Blue Océan: Sous l'océan:

Chapitre 8:

Chapitre 8:

        Ma tête reposait sur un objet à la fois doux et moelleux. Tout mon corps me semblait lourd et douloureux me rappelant une sensation bien trop connue. Ma bouche était pâteuse et conservait un goût iodé. Mes mains tâtaient un tissu doux et fin. Une agréable odeur parfumée m'entourait, me surprenant de toute part. Je gigotais doucement. J'étais au chaud, au calme comme dans un cocon. Rien ne venait agresser mes sens. Rien ne me forçait à regagner la réalité. Sauf la douce luminosité qui frappait de plus en plus mes paupières, me réchauffant la peau. Une sensation que je reconnue immédiatement pour ne l'avoir ressentit qu'une seule et unique fois, sur une plage.

A cette simple évocation, j'ouvris brusquement les yeux me redressant, incapable de me souvenir de quoi que ce soit. La lumière me brula les yeux alors que j'y plaquais mes deux paumes. J'avais une impression de vertige. Une sensation étrange. Parfaitement réveillée et privée de la vue, mes autres sens s'affinèrent. Des bruits inconnus et bizarres me parvenaient. Des roulements, des grognements tels ceux de monstres millénaires, des voix étouffées proches et d'autres rieuses éloignées, des cris et beaucoup, beaucoup plus loin comme à travers un écran opaque, le rugissement des vagues. Mes paupières se soulevèrent d'elles-mêmes alors que je cherchais l'océan du regard. Mes yeux ne rencontrèrent que des murs blancs de toute part. Je resserrais mes bras autours de moi soudain craintive. Je ne savais pas où j'étais, ni ce que j'y faisais. Baissant les yeux, je découvris que je n'étais couverte que d'étranges tissus blancs. Les tissus glissaient sur ma peau en une nouvelle sensation. J'avais toujours vécu dans l'eau, j'étais habituée à son contact, à l'humeur changeante de ses courants. Je n'avais jamais pensé que je puisse percevoir un jour autre chose autours de moi.

Ici, tout était différent. L'air emplissait la petite pièce de même qu'une lumière éblouissante passant à travers de grandes plaques de verre dans mon dos. Je n'étais définitivement pas chez moi. Les différents sons ne s'étaient toujours pas tus. Bien que la pièce soit silencieuse et que je sois seule, tout ici vibrait de vie. Je reposais sur une sorte de matelas différent de chez moi et ma tête avait reposé sur des mini-boules du même genre. Rien ne recouvrait les murs blanc, rien ne venait trancher avec la sérénité et le vide qui se dégageaient de cette chambre. Une armoire et un bureau en bois reposaient dans coin. Alors que de l'autre coté, il n'y avait que ces grandes parois transparentes. Mes yeux se perdirent rapidement dans la contemplation de ce qu'il y avait de l'autre coté. Une autre façade claire, un ciel bleu plus haut, des touches de verts se baladant sans que je ne puisse y mettre un nom. Et toujours le murmure de la mer...

Je pouvais l'entendre toute proche mais j'avais du mal à percevoir sa surface. Elle était là, je le savais. Je le sentais. Avant même que je n'ai pu y réfléchir, j'avais déjà basculé mes jambes dans le vide. La seconde qui suivait, je m'élançais vers ces vitres. Je sentis une surface froide et dure sous la plante de mes pieds et immédiatement après, une douleur fulgurante. Je venais juste de m'appuyer sur mes jambes, j'avais juste tenté de faire un pas. Et la malédiction de la sorcière s'était manifestée. Je tombais lourdement, mon corps heurtant violemment le sol dans un bruit sourd. Le choc se répercuta dans l'ensemble de mes membres. Je mordis ma lèvre inconsciemment. La douleur pulsait comme un venin sous ma peau. La description de la sorcière était assez précise et pourtant vague. Tester la réalité était beaucoup plus douloureux que je ne l'avais présagé. Alors que je sentais le goût du sang dans ma bouche, des lames semblaient réellement s'enfoncer dans ma peau. Je sentais leurs tranchants glacés jusque dans mes os, les piqûres profondes et incessantes de l'acier qui labouraient ma chaire. Un cri manqua de m'échapper tandis que la porte s'ouvrait. A travers ma vue brouillée, je ne vis que deux silhouettes avant de m'évanouir.