Valser ailleurs

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(Tick, tick, tick, tick on the watch,

And life's too short for me to stop)

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Tina avait appris ses premiers pas de danse à l'âge de cinq ans. Gazouillant, la petite avait mis ses mains dans celle de sa mère, et elle rigolait, elle rigolait tandis qu'elle s'appliquait à fléchir les genoux et à balancer son poids d'une jambe à l'autre. Maman aussi avait un visage radieux, et elle riait, elle riait lorsque la petite écartait les bras et tentait de suivre les soubresauts du jazz tourmenté. L'enfant aimait la musique, la litanie des pianos extatiques, la folie des saxophones frénétiques, la douceur des tambours mélancoliques. Et plus particulièrement, elle aimait danser sur la mélodie, fermant les yeux et laissant son corps la guider totalement. Mais plus encore, elle adorait mettre sa tête toute entière dans le vieux phonographe moldu, tandis que le swing résonnait. Elle ne comprenait pas grand-chose aux quelques paroles qui suivaient le quatrain de l'instrument, mais elle aimait, et les yeux de maman scintillaient de multiples lumières ; et à cet âge-là, c'était la seule chose qui comptait réellement.

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Queenie n'avait pas cessé de pleurer depuis le départ des aurors, et rien ne pouvait se mettre en travers de son chagrin. Il n'y avait pas un seul son dans la maison. Pas de claquements enjoués de talon sur le parquet du salon tandis que maman dansait la charleston, ni les éclats de rire de papa tandis qu'il la regardait valser. Rien. Pas même le moindre bruit susceptible de rendre le sourire aux petites filles. Elles étaient seules, à présent, et forcée à assumer des choses qui la dépassaient, Tina se sentait désemparée. Elle avait envie de pleurer, mais les larmes ne coulaient pas. Résignée, elle se fit la réflexion que Queenie pleurait pour elle, mais elle ne pouvait s'empêcher de ressentir un étrange sentiment face à cette constatation.

Dans le noir, Tina resta des heures à regarder le vide. Mais soudainement, un détail simple attira son regard morne, et elle tourna rapidement la tête. Rien n'avait changé depuis que papa et maman étaient morts, ni les meubles, ni les mœurs, ni les pleurs. Pourtant, au milieu du salon, il y avait toujours l'appareil abimé, le gramophone sur lequel elle avait appris à danser, et elle était presque étonnée de le voir ici. Elle avait complètement oublié sa présence, et retrouver un objet familier dans un endroit où elle ne se sentait plus vraiment elle-même lui apporta un peu de réconfort. Mieux encore, elle eut même l'impression d'entrevoir une petite étincelle dans l'obscurité.

Le vinyle était encore en place sur l'appareil, et soudain, après la pression de ses doigts délicats sur le bouton, la musique combla le silence et les lamentations de Queenie s'arrêtèrent instantanément. La petite blonde mit quelques minutes pour rejoindre sa sœur dans le salon, et elle l'observa un instant, désemparée, le visage défait. Tina avait plongé sa tête dans le gramophone, et même si elle ne souriait pas, il y avait quelque chose de différent chez elle.

Les quelques notes de musiques bifurquèrent vers un rythme un peu plus dynamique, plus spectaculaire, et la brune ôta sa tête de l'appareil pour se retourner vers sa sœur. Elle lui fit un petit sourire, un simple sourire qui se voulait réconfortant.

« Danse avec moi, Queenie. Allez, danse avec moi ! »

Et tandis que la nuit défilait, les deux enfants dansaient la charleston, car bouger leurs corps et s'effacer au profit de la musique comblait l'immense trou de leurs poitrines.

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La première chose qu'elle fut capable de faire lorsqu'elle posa les yeux sur la silhouette dans le papier journal, fut de distinguer les différences entre les deux femmes. Leta avait la peau hâlé, un joli caramel que l'on pouvait aisément deviner même derrière les traits grisés du papier mouvementé. Tina, elle, n'avait qu'un teint de porcelaine, une peau presque translucide, qui lui donnait parfois un air de malade. La première avait de long cheveux bouclés, cascadant joliment jusqu'au bas de ses reins, seyant parfaitement avec son air princier et son sourire séduisant. La deuxième s'embêtait avec un rideau de cheveux lisse, retombant mollement sur ses épaules fatigués, aussi ternes que les poches vainement camouflées sous ses yeux. D'ailleurs, encore un détail à observer. Lestrange possédait des grands yeux brillants, enjolivés par un maquillage simple et l'air gai peint sur son visage. Goldstein devait se contenter de ses mirettes simplettes, d'une teinte noisette, dénué de cette lueur guillerette.

Fantastic Beast - Recueil d'OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant