Frayeur en forêt

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Link leva sa lanterne pour lire sa carte pour la 3e fois, mais rien à faire : il n’arrivait pas à savoir sur quel sentier il s’était égaré. Il soupira et regarda autour de lui. Rien que des arbres et des fourrés épais. Il ne distinguait qu’à peine le ciel nocturne derrière les hautes branches. Le sous-bois était plongé dans une telle obscurité qu’il voyait à peine à quelques mètres, même avec l’aide de sa lanterne. Il se décida à faire demi-tour, espérant retomber sur le bon chemin, celui qui le ramènerait à Cocorico.
Link n’était pas du genre à craindre le noir, ni même les horribles **Skulltullas**, mais cette nuit, il régnait une étrange atmosphère en Hyrule. Des langues de brouillard léchaient ses bottes, rampant au sol comme des serpents, recouvrant tout le sol, lui donnant l’impression d’être perdu sur une mer blanche et irréelle. Il n’aurait pas été étonné si un Stalfos s’était relevé subitement des brumes pour l’attaquer.
Les arbres finirent par s’écarter et le petit sentier mal entretenu le mena à une clairière qu’il n’avait pas repéré sur sa carte. La pleine lune, haute dans le ciel, éclairait les lieux que Link trouva plus que sinistres. Devant lui se tenait une vieille masure toute brinquebalante, à la limite de l’écroulement. Là, posée au milieu de ce brouillard rampant, elle avait tout l’air d’une maison hantée. Des hululements résonnèrent soudain, faisant sursauter notre héros qui dégaina son épée par réflexe.
- Mais qu’est-ce qui te prend, Link ? Ce n’est pas un Effroi, c’est une simple chouette, fit-il dans un rire nerveux, rangeant sa lame au fourreau.
Link se décida à avancer. Il passa une vieille barrière effondrée, sur laquelle subsistait une antique boite aux lettres au nom de Morcégo. Des formes étranges sortaient du brouillard, au niveau du sol. Il déglutit, mal à l’aise. Etait-il en train d’évoluer au milieu d’un cimetière ? Aussi près d’une maison, ce serait curieux, mais peut-être était-il tombé sur le tombeau d’une ancienne famille oubliée ? Il buta contre quelque chose et manqua de tomber, retenant tout juste un cri. Malheureusement, sa lanterne, elle, finit par terre pour se briser. Il jura, soulagé que la pleine lune éclaire suffisamment les lieux, mais il n’était pas rassuré pour autant. Il regarda ce que son pied avait percuté. Ce n’était pas un crâne, mais une vieille citrouille ! Le jeune homme rit encore une fois nerveusement et reprit la marche. Il avait la désagréable sensation d’être observé. Il avait beau regarder autour de lui, il n’y avait personne, mais il sentait des yeux peser sur lui et cela lui colla des frissons dans le dos. Sans s’en rendre compte, il avait dégainé à nouveau son épée, ses doigts serrés sur la poignée comme si sa vie en dépendait.
Un battement d’ailes le fit se retourner brusquement. Il observa le ciel, mais ne vit aucune chauve-souris. Pourtant, il y avait quelque chose, là, dans la maison en ruines. Il se rapprocha lentement, pas après pas, les yeux plissés pour essayer de distinguer ce qui pouvait bien se cacher dans le noir. Le battement d’ailes reprit. Link connaissait plusieurs monstres ailés, lequel pouvait donc se cacher dans cette bâtisse ? Quelle créature démoniaque allait donc sortir de l’obscurité pour se jeter sur lui ?
Il fit un pas sur le perron et la marche vermoulue craqua sinistrement. Le bruit sembla se répercuter dans toutes les planches pourries de la maison. Link retint son souffle et brandit son épée devant lui. Soudain, il y eut du mouvement. Une chose ailée surgit des profondeurs de la maison dans un cri horrible, le prenant par surprise. Link tomba à la renverse et atterrit brutalement sur le dos, le souffle coupé par le choc. La créature lui passa dessus et il se retrouva empêtré dans un tas de bandelettes sentant le moisi. Pire encore : des asticots bien gélatineux se tortillèrent sur sa figure ! Cette fois, Link ne put retenir un cri. La panique le saisit. Il se débattit de son mieux pour repousser l’affreux linceul de la momie ailée, roula sur le sol et se releva de son mieux. D’abord à quatre pattes, il s’éloigna de ce monstre le plus possible. Derrière lui, la momie ailée poussait ses cris perçants, semblant vouloir le poursuivre pour lui jeter une terrible malédiction. Elle continua jusqu’à ce qu’il entre à nouveau dans la forêt, courant droit devant lui sans un regard en arrière.
La momie regarda ce grand dadais courir à toutes jambes et disparaitre, la tête légèrement de côté. Elle gratta le sol de ses petites pattes, battit une dernière fois des ailes et, de son bec, ôta la dernière bandelette dans laquelle elle s’était empêtrée par mégarde. Elle s’ébroua, faisant gonfler ses jolies plumes blanches, et se dirigea jusqu’au grand chaudron renversé dans lequel elle avait son nid. Foi de cocotte, jamais elle n’aurait cru faire peur à un humain !

By Nesumii

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