de ma porte pour écouter. J'entends tout assez bien maintenant, et je comprends que Yoongi se fait insulter.

- Tu dois être vraiment laid avec ça. Ca doit faire mal, non ? Il faut dire que je n'ai pas fait très attention à faire ça proprement. Tu aurais dû y rester, salope. Je ne referai pas la même erreur deux fois. Je vais te baiser comme la chienne que tu es et je vais t'achever. De toute façon, tu ne demandes que ça, mourir, n'est-ce pas ? Tu ne mérites pas de vivre, tu n'es qu'un monstre.

Mon sang se glace dans mes veines. C'est son agresseur. Il est revenu. Et cette fois, il n'a pas l'intention de le laisser vivant. La panique commence à s'emparer de moi et mes yeux cherchent une aide dans ce qui m'entoure. Je dois intervenir, mais je ne sais pas comment. Je ne suis pas violent, je ne sais pas me défendre. Je ne peux pas le menacer avec un couteau, il pourrait nous blesser avec. Je dois trouver une solution. Alors que les pleurs de Yoongi me parviennent, je trouve enfin la solution. Elle vaut ce qu'elle vaut, mais c'est tout ce que j'ai. Je me jette sur mes accessoires de théâtre pour saisir une fausse arme à feu. Il y a bien longtemps que je ne l'ai pas serrée entre mes doigts. Je souffle un coup et sursaute quand j'entends des hurlements de l'autre côté. D'abord l'homme, puis Yoongi. C'est ce deuxième cri qui me pousse à m'élancer en-dehors de mon appartement. Par chance, cette pourriture a laissé la porte ouverte et je n'ai aucune difficulté à entrer. Ce que je vois est affreux. Ils sont tous les deux agenouillés et il tire les cheveux de Yoongi, à sa merci. Il se débat, mais ça n'a pas l'air de fonctionner beaucoup. Sans réfléchir, je pose le canon de l'arme sur son crâne et je déglutis avant de parler.

- Je te conseille de le lâcher tout de suite si tu ne veux pas que je repeigne son salon avec ta cervelle d'enfoiré.

Je ne sais pas comment j'ai fait, mais j'ai réussi à faire en sorte que ma voix ne tremble pas. Il lui faut quelques secondes pour comprendre et exécuter ce que je lui demande. Je presse un peu plus l'arme contre sa peau quand il consent enfin à lâcher sa prise. Je me fais violence pour ne pas bouger quand Yoongi chute et se recroqueville sur lui-même. J'ai envie de l'aider, de le rassurer, mais je dois garder le pouvoir sur son agresseur. Je raffermis ma prise avec les deux mains.

- Relève-toi. Finis-je par ordonner. Tes deux mains dans la nuque, et au moindre geste brusque je te jure que je te tire dessus.

Il hésite un instant avant de le faire. Je jette un oeil à Yoongi, toujours à terre, en train de pleurer. J'attends un long moment, plusieurs minutes sans doute. Il se calme très légèrement et je ne l'entends plus que sangloter. Je vois que l'homme commence à s'impatienter alors j'enfonce encore plus le canon sur sa tête.

- Yoongi ? J'aimerais que tu m'aides s'il te plaît.

Ma voix est douce mais ferme en même temps. S'il ne bouge pas, on ne risque pas de se sortir de cette situation. Il arrête tout bruit, tout mouvement, avant de se redresser très lentement. Il s'asseoit sur le sol et je le fixe. Son cou est dégagé et je ne peux que voir cette énorme cicatrice avec horreur. Ainsi donc, voilà l'oeuvre de cet enfoiré. Elle n'est pas belle, mais je ne peux empêcher mon coeur de battre à tout rompre en voyant Yoongi. Je l'ai toujours aimé. Je n'ai jamais cessé. Même encore aujourd'hui, même après tout ce qu'il m'a fait, mon coeur bat pour lui. Même après cinq ans sans le voir. Même si la terre entière s'est trouvée entre nous, je l'aime encore. Je soupire légèrement et il me regarde, perdu. Je constate qu'il saigne à l'arcade et que ses vêtements sont déchirés. Il faudra que je m'occupe de ça aussi.

No escapeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant