J'ai affreusement mal. J'ouvre les yeux mais je ne vois pas bien dans un premier temps. J'essaie de cligner des yeux, de ne pas paniquer. Je sens rapidement une présence auprès de moi. J'entends une voix lointaine, je sens des mains se poser sur moi. Il faut encore quelques minutes pour que mon esprit se raccorde à mon corps et je prends enfin conscience de ce qui m'entoure. Je suis dans une chambre d'hôpital et une infirmière est en train de m'examiner. Rapidement, un médecin arrive. Je ne le connais pas, celui-là. Pourtant, j'en ai fait, des séjours dans les hôpitaux de la ville. Il m'explique que je suis ici depuis un peu moins d'un mois, qu'on m'a agressé mais que je vais bien maintenant. Il me demande quels sont mes souvenirs et j'essaie de me concentrer. Après un court effort de réflexion, tout me revient en tête. Je sais ce que j'ai subi, mais c'est comme si ce n'était pas moi. Je me souviens avoir tenté par tous les moyens de me convaincre que ce n'était pas moi, que c'était quelqu'un d'autre et que je n'étais que spectateur. Maintenant, je dois avouer que c'était bien moi et que mon corps est en très mauvais état. J'ai failli mourir. Bordel, mais pourquoi je risque ma vie comme ça ?
Après mon réveil, d'autres choses se sont enchaînées. On a pris ma déposition mais je n'ai pas pu les aider beaucoup. Je ne sais pas comment s'appelle mon agresseur, et le numéro qu'il utilisait pour me contacter était une carte pré-payée. Il n'y a aucun témoin, rien. Et je ne veux pas porter plainte. Je ne veux pas témoigner, je n'ai pas la force pour ça. J'ai peur qu'il revienne terminer le travail pour me punir d'avoir voulu le faire enfermer. Avant de quitter l'hôpital, j'ai appris qu'ils avaient contacté mon numéro d'urgence, ce que je leur avais toujours interdit. Hoseok est donc venu. Hoseok m'a vu dans cet état. Hoseok sait ce que cet homme m'a fait subir. Hoseok m'a veillé toute la nuit puis il est reparti. Il n'est jamais revenu. Je me sens encore plus sale, je ne veux pas qu'il sache ce que j'ai fait. Je dois le dégoûter, de toute façon. J'espère que pendant mon hospitalisation, il a changé d'appartement. Je ne veux pas le croiser, je ne veux pas lui parler, je ne veux rien de lui. Je lui ai fait trop de mal. Quant à ma famille, elle a été prévenue mais ils ne se sont pas déplacés. Heureusement, j'aurais encore plus honte. Il y a bien longtemps que j'ai coupé tout contact avec eux et que je leur ai fait comprendre que je ne voulais plus rien d'eux.
Près d'un mois et demi après mon agression, je sors enfin de l'hôpital. Les médecins voulaient me garder encore un peu mais je ne voulais pas rester. Pour faire quoi ? Je vais bien. Je respire presque normalement même si j'ai toujours mal. Il me reste des pansements, des cicatrices, des douleurs. Mais je vais bien. Je retourne chez moi et on en parle plus. Je veux rester seul, je veux être chez moi et profiter de la présence de mon chat. Lui, il est le seul à ne pas me juger. Dès mon réveil, j'ai pensé à lui et j'ai appelé madame Pyo pour savoir si elle s'en était occupé. Au bout d'un mois, c'était un peu tard. Mais par chance, elle a su que j'étais de nouveau à l'hôpital et elle a pris soin de lui. Je vais pouvoir le retrouver et prendre le relais. Il est le seul à me tenir encore en vie, le seul être à qui je me raccroche. Ce n'est qu'un chat, mais j'estime que je n'ai pas droit à mieux. Quand je passe la porte de mon appartement, je l'entends se précipiter dans l'entrée en miaulant. Il a toujours fait ça. Je me baisse avec peine pour le caresser.
- Hey, content de te revoir aussi, Hope. Mais dis-donc, tu n'aurais pas pris du poids pendant mon absence ? Il va falloir que je dise à madame Pyo de moins te nourrir !
Je souris en le prenant dans mes bras. Le vétérinaire m'a dit, une fois, que c'était une femelle. Mais comme j'ai toujours pensé que c'était un mâle, je fais comme si c'en était un. Mais je sais bien, au fond de moi, que c'est une femelle. Son nom lui va encore mieux de cette façon. Après mon retour, je m'échoue dans mon canapé, devant la télévision. Je tripote mon portable avant de me décider à le déverrouiller. J'ai reçu beaucoup d'appels et de messages pendant mon absence. Je n'y ai pas encore répondu. Et je viens encore de recevoir un message. D'insultes. Je soupire. J'y ai réfléchi, et je ne sais pas si j'ai la force de continuer à faire ça. J'ai besoin d'argent, je le sais, mais je ne suis pas prêt à risquer encore ma vie comme ça. J'ai failli mourir, merde. Même si c'est tout ce que je mérite, je ne veux pas abandonner la vie. Je dois continuer à vivre misérablement pour expier mes fautes. Je dois vivre vieux, malheureux, comme la merde que je suis. Je ne mérite pas une délivrance maintenant. Je soupire en jetant mon téléphone par terre. Demain, je vais sortir pour changer de numéro.
Et c'est ce que je fais. Malgré la température douce aujourd'hui, je porte une écharpe pour cacher ma cicatrice. Parfois, je me surprends à la regarder dans le miroir avec fascination. Je me trouve horrible avec elle. C'est tout ce que je méritais. Néanmoins, je ne veux pas choquer les gens qui m'entourent. Ça me fait chier de payer autant pour un nouveau numéro -et un nouveau téléphone, ils ont réussi à m'en revendre un- mais j'en ai besoin pour vivre en paix. Je ne sais pas encore comment je vais faire pour vivre, mais je ne peux plus faire ça. Je ne peux plus me prostituer. Il est temps de passer à autre chose. Je me dis que je dois chercher un autre boulot, un vrai boulot, légal. Même s'il me fait gagner une misère, je ne risquerai plus ma vie. En passant devant un fast-food qui cherche un cuisinier sans compétence particulière, je me promets de revenir le lendemain avec un CV et une lettre de motivation. Ce n'est pas très loin de chez moi et ces rues ne sont pas beaucoup fréquentées. Ça sera parfait pour moi.
Après tout ça, je rentre chez moi en soupirant. Je ne pensais pas que mon retour à la réalité serait aussi violent mais en même temps aussi vide. Vingt-quatre heures que je suis chez moi et j'ai rien fait autant que j'en ai fait beaucoup. Je ne suis toujours pas sûr de mes décisions, je risque de le regretter. Mais si je continue, je vais aussi le regretter. Quelque part, cette agression était là pour me faire vivre un tournant. Alors que je suis en train de regarder la télévision tout en câlinant Hope, on frappe à ma porte. C'est sûrement madame Pyo qui vient prendre de mes nouvelles, ça lui arrive souvent lorsque je rentre de l'hôpital. Heureusement pour moi, elle ne sait pas que c'était une agression et ne peut pas me juger. Je glisse mon foulard autour de mon cou et me force à sourire pour ne pas l'inquiéter. Mon coeur rate un battement quand je me rends compte que ce n'est pas elle et que j'ai ouvert la porte alors que je n'aurais pas dû. J'aurais presque préféré que ce soit Hoseok.
- On m'a pas menti, tu es encore vivante, sale pute.
Il me pousse, menaçant. Je suis paralysé, incapable de me défendre, comme la dernière fois. Du coin de l'oeil, j'aperçois le chat qui fuit dans ma chambre en feulant. Mes yeux se braquent sur lui. Il n'a pas bu, cette fois. Il a l'air d'être tellement en colère. Pris d'un élan de courage, je me redresse un peu pour lui faire face.
- Sors de chez moi si tu ne veux pas avoir d'ennuis.
- Pardon ? Tu crois vraiment pouvoir me menacer, pauvre merde ? T'es tellement misérable que t'as même pas osé porter plainte contre moi, je me trompe ? Cette fois encore, tu n'oseras rien faire. Tu as bien trop peur. Tu n'es rien, tu comprends ?
Je secoue la tête, sentant les larmes monter. Alors, une première fois n'a pas suffit ? Il faut qu'il revienne terminer le travail ? Je ne le laisserai pas faire. Je ne peux pas. Il me pousse et je tombe au sol. Je geins à cause de la douleur et il se jette sur moi pour m'empêcher de me relever. Je sens sa main défaire mon foulard.
- Tu dois être vraiment laid avec ça. Ça doit faire mal, non ? Il faut dire que je n'ai pas fait très attention à faire ça proprement. Tu aurais dû y rester, salope. Je ne referai pas la même erreur deux fois. Je vais te baiser comme la chienne que tu es et je vais t'achever. De toute façon, tu ne demandes que ça, mourir, n'est-ce pas ? Tu ne mérites pas de vivre, tu n'es qu'un monstre.
Il grogne en frôlant ma cicatrice du bout des doigts. Je pleure encore, ça me fait mal. Je ne veux pas me laisser faire mais je n'arrive pas à bouger. Je le sens se presser contre moi, me voir faible lui fait de l'effet. Il attrape mon pull et tire dessus, le déchirant en partie mais ne parvenant pas à me le retirer. De mauvaise humeur à cause de ça, il s'en prend à mon pantalon et je me tortille sous la douleur qu'il réveille en moi. Puis je réagis enfin. Sans que je ne me contrôle, ma jambe part toute seule pour lui asséner un coup dans les parties. Il hurle de douleur et ça me permet de le repousser pour me relever. Mais je n'ai pas le temps de m'éloigner qu'il se redresse et m'attrape par les cheveux. Je hurle à mon tour et je tente de me débattre. Tous les mouvements se figent quand j'entends une autre voix intervenir.
- Je te conseille de le lâcher tout de suite si tu ne veux pas que je repeigne son salon avec ta cervelle d'enfoiré.
Je geins encore quand ses doigts lâchent mes cheveux et je me retrouve au sol. Je m'échoue par terre sans réagir. Quelques secondes après, je suis roulé en boule en train de pleurer. C'est Hoseok, c'est ça ? C'est sa voix que j'ai entendu ?
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No escape
FanfictionHoseok est parti. Il a quitté l'appartement voisin à celui de Yoongi depuis cinq ans. Mais il vient tout juste de revenir. Cinq ans qu'ils ne se sont pas vus, cinq ans qu'ils ne se sont pas parlé. Cinq ans, et maintenant, les secrets sont sur le poi...