Je me tenais à nouveau dans l'ombre des rideaux pourpres, tenant sur des jambes un peu plus stables que dans la matinée. J'avais l'impression que la scène se répétait, pourtant j'étais plus calme. Je ne me sentais pas plus apaisée, simplement moins nerveuse. Je savais ce qui m'attendait. Je savais aussi que les questions retomberaient puisque j'avais refusé d'y répondre. Ray m'avait soulagé d'un poids même si je savais que ça ne durerait pas. J'avais fait un choix à la surface même si je ne me rendais pas encore totalement compte de sa portée. Je tournais en rond dans le corridor. Je n'étais pas stressée...
Pas du tout...
Je me forçais à respirer calmement. Il était bientôt l'heure. Le Conseil m'avait libéré dans la matinée puisque je m'obstinais au silence. Il m'avait laissé plusieurs heures recluse dans ma chambre. Seule, sans doute dans l'espoir que l'isolement me délierait la langue. Manque de chance pour eux, je m'y refusais. S'ils apprenaient les faits, ce ne serait pas de ma bouche. Je refis le tour du couloir, de long en large. Le temps s'écoulait rapidement et ne me laissait pas de répit. Un claquement sec de coquillage résonna dans le couloir. Je n'attendis pas plus longtemps. Poussant un soupir, je franchis la porte.
Les regards se tournèrent à nouveau vers moi. Les murmures ne s'effacèrent qu'un moment avant de reprendre. Je ne savais pas si toutes les personnes qui étaient là ce matin étaient encore là ou s'ils avaient effectué un roulement avec d'autres sirènes. Quoi qu'il en soit les réactions étaient toujours les mêmes. De l'étonnement à l'affront. J'y prêtais beaucoup moins d'importance que quelques heures plutôt. Je franchis la distance qui me séparait de mon échafaud le plus rapidement possible, toujours avec la tête haute. J'avais revêtu mon air de défit et ne le quittais plus. Mes cheveux bleus étaient lâchés librement dans mon dos et s'agitaient au grès du courant. Je devais avoir l'air d'une sorcière venue lancer sa malédiction. Cette idée me plaisait et me fit sourire. Je me stoppais à nouveau devant la barre dorée. Je leur offris un visage effronté alors qu'un nouveau juge se tenait devant moi. L'ancien avait-il battu en retraite?
Je le cherchais du regard avant de le voir à l'autre bout de la salle. Ray était à côté de lui. Mon cœur se serra à cette vision. Qu'est ce que cela voulait dire? Il n'essaya même pas de croiser mon regard, gardant la tête obstinément baisséz. L'ancien me vit le fixer et me renvoya un sourire entendu. Une vague d'angoisse et de terreur monta en moi. Mon regard dévia sur l'homme qui se tenait devant moi et avait commencé à parler.
-Princesse Merryl Héléna Iléna Serenité, êtes-vous enfin prêtes à nous parler?
Je n'attendis pas une seconde avant de laisser échapper un ''Non'' vif. Mon opposant soupira. Il semblait lasse.
-Princesse, soyez raisonnable! Nous finirons par savoir ce qui s'est passé.
Je me tenais droite devant lui. Mes jambes avaient recommencé à trembler. Les battements de mon cœur s'étaient accélérés. L'homme, beaucoup plus jeune que son compère, me voyant encore me taire cru bon d'ajouter:
-Nous savons que votre ami, Ray, vous a rendu visite dans votre chambre. Il a déjà été interrogé.
-Vous avez fait quoi?
Je n'avais pas pu m'empêcher de le couper. J'étais hargneuse. La colère bouillonnait dans mes veines. Je serrais les dents et mes poings s'étaient refermés avec violence sur les barreaux dorés. Ils avaient osé s'en prendre à Ray! Ils avaient franchis la limite me concernant... et je n'avais pas l'intention de leur pardonner. Le sang pulsait violemment dans mes veines. Je l'avais agressé verbalement. J'avais parlé bien trop vivement pour que cela ne se remarque pas. J'entendis les spectateurs de mon drame s'agiter dans mon dos.
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Blue Océan: Sous l'océan:
RomanceJ'ai toujours pensé que j'étais libre. J'aimais toujours penser que je n'avais pour règles à braver que celles de mon père. Je ne craignais rien. Je ne craignais personne. Je n'avais pas peur dans mon monde. Pourtant, je n'aspirais qu'à une chose: d...