-Alors voilà. Je te laisse remonter à la surface mais à seulement deux conditions. Là, je ne te demande que des compensations pour ma « fabrication ». Enfin bref! A la surface, tu auras jusqu'à la fin de l'été pour amener un humain à t'aimer. Si un humain t'offre son cœur avant cette échéance, je te rendrais les compensations que je te demande. Et je t'offrirais la liberté définitive là-haut. Tu pourras y respirer aussi simplement que sous l'eau, tu n'auras plus à craindre de suffoquer loin de l'océan. N'est ce pas fantastique?
Sous son sourire, moi aussi, j'aurais presque trouvé cela super.
-Mais si tu échoues...
C'est amusant, mais j'étais certaine qu'il y avait un « mais ». Il y a toujours un « mais » lors de ce genre d'échange. Et en général, cela n'annonce rien de bon...
-Dans ce cas, ta liberté m'appartiendra. Tu devras me servir tout comme Liam et Amanda. Avec autant de fidélité et de volonté qu'eux. Tu ne pourras plus t'enfuir nulle part.
J'avais l'impression qu'elle jubilait. Comme si elle venait enfin de mettre la main sur quelque chose d'inattendu. C'était vraiment effrayant. Étais-je un si gros lot?
-Je te préviens tout de suite. Une fois ce contrat passé, tu ne pourras plus le rompre. Tu auras toujours une dette envers moi jusqu'à ce que le temps se soit écoulé.
A cette évocation du temps, le fait qu'elle souhaitait que je charme un humain me revint de plein fouet tel un courant en pleine figure. Je crachotais un peu d'eau ayant avalé de travers.
-Vous.. Voulez que je séduise un humain?
Elle me fixa avec intensité. Je me sentais soudain toute petite, seule, inoffensive et idiote aussi.
-Bien sur que c'est ce que je veux! Quelle question!
Elle releva mon menton pour que nous nous retrouvions vraiment face à face.
-Ma deuxième compensation réside dans le fait qu'une fois que je t'aurais demandé ces mots, tu ne pourras plus les prononcer. A moins de ne vouloir te retrouver directement à mon service.
Je tressaillis à cette évocation. J'avais eu l'impression d'être prisonnière du palais toute ma vie. Et maintenant que je pouvais enfin marcher à la surface (même malgré ces circonstances), je pouvais à tout moment perdre ma liberté pour le profit de cette sorcière. J'avais presque l'impression de me faire arnaquer... Ne me laissant pas le temps de peser le pour et le contre plus longtemps, elle relâcha mon menton et continua.
-Une fois que tu auras quitté cette grotte, tu ne pourra plus révéler ta vrai nature. Tu ne pourras jamais dire que tu es une sirène à la surface. Tu ne pourras pas non plus révéler tes sentiments à un humain. Si jamais tu tombais amoureuse à la surface, tu ne pourrais jamais lui dire que tu l'aimes. Jamais. A la moindre dérogation à ces deux restrictions de ton langage, tu reviendrais ici aussi rapidement qu'une bulle de savon éclate.
Je déglutis encore. Le fait qu'elle évoque la possibilité que je tombe amoureuse me mettait mal à l'aise. Comme si tout mon corps sentait que je n'y échapperais pas alors que ma raison soutenait le contraire, alors que l'ensemble des enjeux qu'elle exposait m'échapper encore. L'amour était bien la chose que je redoutais le plus à la surface. Si cela paraissait inoffensif dans l'océan, cela était mille fois plus dangereux là-haut.
Si une sirène aime un humain sans que cela soit réciproque, si le cœur dudit humain en choisit une autre alors... nous nous transformons en écume.
-Je veillerais à ce que cela ne t'arrive pas. Bien que tu devras forcément avoir des sentiments pour celui qui te livrera son cœur.
Ses paroles me firent sursauter. Je m'étais laissée entrainer et n'avais plus fait attention à ce qui se passait autours de moi. J'avais été happée par mes pensées sombres et peurs. Pourtant le son de sa voix m'avait plus que tiré de mes rêveries. Sa voix était calme mais contrairement à tout à l'heure, elle avait perdu toute chaleur et familiarité en disant cela. Son regard était triste, blessé et empli d'autres sentiments beaucoup plus obscures et mauvais. L'idée que c'était l'amour qui l'avait fait devenir ce qu'elle était aujourd'hui m'ébranla. On ne change pas sans raison, on ne bascule pas pour rien.
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Blue Océan: Sous l'océan:
RomantikJ'ai toujours pensé que j'étais libre. J'aimais toujours penser que je n'avais pour règles à braver que celles de mon père. Je ne craignais rien. Je ne craignais personne. Je n'avais pas peur dans mon monde. Pourtant, je n'aspirais qu'à une chose: d...